Cet été, les projecteurs du Festival d’Avignon se braquent sur Taïwan. Pour la première fois, l’île est à l’honneur du Festival Off, la grande fête du théâtre qui rassemble près de 1500 spectacles dans la cité des Papes. Une opportunité unique de découvrir la vitalité des arts vivants taïwanais, portés par une nouvelle génération d’artistes audacieux et inventifs.
Taïwan débarque en force à Avignon
Pas moins de quatre compagnies taïwanaises ont été sélectionnées pour cette édition historique. Parmi elles, Eye Catching Circus, le premier cirque féminin d’Asie, qui entend bien éblouir le public avec ses prouesses acrobatiques. « On réalise notre rêve. Nous voulions aller au Festival d’Avignon avant d’atteindre nos 30 ans », s’enthousiasme Mei Chih-ling, la fondatrice de la troupe.
Les autres spectacles promettent tout autant de surprises et d’émotions, entre danse contemporaine, théâtre expérimental et performances inclassables. Une programmation éclectique qui reflète le bouillonnement créatif de la scène taïwanaise.
Une vitrine pour la culture taïwanaise
Au-delà du coup de projecteur sur les artistes, c’est toute la culture taïwanaise qui est célébrée. L’île, souvent méconnue en Occident, a pourtant une identité singulière forgée par son histoire mouvementée. Ancienne colonie japonaise puis chinoise, Taïwan a su préserver ses traditions tout en s’ouvrant aux influences extérieures.
En Asie, on est le seul pays à pouvoir parler de tout.
– Chang Tieh-chih, dramaturge taïwanais
Cette liberté d’expression est au cœur de la création taïwanaise. Contrairement à la Chine continentale, l’île jouit d’une grande liberté artistique, propice à l’expérimentation et à l’engagement. Les spectacles présentés à Avignon abordent ainsi des thèmes sociaux et politiques sensibles, comme les relations sino-taïwanaises ou la place des femmes.
Un tremplin vers l’international
Pour les artistes taïwanais, fouler les planches d’Avignon est une consécration. Le festival est un immense tremplin vers la reconnaissance internationale, comme l’explique le metteur en scène Hsu Yen-ling : « C’est la plus grande vitrine du théâtre au monde. Si le public accroche, cela peut lancer une tournée européenne. »
Mais au-delà des retombées pour leur carrière, les artistes voient surtout Avignon comme une chance de tisser des liens avec leurs homologues du monde entier. L’occasion de confronter leur vision et de nourrir leur travail au contact d’autres cultures.
Vers un nouveau dialogue culturel
En donnant carte blanche à Taïwan, le Festival d’Avignon ouvre un nouveau chapitre dans les échanges culturels entre l’Europe et l’Asie. Une passerelle artistique qui va bien au-delà du seul mois de juillet.
Car les connexions nouées pendant le festival ont vocation à s’inscrire dans la durée. Déjà, des projets de coproductions et de résidences croisées se mettent en place, promettant un dialogue fécond et durable entre les scènes taïwanaise et française.
Alors que Taïwan peine encore à exister sur la carte diplomatique, c’est par la culture que l’île affirme aujourd’hui son identité et son ouverture au monde. Et le message semble passer, si l’on en croit l’enthousiasme du public avignonnais, conquis par la vitalité des artistes taïwanais.
Une belle histoire qui ne fait que commencer, et qui ouvre de nouvelles perspectives pour la création contemporaine, par-delà les frontières et les clivages. Taïwan a assurément trouvé en Avignon un formidable porte-voix, et un tremplin vers la scène mondiale.