Imaginez un pays où, après treize années de guerre civile, le pouvoir change de mains, mais la paix reste un mirage. En Syrie, depuis la chute de l’ancien régime le 8 décembre dernier, les nouvelles autorités se retrouvent face à une équation quasi impossible : stabiliser un territoire morcelé, hanté par des factions armées et des tensions confessionnelles. Entre les alaouites du littoral, les Kurdes du nord-est et les Druzes du sud, chaque région semble prête à exploser à tout moment. Alors, comment ce pouvoir transitoire peut-il tenir ses promesses dans un tel chaos ?
Un Pays au Bord du Précipice
La Syrie d’aujourd’hui ressemble à une mosaïque fragile. Les combats contre les groupes encore fidèles à l’ancien régime se poursuivent dans le nord-ouest, tandis que des poches de résistance émergent un peu partout. D’après une source proche des observateurs sur le terrain, les autorités peinent à imposer leur contrôle sur un pays où cohabitent sunnites, chiites, Kurdes et autres minorités. Ce n’est pas seulement une question de force militaire, mais aussi de légitimité dans un contexte multiethnique.
Le littoral alaouite : une poudrière prête à s’enflammer
Sur la côte syrienne, bastion historique des alaouites – une minorité chiite représentant environ 9 % de la population –, la situation est particulièrement tendue. Longtemps associés au clan déchu, les alaouites craignent des représailles. Depuis décembre, des enlèvements et des fusillades secouent cette région, où d’anciens soldats et fonctionnaires armés cohabitent avec des civils désemparés.
« Une grande partie de l’autorité repose sur des groupes radicaux qui voient les alaouites comme des hérétiques. »
– Un expert d’un centre de réflexion international
Ces violences ne sont pas anodines. Elles révèlent la difficulté du président par intérim à maintenir une cohésion nationale. Ses appels à la retenue peinent à convaincre certaines factions sous son commandement, qui agissent comme une armée et une police improvisées. Entre raids punitifs et règlements de compte, le littoral devient un symbole de la fragilité du nouveau pouvoir.
Les Kurdes : un bras de fer pour l’autonomie
Dans le nord-est, un autre défi titanesque attend les autorités : les forces kurdes. Fortes de leur rôle clé dans la lutte contre l’État islamique, elles contrôlent des terres riches en ressources naturelles. Mais leur intégration dans une armée nationale unifiée bute sur un obstacle majeur : leur refus de se dissoudre.
Un politologue interrogé par une source fiable explique :
« Tant que les troupes américaines restent présentes, les Kurdes ne céderont pas leur autonomie. »
– Un analyste spécialisé
Les négociations piétinent. Les Kurdes pourraient accepter un retour de services civils syriens, comme la santé ou l’éducation, mais pas les forces militaires liées à des groupes radicaux. Pendant ce temps, la population arabe locale, majoritaire dans ces zones, montre des signes de mécontentement face à cette domination kurde. Une étincelle suffirait à rallumer le conflit.
Les Druzes : entre neutralité et pressions extérieures
Au sud, dans la province de Soueida, la minorité druze – environ 3 % des Syriens – observe la transition avec prudence. Historiquement en retrait de la guerre, les Druzes ont protégé leurs terres sans s’aligner pleinement avec aucun camp. Aujourd’hui, deux groupes armés locaux envisagent de rejoindre une armée nationale, mais refusent de désarmer pour l’instant.
Récemment, des escarmouches dans une banlieue proche de Damas ont attiré l’attention internationale. Un ministre d’un pays voisin a menacé d’intervenir militairement pour protéger cette communauté, une déclaration vite dénoncée par les leaders druzes et le président syrien par intérim. Ce dernier a appelé à une pression internationale pour contrer toute ingérence.
- Tensions internes : Les Druzes veulent éviter d’être pris en étau entre factions.
- Pression externe : Des acteurs régionaux cherchent à exploiter leur situation.
- Unité nationale : Leur loyauté envers la Syrie reste un point d’ancrage.
Pour l’instant, ces menaces semblent avoir soudé la communauté druze autour de l’idée d’une Syrie unie. Mais jusqu’à quand ?
Une autorité fragile face à des défis colossaux
Le président par intérim multiplie les discours pour rassurer les minorités et promouvoir une transition sans dérive confessionnelle. Mais la réalité sur le terrain est bien différente. Les factions qui composent ses forces – souvent issues de groupes radicaux – échappent parfois à son contrôle, rendant ses promesses difficiles à tenir.
| Région | Minorité | Défi principal |
| Littoral | Alaouites | Représailles et insécurité |
| Nord-est | Kurdes | Autonomie contestée |
| Sud | Druzes | Pressions externes |
Ce tableau illustre une évidence : chaque région a ses propres dynamiques, et les relier sous une même bannière relève du miracle. Les experts s’accordent à dire que sans une coordination internationale et un désarmement progressif des factions, la Syrie risque de replonger dans la violence.
Vers un avenir incertain
Alors que le pays tente de se relever, les défis sécuritaires ne sont qu’une facette du problème. La reconstruction économique, la réconciliation nationale et la gestion des ingérences étrangères compliquent encore l’équation. Le pouvoir transitoire marche sur un fil, et chaque faux pas pourrait coûter cher.
Et si tout s’effondrait à nouveau ? La question n’est pas théorique. Entre les rivalités internes et les pressions extérieures, la Syrie reste un volcan prêt à entrer en éruption.
Pour l’heure, le président par intérim joue la carte de la diplomatie et de l’apaisement. Mais face à des groupes armés aux agendas divergents et des minorités sur le qui-vive, la route vers la stabilité semble encore longue. Et vous, pensez-vous que la Syrie puisse enfin trouver la paix ?
