L’île de Taïwan est sous le choc. Vendredi dernier, quatre soldats taïwanais ont été arrêtés et inculpés pour espionnage au profit de la Chine, selon des sources judiciaires. Une affaire qui ébranle la sécurité nationale du pays et ravive les tensions avec le géant chinois.
Des militaires payés pour livrer des informations confidentielles
D’après l’enquête, les quatre hommes, alors en service actif dans l’armée taïwanaise, auraient utilisé leurs téléphones portables pour photographier des informations militaires sensibles. Ils auraient ensuite transmis ces clichés compromettants à des agents chinois entre 2022 et 2024.
Le bureau des procureurs de Taipei a révélé que les soldats félons auraient perçu entre 260 000 et 660 000 dollars taïwanais (entre 8000 et 20 000 dollars américains) en échange de leur trahison. Un pactole dont le montant variait selon le niveau de confidentialité des renseignements fournis.
Des sanctions tombent, l’armée réagit
Face à ce scandale, l’armée taïwanaise n’a pas tardé à sévir. Trois des soldats impliqués ont été purement et simplement limogés avant même l’ouverture d’une enquête en août dernier. Le quatrième a lui été suspendu à la même période.
Les quatre hommes risquent gros. Ils sont poursuivis pour corruption et violation de la loi sur la sécurité nationale. Les chefs d’accusation sont lourds : divulgation et livraison d’informations confidentielles ou d’enregistrements électromagnétiques à la Chine.
S’ils sont reconnus coupables, ils encourent jusqu’à sept ans de prison.
Dans un communiqué, le ministère taïwanais de la Défense a vivement condamné ces actes de trahison. Il a qualifié les quatre soldats de « traîtres sans foi ni loi » et a rappelé que « la campagne d’infiltration du Parti communiste chinois à l’encontre de Taïwan n’a jamais cessé ».
Taïwan, une cible privilégiée de l’espionnage chinois
Cette affaire n’est malheureusement pas isolée. Plusieurs scandales d’espionnage ont éclaboussé Taïwan ces derniers temps, sur fond de pression militaire et politique constante de la Chine.
En septembre dernier, un ancien instructeur de l’armée de l’air taïwanaise avait été condamné à 17 ans de réclusion pour avoir aidé l’ennemi et livré des secrets militaires à Pékin. Un coup dur pour la sécurité de l’île.
Car depuis 1949 et la prise de pouvoir des communistes en Chine continentale, Taïwan vit sous la menace. Pékin considère ce territoire comme une province rebelle vouée à revenir dans le giron de la mère patrie, par la force si nécessaire.
Le statu quo menacé
Officiellement, Taïwan reste la « République de Chine », par opposition à la « République populaire de Chine » qui règne sans partage sur le continent. Un statu quo de plus en plus précaire.
Le régime de Xi Jinping accuse la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen de vouloir couper les ponts et déclarer l’indépendance formelle de l’île, une ligne rouge pour Pékin. Taipei se défend en argumentant que la présidente refuse simplement de reconnaître le principe d’une Chine unique, qui nierait de fait la souveraineté taïwanaise.
Dans ce contexte de tensions extrêmes, la Chine n’hésite pas à utiliser l’arme de l’espionnage pour déstabiliser Taïwan et saper ses forces armées. A travers cette nouvelle affaire, c’est bien la vulnérabilité de la sécurité nationale taïwanaise qui est mise en lumière, une fois de plus.
