En l’espace d’une semaine, les rebelles syriens menés par le groupe djihadiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTS) ont réussi une percée fulgurante dans le nord-ouest de la Syrie, s’emparant notamment de la ville d’Alep. Cette spectaculaire avancée met en lumière la grande fragilité du régime de Bachar el-Assad, déjà fortement affaibli par des années de guerre. Alors que les forces gouvernementales peinent à enrayer l’offensive, la crainte grandit de voir la Syrie s’enfoncer dans le chaos et la fragmentation, à l’image de la Libye post-Kadhafi.
Le spectre d’une « libanisation » de la Syrie
Selon Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, le pays risque « d’exploser en quelque chose qui ressemblera à la Libye », avec des zones contrôlées par différentes milices. La prise de la deuxième ville du pays, Alep, par les rebelles sonne comme un avertissement pour le régime. D’après une source proche du dossier, si la tendance se confirme, Bachar el-Assad pourrait perdre le contrôle de larges portions du territoire, laissant le champ libre aux groupes djihadistes.
Un régime en sursis face à la poussée djihadiste
Affaibli par des années de guerre, un effondrement économique et la perte de soutiens clés, le régime syrien donne des signes inquiétants de déliquescence. Son armée, en sous-effectif et démoralisée, semble incapable de contenir l’avancée des rebelles. Ces derniers, galvanisés par leurs succès et renforcés par l’afflux de combattants étrangers, pourraient bien porter le coup de grâce à un pouvoir aux abois.
Le risque d’émiettement de la Syrie n’a jamais été aussi grand. L’impuissance du régime face à l’offensive laisse présager du pire.
– Un diplomate occidental
Une fragmentation aux conséquences désastreuses
Si le régime venait à s’effondrer, la Syrie pourrait connaître le même destin que la Libye : un territoire morcelé, des institutions inexistantes, des milices se disputant les ressources. Ce scénario cauchemardesque aurait des répercussions majeures pour toute la région :
- Résurgence de groupes djihadistes
- Exode massif de réfugiés
- Déstabilisation des pays voisins
- Tensions communautaires exacerbées
Face à ce risque d’implosion, la communauté internationale semble impuissante. Les efforts diplomatiques pour trouver une issue politique s’enlisent. La Russie et l’Iran, principaux soutiens de Damas, seraient-ils prêts à lâcher Bachar el-Assad pour préserver leurs intérêts ? Rien n’est moins sûr.
Une issue incertaine
Alors que l’étau se resserre autour du régime syrien, les inconnues restent nombreuses. Les rebelles, malgré leurs succès, sont loin d’être unis. Des luttes de pouvoir pourraient rapidement émerger en cas de chute de Bachar el-Assad. Le chef d’HTS, Abou Mohammed al-Joulani, parviendra-t-il à fédérer autour de lui ou sera-t-il débordé par des factions plus radicales ?
Une chose est sûre : la Syrie est à la croisée des chemins. L’offensive rebelle en cours pourrait bien marquer un tournant décisif dans un conflit qui n’en finit pas de déchirer le pays. Mais à quel prix ? Le spectre d’un éclatement façon libyenne n’a jamais été aussi présent. Un scénario aux conséquences potentiellement dévastatrices qu’il faudra à tout prix tenter d’éviter, sous peine de voir la région s’embraser pour de longues années.