Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, se rendra ce lundi à Damas pour une rencontre au sommet avec le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh. Cette visite, qui intervient quelques semaines après la chute de Bachar el-Assad, souligne l’importance que revêt la stabilité de la Syrie pour son voisin jordanien.
Enjeux sécuritaires et humanitaires
Selon des sources proches du dossier, les discussions entre Ayman Safadi et Ahmad al-Chareh devraient porter sur plusieurs enjeux clés :
- La sécurisation de la frontière commune face au trafic de drogues, en particulier le captagon, qui s’est intensifié ces dernières années
- Le retour progressif des réfugiés syriens, dont environ 1,3 million sont actuellement en Jordanie
- Le soutien de la Jordanie au processus de transition politique en Syrie
Pour la Jordanie, la stabilité de la Syrie est cruciale afin de « garantir la sécurité à ses frontières », comme l’a souligné dimanche le porte-parole du gouvernement jordanien, Mohamed Moumani.
Premiers retours de réfugiés
Depuis la chute de Bachar el-Assad le 8 décembre dernier, plus de 7000 Syriens sont déjà rentrés chez eux depuis la frontière jordanienne. Un mouvement qui devrait s’amplifier dans les mois à venir, à mesure que la situation sécuritaire et humanitaire s’améliore en Syrie.
La Jordanie se range du côté de la volonté du peuple syrien frère.
Mohamed Moumani, porte-parole du gouvernement jordanien
La position de l’Iran
De son côté, l’Iran a affirmé lundi son « soutien à la souveraineté et l’intégrité » de la Syrie, tout en précisant ne pas avoir de « contact direct » avec la nouvelle administration syrienne. Téhéran, allié de longue date du régime Assad, semble ainsi vouloir maintenir une certaine distance dans cette phase de transition.
Vers une normalisation des relations ?
La visite d’Ayman Safadi à Damas constitue indéniablement un pas vers une normalisation des relations entre la Jordanie et la Syrie. Reste à savoir si ce rapprochement se concrétisera par une coopération renforcée dans les domaines sécuritaire, économique et humanitaire.
Beaucoup dépendra de la capacité du nouveau pouvoir syrien à engager le pays sur la voie d’une véritable transition démocratique, tout en répondant aux aspirations de la population. Un défi de taille pour Ahmad al-Chareh et son équipe, qui devront composer avec les multiples forces en présence, tant sur le plan intérieur que régional.
Préserver la souveraineté et l’intégrité de la Syrie et permettre au peuple syrien de décider de son avenir sans ingérence étrangère.
Esmaïl Baghaï, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères
Une chose est sûre : l’avenir de la Syrie se jouera aussi dans ces tractations diplomatiques, où chaque acteur tentera de faire valoir ses intérêts et sa vision. La rencontre entre Ayman Safadi et Ahmad al-Chareh sera scrutée de près, tant elle pourrait donner le ton de cette nouvelle ère qui s’ouvre pour le pays.
