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Surpopulation de Lions en Thaïlande : Une Folie Dangereuse

En Thaïlande, des lions vivent dans des maisons et cafés. Mais derrière ces images virales, un danger grandit. Que se passe-t-il vraiment ?

Imaginez-vous marcher dans une ruelle tranquille d’une ville thaïlandaise, lorsque soudain, un rugissement profond résonne derrière une clôture. Ce n’est pas un zoo, ni une réserve, mais une maison ordinaire, abritant des lions comme animaux de compagnie. En Thaïlande, la possession de ces majestueux félins est légale, et leur nombre explose, alimenté par les réseaux sociaux et un marché florissant. Mais ce phénomène, aussi fascinant qu’inquiétant, soulève des questions brûlantes sur la sécurité, l’éthique et l’avenir de ces animaux.

Quand les lions deviennent des animaux de compagnie

Dans le nord de la Thaïlande, un habitant a transformé son garage en refuge pour deux lionnes blanches et un hybride lion-tigre de 200 kilos. Sur les réseaux sociaux, il partage leur quotidien avec des millions d’abonnés, décrivant ces félins comme « affectueux, comme des chiens ou des chats ». Cette image séduisante, où des lions semblent domestiqués, cache une réalité bien plus complexe. En Thaïlande, posséder un lion est non seulement autorisé, mais aussi devenu un phénomène de mode, amplifié par des plateformes comme TikTok.

Le pays compte aujourd’hui environ 500 lions en captivité, répartis entre zoos, fermes d’élevage, cafés animaliers et domiciles privés. Ce chiffre, qui a triplé en quelques années, reflète une tendance inquiétante. Les spécialistes alertent : cette surpopulation de lions met en danger à la fois les animaux et les humains qui les côtoient.

Les réseaux sociaux : un moteur de la tendance

Les réseaux sociaux jouent un rôle clé dans cette explosion. Les vidéos montrant des lions câlinés ou jouant comme des animaux domestiques attirent des millions de vues. Cette viralité alimente un cercle vicieux : plus les publications sont populaires, plus la demande pour ces félins augmente. Un responsable d’une organisation de protection de la faune en Thaïlande décrit cette situation comme une « folie pure », prédisant un avenir chaotique si rien ne change.

« C’est terrifiant d’imaginer ce que la situation deviendra dans dix ans si les lois ne sont pas renforcées. »

Responsable d’une fondation pour la faune

Les propriétaires, souvent motivés par la notoriété en ligne, partagent des images soigneusement orchestrées. Pourtant, les interactions avec ces félins restent limitées et prudentes, souvent réduites à quelques minutes dans des enclos sécurisés. Cette mise en scène donne une fausse impression de contrôle, masquant les risques inhérents à la cohabitation avec des animaux sauvages.

Une législation laxiste et ses failles

Depuis 2022, la Thaïlande exige que les propriétaires de lions enregistrent leurs animaux, leur implantent une puce électronique et signalent tout changement d’adresse. Cependant, ces mesures restent insuffisantes. Aucune règle ne contrôle la reproduction, et les exigences pour les conditions de détention sont minimales. Par exemple, les propriétaires disposent de 60 jours pour déclarer la naissance de lionceaux, une période suffisamment longue pour permettre des transactions douteuses.

Chiffres clés :

  • En 2018 : environ 130 lions en captivité.
  • En 2024 : environ 450 lions recensés.
  • 350 lions « disparus » des radars, potentiellement victimes de trafic.

Cette absence de suivi strict ouvre la porte au trafic illégal. Des experts rapportent que des lions, vivants ou morts, sont vendus à la frontière, souvent à destination de pays voisins comme le Laos ou le Cambodge. Ce commerce, bien que difficile à quantifier, est alimenté par une demande croissante pour les félins ou leurs parties, prisées dans certaines cultures.

