Une vague d’euphorie a déferlé sur Gaziantep ce dimanche soir. Dans cette ville du sud-est de la Turquie, où vivent des centaines de milliers de réfugiés syriens, l’annonce de la chute du président Bachar al-Assad a déclenché des scènes de liesse. Klaxons, pétards, drapeaux syriens: l’exil a laissé place, l’espace d’une nuit, à l’ivresse de la liberté retrouvée.
Les réfugiés syriens rêvent de retrouver leur patrie
Pour les Syriens de Gaziantep, cette nouvelle tant attendue a un goût de victoire. Beaucoup ont fui leur pays pour échapper à la guerre civile et à la répression du régime Assad. Les années d’exil en Turquie ont été rythmées par la douleur d’avoir tout perdu et l’espoir tenace qu’un jour, la Syrie redeviendrait un havre de paix.
Si j’en avais l’occasion, je l’étranglerais de mes propres mains ! C’est lui, Assad, qui nous a forcés à l’exil. Mais il a pris la fuite en Russie.
Omer Hannas, jeune réfugié syrien de 19 ans
Malgré la colère qui gronde contre le dictateur déchu, les réfugiés syriens de Gaziantep préfèrent se tourner vers l’avenir. Beaucoup rêvent déjà de rentrer chez eux pour reconstruire leur pays meurtri. Mais si le désir de retrouver la patrie perdue est immense, la prudence reste de mise.
Un retour en Syrie encore incertain
Si certains comptent franchir la frontière dès que possible, d’autres préfèrent attendre que la situation en Syrie se stabilise. Les années de guerre ont laissé le pays exsangue et de nombreux défis attendent les nouveaux dirigeants.
D’ici un an on sera partis. Mes deux fils sont nés ici mais j’ai encore de la famille en Syrie que je voudrais revoir.
Abdel Karim Akhas, 28 ans, employé dans le bâtiment
Gaziantep, un refuge devenu une seconde patrie
Avec le temps, nombreux sont les réfugiés syriens qui se sont intégrés à Gaziantep. Ils y ont fondé des familles, lancé des entreprises, noué des amitiés. Quitter cette ville frontière, devenue leur havre de paix, n’est pas une décision facile.
La Turquie est devenue mon autre pays. J’ai commencé à me faire une vie ici, entamé des études. Partir ne sera pas simple.
Un étudiant syrien de 19 ans
Sur les deux millions d’habitants que compte Gaziantep, près d’un quart sont des réfugiés syriens. En quelques années, la ville s’est profondément transformée au contact de cette communauté soudée par l’exil et l’espoir d’un avenir meilleur.
Vers une nouvelle ère pour la Syrie ?
Si la liesse était de mise dimanche soir dans les rues de Gaziantep, les Syriens savent que la route vers la paix sera longue. La chute de Bachar al-Assad marque la fin d’une sombre période mais les défis de la reconstruction s’annoncent immenses.
On a souffert de la famille Assad pendant cinquante ans. Je veux remercier la Turquie de nous avoir accueilli mais la Syrie me manque terriblement.
Lamis, Syrienne quadragénaire originaire de Hama
Entre espoirs et incertitudes, les réfugiés syriens de Gaziantep se projettent avec émotion vers ce nouveau chapitre de l’Histoire. La Syrie aura besoin de toutes ses forces vives pour panser ses plaies et se réinventer. Une chose est sûre : l’exil a forgé, dans la douleur, une communauté unie et résiliente, déterminée à bâtir un avenir meilleur pour son pays.