C’est un premier pas vers la guérison d’un système de santé en crise. Le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est félicité lundi d’avoir tenu l’une de ses promesses phares de campagne : réduire les interminables listes d’attente pour accéder aux soins dans le NHS, le système de santé public du pays. Un défi de taille alors que des millions de Britanniques peinent à obtenir des rendez-vous médicaux et des traitements, en particulier pour le cancer.
2,2 millions de rendez-vous supplémentaires en 5 mois
Arrivé au pouvoir en juillet dernier, le gouvernement travailliste s’est fixé un objectif ambitieux pour sa première année de mandat : offrir 2 millions de rendez-vous médicaux supplémentaires afin de réduire les délais d’attente. Un pari en passe d’être réussi puisque selon les chiffres du NHS England, entre juillet et novembre 2024, plus de 2,2 millions de créneaux ont été ajoutés par rapport à la même période en 2023. Des progrès notables pour la prise en charge des cancers avec davantage de chimiothérapies, radiothérapies, endoscopies et tests de diagnostic réalisés.
Bien sûr, l’année précédente avait été marquée par d’importantes grèves qui avaient perturbé l’activité. Mais Keir Starmer se félicite de cette « étape importante » qu’il voit comme « un coup de fouet » pour son plan de sauvetage du NHS. « Il ne s’agit pas seulement de chiffres. Il s’agit de patients atteints de cancer qui, pendant trop longtemps, se sont demandé quand ils allaient enfin recevoir le traitement qui leur sauverait la vie », a souligné le dirigeant travailliste. Tout en promettant d’aller « plus loin » et « plus vite » dans la réduction des listes d’attente.
Un système de santé dans un « état critique »
Car le chemin est encore long pour remettre sur pied cette institution chère aux Britanniques mais mal en point après des années de sous-investissement, de réorganisations inefficaces et la pandémie de Covid-19. En septembre dernier, un rapport commandé par le gouvernement dressait un constat alarmant, jugeant le NHS dans un « état critique ».
Résultat, en décembre, plus de 6,24 millions de personnes attendaient toujours un traitement, même si ce chiffre est en baisse pour le quatrième mois consécutif. Pour redresser la barre, Keir Starmer a promis « trois grands changements » :
- Le passage au numérique pour améliorer la productivité du système et des soignants
- Le développement des soins ambulatoires pour désengorger les hôpitaux
- Un accent mis sur la prévention
Le plan prévoit aussi de renforcer la coopération entre médecins généralistes et spécialistes. Des mesures qui s’accompagnent d’un effort budgétaire conséquent. Dans son budget de novembre, le gouvernement a ainsi dégagé 22,6 milliards de ressources supplémentaires sur 3 ans pour le NHS.
Vers la fin du calvaire des patients ?
Des signaux encourageants donc, mais il faudra plus que quelques mois pour soigner un système de santé à bout de souffle. Derrière les chiffres et les effets d’annonce, le quotidien de millions de Britanniques reste toujours un parcours du combattant pour accéder aux soins.
Je suis sur liste d’attente depuis 8 mois pour une opération du genou. On me fait espérer une date mais rien n’est sûr. En attendant, je vis avec la douleur.
– David, 62 ans, en attente d’une chirurgie
Les délais restent très longs dans certaines spécialités comme l’ophtalmologie ou l’orthopédie. Et les disparités géographiques demeurent criantes, avec des temps d’attente qui varient du simple au triple selon les régions. La pénurie de personnel, avec des dizaines de milliers de postes vacants, freine aussi les progrès.
Pour les patients comme pour les soignants épuisés, la route est encore longue avant un retour à la normale. Le gouvernement aura besoin de persévérance pour mener à bien la thérapie de choc promise. Mais pour la première fois depuis longtemps, une lueur d’espoir point à l’horizon du NHS.