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Syrie : L’Iran prêt à déployer des troupes si Damas le demande

Alors que les rebelles syriens progressent vers Hama, l'Iran se dit prêt à envoyer ses troupes pour soutenir le régime de Damas. Une escalade qui risque d'intensifier le conflit et d'impliquer davantage les puissances régionales. Jusqu'où ira Téhéran pour...

Alors que les rebelles syriens, menés par le groupe Hayat Tahrir al-Cham, poursuivent leur offensive éclair dans le nord de la Syrie, prenant le contrôle d’Alep en quelques jours seulement, l’Iran a fait une annonce qui risque de changer la donne. Téhéran se dit en effet prêt à déployer des troupes sur le sol syrien si le gouvernement de Bachar al-Assad en fait la demande, une première depuis le début de la guerre civile il y a plus de 12 ans.

L’Iran, fidèle soutien du régime syrien

Si l’Iran est depuis longtemps un allié indéfectible du président syrien, lui apportant un soutien militaire, financier et politique crucial, l’envoi de troupes régulières iraniennes constituerait néanmoins une escalade majeure. Jusqu’à présent, Téhéran s’est contenté de déployer des « conseillers militaires » et de s’appuyer sur ses relais locaux comme le Hezbollah libanais ou les milices chiites irakiennes.

Mais face à l’avancée fulgurante des rebelles, qui après avoir pris Alep progressent maintenant vers Hama, l’Iran semble prêt à franchir ce pas. « Si le gouvernement syrien demandait à l’Iran d’envoyer des troupes en Syrie, Téhéran examinerait cette demande », a ainsi déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.

Une force Al-Qods affaiblie

Cette annonce intervient alors que la force Al-Qods, le bras armé des Gardiens de la Révolution iraniens très présent en Syrie, semble en difficulté face à l’offensive rebelle. Selon des sources proches du dossier, les unités de la force Al-Qods auraient subi de lourdes pertes ces derniers jours, les poussant à se replier.

Le spectre d’une confrontation directe

L’envoi de troupes régulières iraniennes pour épauler une armée syrienne affaiblie fait craindre une escalade du conflit. Engagée aux côtés de Damas, la Russie pourrait elle aussi être tentée d’accroître son implication, au risque d’une confrontation directe avec la Turquie qui soutient les rebelles.

L’Iran ne commande pas les groupes de résistance dans les pays arabes et n’a pas de liens organisationnels avec eux ; cependant, il soutient leur cause et leur fournit une assistance lorsque cela est nécessaire.

Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères

Téhéran nie cependant toute implication directe dans le commandement des différents groupes combattant aux côtés du régime. Des dénégations qui peinent à convaincre tant l’influence iranienne en Syrie est forte.

Vers une « guerre intensive »?

De son côté, Israël suit avec inquiétude l’évolution de la situation. Une victoire des rebelles, pour beaucoup issus de groupes islamistes radicaux, constituerait une menace directe à ses frontières. Mais un déploiement massif de troupes iraniennes en serait une autre. Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a d’ailleurs mis en garde contre une « guerre intensive » en cas de violation du cessez-le-feu en vigueur au Liban.

Le dossier syrien sera en tout cas au coeur des discussions qu’Abbas Araghchi doit avoir prochainement à Moscou avec ses homologues russes. L’enjeu: coordonner l’action des deux principaux alliés de Bachar al-Assad pour enrayer l’avancée rebelle et sauver un régime plus que jamais menacé.

Une chose est sûre: avec cette annonce, l’Iran montre qu’il est prêt à tout pour défendre ses intérêts en Syrie. Même à une implication militaire directe, avec tous les risques d’escalade que cela comporte. La guerre civile syrienne, qui a déjà fait plus de 500 000 morts, est peut-être sur le point de connaître un nouveau tournant.

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