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Surtaxe de l’électricité : le paradoxe qui freine la transition énergétique

L'État investit des milliards pour promouvoir l'électricité, tout en taxant lourdement son utilisation. Quel impact aura cette contradiction sur la transition énergétique et les finances des ménages ? Décryptage.

La transition énergétique est une priorité pour la France, qui multiplie les investissements pour promouvoir l’électricité comme une solution décarbonée. Pourtant, dans le même temps, le gouvernement s’apprête à augmenter significativement les taxes sur cette énergie. Une incohérence qui soulève de nombreuses questions sur la stratégie suivie.

13 milliards d’euros d’investissements et 12 milliards de taxes

Le projet de loi de finances prévoit en effet plus de 13 milliards d’euros de dépenses pour soutenir la production et l’usage de l’électricité. Une somme conséquente destinée à accélérer l’électrification de secteurs comme les transports ou le chauffage. Mais dans le même temps, le texte prévoit une augmentation des taxes sur l’électricité qui devrait rapporter près de 12 milliards d’euros, bien au-delà des niveaux d’avant-crise.

Cette taxation supplémentaire va mécaniquement freiner la demande d’électricité, alors même que les investissements publics cherchent à la stimuler. Un paradoxe qui interroge sur la cohérence de l’action publique en matière de transition énergétique.

Une consommation électrique déjà en baisse

La mesure apparaît d’autant plus surprenante que la consommation électrique française est déjà orientée à la baisse. En 2023, corrigée des effets météo et calendaires, elle était inférieure de 7% à la moyenne 2014-2019. Une tendance qui devrait se poursuivre avec la hausse des prix et les efforts de sobriété.

« Il est aberrant d’inciter à l’électrification d’une main, tout en surtaxant l’électricité de l’autre. L’État doit clarifier son message. »

Anne de Guigné, Journaliste économique

La tension budgétaire en question

Face à la dégradation des finances publiques, le gouvernement cherche par tous les moyens à augmenter ses recettes fiscales. Mais l’électricité ne devrait pas être une variable d’ajustement budgétaire, au risque de compromettre les objectifs de long-terme de décarbonation.

  • D’autres pistes existent pour redresser les comptes publics, comme la chasse aux niches fiscales inefficaces
  • Une meilleure priorisation des dépenses permettrait aussi des économies substantielles

Plutôt qu’une taxation aveugle, l’action publique devrait privilégier une approche plus fine et incitative, avec par exemple :

  • Une TVA réduite pour les équipements et travaux d’électrification
  • Des bonus-malus sur les consommations électriques, pour favoriser les comportements vertueux

L’acceptabilité sociale en jeu

Au-delà de son efficacité, la surtaxation de l’électricité risque aussi de heurter les ménages, déjà durement touchés par l’inflation. Beaucoup ne comprennent pas pourquoi cette énergie, présentée comme une solution d’avenir, est autant taxée.

« On ne peut pas dire aux Français de s’équiper en pompes à chaleur et voitures électriques, et en même temps alourdir leur facture. Le message est contradictoire. »

Un membre de la commission des finances de l’Assemblée Nationale

Pour emporter l’adhésion des citoyens, la transition énergétique doit s’accompagner d’un discours clair et cohérent. Taxer plus l’électricité revient à brouiller le message et risque de saper les efforts déjà entrepris.

Face aux défis du dérèglement climatique, la France a fait le choix ambitieux de l’électrification. Mais pour réussir ce pari, elle doit assumer pleinement ses choix et mettre en cohérence ses politiques fiscales et d’investissement. C’est à ce prix que la transition énergétique pourra pleinement se déployer, dans un climat de confiance et d’adhésion.

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