Un marché lucratif mais risqué

Le commerce des lions est devenu une industrie florissante. Une éleveuse thaïlandaise, après avoir abandonné le négoce de crocodiles, s’est tournée vers les lions face à la baisse des prix. Aujourd’hui, un lionceau d’un mois se vend autour de 13 200 euros, un prix qui a chuté à mesure que l’offre augmentait. Dans ses trois installations, elle gère environ 80 lions, allant de nouveau-nés nourris au biberon à des adultes imposants.

Ces félins, souvent des lions blancs issus de mutations génétiques, sont particulièrement prisés. Cependant, leur popularité entraîne des problèmes de consanguinité, augmentant les risques de maladies et de malformations. Un lionceau malade, par exemple, peut rester invendu, car les acheteurs exigent des animaux en bonne santé pour la reproduction ou l’exposition.

Type d’animal Prix moyen Risques associés
Lionceau (1 mois) 13 200 € Consanguinité, maladies
Lion adulte Variable Agressivité, coûts d’entretien

Les cafés à lions : une attraction controversée

Dans certaines villes thaïlandaises, des « cafés à lions » ont vu le jour, où les visiteurs peuvent interagir avec des lionceaux pour une photo ou une séance de câlins. Ces établissements, souvent éphémères, exploitent la curiosité des touristes, notamment étrangers. Cependant, une fois que les lionceaux grandissent, ils deviennent difficiles à gérer et sont souvent abandonnés ou revendus dans des conditions précaires.

Une éleveuse raconte avoir récupéré des lionceaux traumatisés, devenus inaptes à la reproduction après leur passage dans ces cafés. Ces pratiques soulignent un problème plus large : le bien-être animal est rarement une priorité dans ce commerce axé sur le profit.

« Les cafés se débarrassent des lionceaux après quelques semaines, une fois qu’ils ne sont plus mignons. »

Éleveuse thaïlandaise

Un défi pour les autorités

Face à cette situation, l’agence thaïlandaise de gestion des parcs nationaux et de la faune tente de limiter les importations de lions pour freiner la reproduction incontrôlée. Les autorités espèrent que la consanguinité, qui réduit la qualité génétique des félins, découragera la demande. Cependant, les ressources limitées compliquent l’application des lois. Confisquer un lion implique des coûts importants pour son entretien, une charge que l’État peine à assumer.

Un représentant de l’agence explique que les lions confisqués, comme ceux hébergés dans un sanctuaire à Suphanburi, nécessitent des soins spécialisés et une alimentation coûteuse. Ces animaux, souvent nés en captivité, ne peuvent pas être relâchés dans la nature, ce qui pose un défi à long terme.

Vers une réforme législative ?

Certains pays, comme les États-Unis et les Émirats arabes unis, ont interdit la possession de grands félins. En Thaïlande, une révision des lois est envisagée, mais une interdiction totale semble improbable à court terme. Les autorités plaident pour un renforcement des régulations, comme des contrôles plus stricts sur la reproduction et les conditions de détention.

Pour les défenseurs de la faune, la solution réside dans une prise de conscience collective. « Les animaux sauvages appartiennent à la nature », insiste un responsable. La Thaïlande devra trouver un équilibre entre la fascination pour ces félins et la nécessité de protéger à la fois les animaux et les humains.

Pourquoi la situation est préoccupante :

  • Risques pour la sécurité : Les lions, même élevés en captivité, restent imprévisibles.
  • Consanguinité : Elle affaiblit les félins, augmentant les maladies.
  • Trafic illégal : Les failles légales facilitent le commerce illicite.
  • Bien-être animal : Les conditions de détention sont souvent inadéquates.

Ce phénomène, à la croisée de la culture des réseaux sociaux, du commerce lucratif et d’une législation permissive, pose un défi complexe. La Thaïlande, fascinée par ces félins, devra bientôt choisir : continuer sur cette voie risquée ou protéger ces animaux majestueux et leur environnement.

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