En Syrie, un vent de changement souffle. Après des décennies sous le joug oppressif du régime de Bachar al-Assad, le pays s’engage dans une nouvelle ère. Une décision historique vient d’être annoncée par le nouveau pouvoir en place : la dissolution pure et simple des services de sécurité, ces instruments de répression tant redoutés par la population syrienne.
Le démantèlement d’un appareil sécuritaire tentaculaire
Selon une source proche du nouveau gouvernement, Anas Khattab, récemment nommé à la tête des services de renseignement, a dévoilé un plan ambitieux visant à restructurer en profondeur cette institution. La première étape : dissoudre l’ensemble des branches des services de sécurité, véritables bras armés de la terreur sous l’ancien régime.
Durant les longues années de règne de la famille Assad, l’appareil sécuritaire s’était développé de manière tentaculaire, quadrillant la société à tous les niveaux. Diverses agences aux noms changeants mais aux méthodes similaires : répression, torture, disparitions forcées. Un système qui a brisé des vies et semé la peur au sein de la population.
L’institution sécuritaire sera réformée après la dissolution de tous les services et leur restructuration de manière à honorer notre peuple.
Anas Khattab, nouveau chef des services de renseignement syriens
Honorer le peuple syrien
Dans son communiqué, M. Khattab a insisté sur la nécessité de tourner la page de l’oppression et de la tyrannie. Il a rendu hommage à la souffrance endurée par les Syriens, victimes pendant des années des exactions commises par les services de sécurité de l’ancien régime. Des services qui ont « semé la corruption et infligé des supplices » selon ses mots.
Cette décision intervient quelques jours à peine après la chute de Bachar al-Assad, renversé le 8 décembre dernier par une coalition armée menée par le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Dans la foulée, les détenus des centres de sécurité ont été libérés, tandis que de nombreux responsables et agents prenaient la fuite.
Des familles en quête de vérité
Depuis, un ballet poignant se joue devant les anciens lieux de détention, en particulier dans le sinistre « carré sécuritaire » de Damas. Des Syriens par milliers s’y pressent dans l’espoir d’obtenir des informations sur le sort de leurs proches disparus dans les geôles du régime.
Car l’un des aspects les plus douloureux du drame syrien reste le sort de ces dizaines de milliers de prisonniers et de disparus. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), plus de 100 000 personnes auraient perdu la vie dans les prisons et centres de détention depuis le début du conflit il y a plus de 13 ans.
Premiers pas vers la justice
Les premières mesures pour établir la vérité et rendre justice ne se sont pas fait attendre. Un général qui dirigeait la tristement célèbre prison de Saydnaya a été arrêté, accusé d’avoir prononcé des milliers de condamnations à mort. En Europe également, d’anciens hauts gradés des services syriens exilés font l’objet de poursuites pour torture et crimes contre l’humanité.
Cependant, le chemin sera long pour panser les plaies et reconstruire un pays dévasté par plus d’une décennie de guerre. La réforme des services de sécurité n’est qu’une première étape, fondamentale, pour bâtir un État de droit respectueux des libertés. Les défis restent immenses pour la Syrie, qui doit se réinventer après avoir tant souffert.