La ville de Sunderland, dans le nord-est de l’Angleterre, a été le théâtre de violentes émeutes vendredi soir, quatre jours seulement après le meurtre choquant de trois jeunes filles. Des centaines de personnes se sont déchaînées dans le centre-ville, s’en prenant avec virulence aux forces de l’ordre et incendiant au moins un véhicule. Ces nouveaux heurts ravivent les craintes d’un embrasement, alors que le pays avait retrouvé un semblant de calme jeudi.
La police face à des “violences graves”
Selon la police du Northumbria, les agents ont dû faire face à des “violences graves” de la part des émeutiers. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent des scènes de chaos, avec des hordes d’individus attaquant les policiers et mettant le feu à une voiture. La ministre de l’Intérieur Yvette Cooper a fermement condamné ces débordements, promettant que les responsables “paieraient le prix de leur violence et de leur comportement de voyou”.
Les scènes auxquelles nous assistons sont totalement inacceptables.
Police du Northumbria
Un contexte explosif
Cette flambée de violence intervient dans un contexte particulièrement tendu, quelques jours seulement après le meurtre de trois fillettes par un adolescent de 17 ans dans la ville voisine de Southport. Ce drame avait déjà entraîné des affrontements entre la police et des groupes proches de l’extrême-droite, sur fond de rumeurs concernant l’identité et la religion du suspect.
Malgré un retour au calme précaire jeudi, les autorités redoutent un week-end explosif. Des rassemblements sont prévus dans plusieurs villes, notamment une marche pro-palestinienne à Londres ainsi qu’un rassemblement anti-immigration organisé par le mouvement “Enough is enough”.
La communauté musulmane inquiète
Les récents événements ont ravivé les craintes au sein de la communauté musulmane britannique. Après la prise pour cible d’une mosquée à Southport, de nombreux lieux de culte ont renforcé leur sécurité en prévision du week-end.
La communauté musulmane est profondément inquiète, avec ces rassemblements prévus partout au Royaume-Uni et visant spécifiquement les mosquées.
– Zara Mohammed, Muslim Council of Britain
La police a multiplié les rencontres avec les responsables musulmans pour les rassurer et leur prodiguer des conseils de sécurité. A Londres, la Metropolitan Police a annoncé un déploiement renforcé ce week-end pour “rassurer les communautés”.
Le spectre de l’extrême-droite
Les autorités craignent que ces événements tragiques ne soient instrumentalisés par des groupes d’extrême-droite pour attiser les tensions. Mercredi, une manifestation hostile à l’immigration avait déjà rassemblé plusieurs centaines de personnes devant Downing Street, se soldant par 111 arrestations.
Le Premier ministre Keir Starmer a affiché sa “fermeté” face à cette “haine d’extrême-droite” qui “alimente clairement” les violences. Il a assuré la police de son “soutien absolu” pour maintenir l’ordre dans cette période délicate.
Un week-end sous haute surveillance
Alors que le Royaume-Uni se prépare à vivre un week-end potentiellement explosif, les forces de l’ordre sont sur le qui-vive. Outre Londres, des renforts ont été déployés dans les zones les plus sensibles comme Liverpool, qui avait connu des heurts violents en marge d’une manifestation de l’English Defence League.
Les policiers s’attendent également à des rassemblements à Nottingham, Rotherham, Cardiff ou encore Belfast. L’enjeu pour les autorités sera de contenir les débordements éventuels, sans pour autant donner l’impression de museler la liberté d’expression.
Au-delà du maintien de l’ordre, c’est aussi le défi du “vivre-ensemble” qui se pose avec acuité. Dans une société britannique de plus en plus multiculturelle, ces événements mettent en lumière les fractures persistantes et la nécessité d’un dialogue apaisé. Le gouvernement aura fort à faire pour répondre aux inquiétudes légitimes, tout en combattant fermement le discours de haine.