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Suppression de l’épreuve de français du concours d’ingénieurs Puissance Alpha

Le concours Puissance Alpha supprime l'épreuve écrite de français pour rendre les études d'ingénieurs plus accessibles. Une décision clivante qui soulève de nombreuses questions sur la place du français dans l'enseignement supérieur...

Le paysage des concours d’entrée aux grandes écoles est en pleine mutation. Dans une volonté affichée de rendre les études d’ingénieurs plus accessibles, le concours Puissance Alpha, qui regroupe 19 écoles prestigieuses, a pris une décision pour le moins surprenante : la suppression pure et simple de l’épreuve écrite de français dès 2025.

Une épreuve jugée “anxiogène”

Jusqu’à présent, le concours comportait une épreuve de français de 45 minutes sous forme de QCM évaluant la grammaire, la compréhension écrite et l’orthographe des candidats. Mais selon les organisateurs, cette épreuve était perçue comme une source d’anxiété pour de nombreux étudiants.

Des enquêtes ont montré que l’épreuve de français pouvait être un frein pour certains candidats, sans avoir un impact décisif sur l’évaluation globale.

Un responsable du concours Puissance Alpha

Le concours se recentrera donc sur les matières jugées « essentielles au parcours d’ingénieur » : les mathématiques, les sciences appliquées et l’anglais. Les épreuves garderont le format de QCM à points négatifs.

La fin du français dans les concours ?

Si les notes de français au baccalauréat seront toujours prises en compte dans la sélection des candidats, cette décision marque néanmoins un changement de paradigme. La place de la langue française dans les concours d’entrée aux grandes écoles semble de plus en plus remise en question.

Pour certains, cette évolution est logique et s’inscrit dans un mouvement de fond d’internationalisation des formations d’ingénieurs. L’anglais, lingua franca du monde scientifique et technique, est considéré comme un prérequis indispensable, parfois au détriment de la maîtrise de la langue maternelle.

Un choix controversé

Mais cette décision ne fait pas l’unanimité. De nombreuses voix s’élèvent pour défendre l’importance des compétences linguistiques et rédactionnelles, y compris pour de futurs ingénieurs qui seront amenés à rédiger des rapports, faire des présentations et communiquer dans un contexte professionnel.

Supprimer l’épreuve de français envoie un mauvais signal. C’est considérer que la maîtrise de notre langue n’est pas primordiale, même pour des scientifiques. C’est une erreur.

Une enseignante en classes préparatoires

La question de l’égalité des chances est également posée. Si l’objectif affiché est de rendre les études plus accessibles, certains craignent au contraire que cela ne creuse les inégalités, en favorisant les candidats ayant pu bénéficier d’un meilleur accompagnement en français pendant leur scolarité.

Un débat qui ne fait que commencer

La suppression de l’épreuve de français du concours Puissance Alpha n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg. Avec la réforme des études supérieures et l’évolution des attentes du monde professionnel, les concours d’entrée sont amenés à s’adapter.

Mais jusqu’où peut-on aller dans la spécialisation et la sélection sur des critères purement techniques ? La formation des ingénieurs de demain ne doit-elle pas intégrer, au-delà des compétences scientifiques de haut niveau, une solide culture générale incluant la maîtrise de la langue ?

Le débat est ouvert et promet d’être animé dans les prochains mois. La décision du concours Puissance Alpha fera-t-elle des émules ou restera-t-elle une exception ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la question de la place du français dans les études supérieures est plus que jamais d’actualité.

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