ActualitésInternational

Syrie : Barrot plaide pour une transition pacifique à Damas

Le ministre français des Affaires étrangères s'est rendu en Syrie pour la première fois depuis plus d'une décennie. Une visite historique qui ouvre de nouvelles perspectives pour le pays, mais les défis restent immenses. Décryptage.

C’est une visite diplomatique historique qui vient de s’achever en Syrie. Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, accompagné de son homologue allemande Annalena Baerbock, a effectué le 3 janvier un déplacement à Damas, une première pour un haut responsable occidental depuis le début du soulèvement contre Bachar el-Assad en 2011. L’objectif affiché : encourager une transition pacifique dans ce pays ravagé par plus d’une décennie de guerre.

Un « espoir réel mais fragile » pour la Syrie

Dans les jardins de l’ambassade de France à Damas, restée à l’abandon pendant de longues années, Jean-Noël Barrot a affiché sa détermination à soutenir le processus de transition enclenché depuis la chute du régime Assad il y a quelques semaines. Tout en saluant « un espoir réel » pour les Syriens après tant d’années de souffrance, le ministre a souligné la fragilité de la situation.

« Il y a encore quelques semaines, il n’y avait à Damas pour les Syriens et les Syriennes aucune perspective. Un peuple martyrisé, torturé, déplacé. Il y a un peu plus d’un mois, un nouvel espoir s’est levé, c’est un espoir réel, mais un espoir fragile. »

Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères

Une première rencontre avec le nouveau pouvoir syrien

Durant cette courte visite, la délégation française et allemande a pu s’entretenir avec Ahmed el-Chareh, le nouvel homme fort de Damas, qui dirige le pays par intérim en attendant de nouvelles élections. Il s’agit de la première rencontre à ce niveau entre des représentants occidentaux et le nouveau pouvoir syrien, issu des rangs de l’opposition et des anciens rebelles.

Selon une source proche du dossier, les discussions ont porté sur les défis de la reconstruction, le retour des réfugiés et la lutte contre les groupes djihadistes qui profitent encore du chaos. Les ministres européens ont insisté sur l’importance d’un processus politique inclusif, respectueux des droits humains et sous supervision internationale pour restaurer la stabilité.

Un engagement prudent de la France

Même si le régime honni de Bachar el-Assad est tombé, la France reste prudente sur son engagement en Syrie. Paris a été échaudé par les échecs des transitions post-printemps arabes en Libye ou au Yémen. Il s’agit donc d’accompagner le nouveau pouvoir, sans s’ingérer, tout en défendant les intérêts et valeurs de la France.

« La France sera aux côtés des Syriens sur ce chemin difficile, avec des actes plus que des paroles. Mais la responsabilité première reviendra aux nouvelles autorités syriennes de tracer un chemin vers la réconciliation et la paix. »

Une source diplomatique française

Les immenses défis de la reconstruction

Au-delà des enjeux politiques, l’ampleur des défis humanitaires et de reconstruction est vertigineuse en Syrie après des années de conflit meurtrier et destructeur :

  • Plus de 500 000 morts et disparus
  • Plus de 6,5 millions de réfugiés à l’étranger
  • Plus de 6,7 millions de déplacés internes
  • Plus de 80% de la population sous le seuil de pauvreté

Selon les estimations des Nations Unies, il faudrait plus de 250 milliards de dollars pour rebâtir le pays. Un effort colossal qui nécessitera la mobilisation de la communauté internationale, au-delà des clivages géopolitiques. Certains pays s’activent déjà, comme la Chine et la Russie, pour prendre position sur le juteux marché de la reconstruction.

La Syrie à la croisée des chemins

Après plus d’une décennie d’une guerre dévastatrice, la Syrie se trouve aujourd’hui à un tournant historique. Le régime Assad, qui a tant fait souffrir son peuple, n’est plus. Mais la paix et la stabilité sont encore loin d’être gagnées.

« La chute de Bachar el-Assad ouvre une nouvelle page pour la Syrie, une opportunité unique de sortir du cycle infernal de la violence. Mais seuls les Syriens pourront l’écrire, en faisant les bons choix. La communauté internationale doit les soutenir avec vigilance dans cette voie semée d’embûches. »

Analyse d’un expert du monde arabe

La visite des chefs de la diplomatie française et allemande à Damas constitue un premier pas encourageant. Mais le chemin vers une paix durable et une reconstruction inclusive en Syrie sera long et difficile. L’émergence d’un système démocratique et le jugement des crimes passés seront des étapes indispensables pour tourner définitivement la page d’un conflit qui a tant meurtri le pays et déstabilisé la région.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.