Cinq jours après la chute surprise du président syrien Bachar al-Assad, renversé par une coalition rebelle menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), la Syrie vit des moments historiques. Des milliers de Syriens sont descendus dans les rues de plusieurs villes pour célébrer ce qu’ils considèrent comme la « victoire de la révolution », entamée il y a plus de dix ans. Mais cette liesse est teintée de gravité, alors que de nombreuses familles cherchent toujours des proches disparus pendant les années de répression du régime déchu.
Une « révolution » qui soulève des inquiétudes
Si pour beaucoup de Syriens opposés à Bachar al-Assad, son renversement par HTS et ses alliés est vécu comme une libération, la nature de ce groupe rebelle inquiète la communauté internationale. Qualifié de « terroriste » par plusieurs pays, HTS cherche à rassurer en se présentant comme une alternative crédible pour gouverner la Syrie. Mais sa prise du pouvoir soulève de nombreuses questions sur l’avenir du pays.
Washington déterminé à combattre l’EI en Syrie
Malgré le changement de régime à Damas, les États-Unis restent déterminés à poursuivre la lutte contre le groupe État islamique (EI) en Syrie. Lors d’une visite en Turquie, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a affirmé qu’il était « impératif » de continuer à combattre l’EI, qui conserve des cellules dormantes dans le pays. Washington compte sur ses quelque 900 soldats déployés dans le nord-est syrien et sur ses alliés locaux pour empêcher une résurgence de l’organisation terroriste.
L’UE lance un pont aérien humanitaire
Face à l’urgence humanitaire en Syrie, où selon l’ONU 90% de la population dépend de l’aide internationale, l’Union européenne a annoncé la mise en place d’un pont aérien. Dans les prochains jours, des avions affrétés par l’UE achemineront depuis Dubaï 50 tonnes de fournitures médicales, qui seront ensuite distribuées dans le nord-ouest de la Syrie à partir de la Turquie. Bruxelles souhaite également établir des contacts avec les nouvelles autorités syriennes pour faciliter l’acheminement de l’aide.
Israël s’installe sur le Golan
Profitant du chaos en Syrie, Israël a renforcé sa présence militaire sur le plateau du Golan, dont il occupe une partie depuis 1967. L’armée israélienne a pris le contrôle de la zone tampon qui sépare les deux pays, une action jugée contraire à l’accord de désengagement de 1974 par l’ONU. Une décision qui risque de raviver les tensions avec Damas, même si le nouveau pouvoir syrien semble pour l’heure concentré sur sa consolidation intérieure.
Le fléau du captagon en Syrie
Alors que les combattants rebelles investissent les bâtiments officiels abandonnés, ils découvrent l’ampleur du trafic de captagon qui prospérait sous le régime d’Assad. Cette drogue de synthèse, surnommée « la cocaïne du pauvre », inondait les rues syriennes et rapportait des milliards de dollars au pouvoir déchu. Dans un hangar de l’aéroport militaire de Mazzeh près de Damas, les rebelles de HTS ont mis la main sur des tonnes de pilules de captagon et de faux billets de banque. Un butin qui en dit long sur la corruption de l’ancien régime.
La Syrie entre dans une phase cruciale de son histoire, avec de nombreuses inconnues. Si le soulagement domine chez une majorité de Syriens après la chute de Bachar al-Assad, l’avenir du pays soulève beaucoup d’inquiétudes. Comment HTS va-t-il gérer sa transition de groupe armé à responsable politique ? Quelle forme prendra le futur régime syrien ? Comment éviter de nouveaux déchirements communautaires et reconstruire un pays dévasté ? Autant de questions auxquelles les nouveaux dirigeants syriens devront répondre, sous le regard attentif de la communauté internationale.