Dans un retournement de situation aussi spectaculaire qu’inattendu, le président syrien Bachar el-Assad aurait pris la fuite ce dimanche, après seulement 11 jours d’une offensive éclair des forces rebelles. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), la chute de Damas, dernier bastion du régime, sonne le glas de près d’un quart de siècle d’un règne autoritaire et répressif.
L’irrésistible ascension d’un ophtalmologue mal préparé au pouvoir
Rien ne prédestinait Bachar el-Assad, ophtalmologue de formation, à diriger d’une main de fer la Syrie pendant plus de deux décennies. C’est la mort prématurée de son frère aîné Bassel dans un accident de voiture en 1994 qui propulse ce trentenaire discret sur le devant de la scène politique. À la mort de son père Hafez el-Assad en 2000, il accède au pouvoir à seulement 34 ans.
Les débuts sont pourtant prometteurs. Le jeune président incarne l’espoir d’une ouverture et de réformes, après 30 années de dictature paternelle. Mais le « printemps de Damas » tourne court : les militants pro-démocratie sont vite muselés et emprisonnés.
Le printemps arabe, tournant d’un règne
En 2011, les vents du printemps arabe soufflent jusqu’en Syrie. Des manifestations pacifiques réclament plus de libertés et de démocratie. La réponse du régime est sanglante : les protestataires sont violemment réprimés. C’est le début d’une spirale de violences qui va plonger le pays dans une guerre civile dévastatrice.
« Assad aurait pu choisir la voie des réformes et du dialogue. Mais il a préféré s’accrocher au pouvoir par la force, quel qu’en soit le prix humain »
analyse un diplomate occidental.
Escalade de violence et crimes de guerre
Pendant plus de 10 ans, Bachar el-Assad mène une répression impitoyable contre son propre peuple. Exactions, bombardements de civils, usage d’armes chimiques, tortures systématiques dans les geôles du régime… Les crimes de guerre et crimes contre l’humanité se multiplient, faisant plus de 500 000 morts et des millions de déplacés.
Le régime ne doit sa survie qu’au soutien militaire indéfectible de ses alliés russe et iranien. Mais ces derniers, affaiblis, finissent par lâcher Assad, ouvrant une brèche dans laquelle s’engouffrent les rebelles.
Onze jours pour faire tomber un régime
Le 27 novembre, les forces de l’opposition lancent une offensive surprise sur plusieurs fronts. En quelques jours, les lignes de défense gouvernementales s’effondrent les unes après les autres, d’Alep à Hama en passant par Homs. Des scènes de liesse populaire saluent chaque ville « libérée ».
Le 8 décembre, les rebelles entrent dans Damas, pratiquement abandonnée par un régime aux abois. La sinistre prison de Sednaya, haut lieu de la répression, est prise d’assaut. Selon des sources concordantes, Bachar el-Assad se serait enfui le jour même pour une destination inconnue.
Une fin de règne précipitée qui ouvre une période d’incertitude
Si le départ de Bachar el-Assad met fin à l’un des régimes les plus brutaux du XXIe siècle, il laisse aussi la Syrie face à un avenir incertain. Le pays est dévasté, les plaies sont profondes et les défis de la reconstruction immenses.
Les ex-rebelles, unis pour renverser la dictature, devront maintenant surmonter leurs divisions pour bâtir une Syrie post-Assad stable et démocratique. Un chantier herculéen, alors que les rancœurs et les comptes à régler menacent à tout moment de replonger le pays dans le chaos.
« La chute de Bachar el-Assad est une victoire pour le peuple syrien. Mais la route vers la paix et la réconciliation sera longue et semée d’embûches »
prévient un observateur de la région.
En attendant, le monde retient son souffle et s’interroge sur le sort du dictateur déchu. Après avoir régné en maître absolu sur la Syrie, Bachar el-Assad est aujourd’hui réduit à une cavalcade incertaine pour échapper à la justice de son peuple. Une fin peu glorieuse pour celui qui se rêvait président à vie.