La chute soudaine du régime de Bachar el-Assad en Syrie soulève de nombreuses interrogations pour les communautés chrétiennes du pays. Dans la ville d’Alep, désormais sous le contrôle des forces rebelles islamistes de Hayat Tahrir al-Cham, les évêques s’inquiètent malgré les promesses rassurantes des nouveaux maîtres de la cité.
Une réunion pour rassurer les responsables chrétiens
Ce lundi, les neuf évêques chrétiens d’Alep ont été conviés à une rencontre de deux heures avec des représentants des rebelles. Selon l’un des participants interrogé par une source proche du dossier, les hommes de Hayat Tahrir al-Cham « font tout pour nous tranquilliser ».
Les nouveaux dirigeants de la ville, qui évitent soigneusement les appellations « al-Qaida » ou « Al-Nosra » pour ne pas effrayer la population, se présentent comme des « révolutionnaires » et des « libérateurs ». Ils ont pris l’initiative de cette réunion dans l’un des évêchés de la ville pour tenter de rassurer la communauté chrétienne.
Des garanties pour le libre exercice du culte
Lors de la rencontre, les responsables rebelles ont affirmé aux évêques que les chrétiens d’Alep pourront continuer à pratiquer librement leur religion. Ils ont assuré que les lieux de culte seront protégés et que la sécurité des fidèles sera garantie.
Ces promesses ne suffisent cependant pas à dissiper toutes les craintes. « Beaucoup attendent de voir comment la situation va évoluer », confie l’un des prélats. La brutalité des combats et la rapidité de la chute du régime laissent planer le doute sur les intentions réelles des vainqueurs.
L’avenir très incertain des chrétiens syriens
Au-delà d’Alep, c’est tout l’avenir de la présence chrétienne en Syrie qui est en jeu. Avant le début de la guerre civile en 2011, on estimait à environ 2 millions le nombre de chrétiens dans le pays, soit près de 10% de la population.
Depuis, beaucoup ont fui les violences et l’instabilité. Ceux qui sont restés s’interrogent aujourd’hui sur leur place dans une Syrie en plein bouleversement. Si certains veulent croire aux garanties des rebelles, d’autres redoutent de subir le même sort que les chrétiens d’Irak après la chute de Saddam Hussein en 2003.
Nous avons peur de devenir des citoyens de seconde zone, ou même d’être forcés à l’exil.
– Un chrétien d’Alep
Face à ces inquiétudes, les responsables religieux tentent de garder espoir. Ils rappellent que les chrétiens sont présents sur ces terres depuis les origines du christianisme et qu’ils ont toujours su s’adapter aux changements de régimes.
Mais dans le chaos qui règne actuellement en Syrie, rien ne semble acquis. Les chrétiens d’Alep, comme ceux du reste du pays, naviguent à vue dans un avenir des plus incertains. Les promesses des rebelles suffiront-elles à garantir leur sécurité et leurs droits à long terme ? Seul l’avenir le dira.
Une communauté fragilisée par des années de guerre
Il faut dire que la communauté chrétienne sort très affaiblie de plus d’une décennie de conflit. Les églises et les quartiers chrétiens ont souvent été ciblés par les différents belligérants. De nombreux lieux de culte ont été détruits ou endommagés.
Le tissu social de cette minorité a lui aussi été fortement éprouvé. Les liens entre les familles ont été distendus par les déplacements forcés et l’émigration. Les institutions communautaires peinent à fonctionner dans ce contexte chaotique.
Malgré ces difficultés, la foi et la résilience des chrétiens syriens restent intactes. Beaucoup gardent l’espoir de jours meilleurs et la volonté de contribuer à la reconstruction de leur pays, aux côtés de leurs concitoyens musulmans.
Un message de paix malgré les incertitudes
Au milieu des décombres d’Alep, les cloches des églises continuent de résonner. Elles portent un message de paix et de fraternité dans une ville meurtrie. Les évêques s’efforcent de maintenir ce lien avec leurs fidèles et avec tous les habitants.
Notre rôle est d’être des artisans de dialogue et de réconciliation. Nous devons œuvrer pour un avenir où tous les Syriens pourront vivre ensemble dans la paix et le respect mutuel.
– Un évêque d’Alep
Un défi immense dans une Syrie plus divisée que jamais. Mais les responsables chrétiens veulent croire que leur message sera entendu par les nouvelles autorités issues des groupes rebelles. Les promesses de liberté religieuse et de protection devront cependant se traduire dans les actes.
Les chrétiens d’Alep, et de tout le pays, attendent des signaux forts pour être rassurés sur leur avenir. Ils espèrent que leurs droits seront respectés et qu’ils pourront continuer à jouer pleinement leur rôle dans la société syrienne.
Dans cette période trouble, leur foi reste leur plus solide rempart. Elle leur donne la force d’affronter les incertitudes et les défis qui les attendent. Avec l’espoir qu’un jour, la paix et la fraternité l’emporteront sur les divisions et les violences qui déchirent la Syrie.
