La Suède a pris une mesure inédite et controversée dans sa lutte acharnée contre le crime organisé. Depuis vendredi, la police est autorisée à saisir des biens de luxe appartenant à des individus, même en l’absence de soupçon formel de crime. Une loi aux allures de choc frontale annoncée par le Premier Ministre, qui entend bien mettre les gangs criminels sous pression.
Des biens de luxe dans le viseur de la police
Le principe est simple mais radical. Si vous arborez des objets de luxe comme une voiture de sport hors de prix ou une montre en or, mieux vaut pouvoir justifier de leur acquisition licite. Dans le cas contraire, la police suédoise pourra s’en emparer, même en l’absence de tout soupçon formel de crime à votre encontre. La seule suspicion d’un lien avec des activités criminelles de gang suffira.
D’après une source proche du dossier, l’objectif est clair : asphyxier financièrement les gangs en les privant des symboles ostentatoires de leur richesse mal acquise. Le Premier ministre Ulf Kristersson a qualifié cette loi de «plus grande réforme depuis l’introduction du code pénal» en 1965. Un tournant assumé dans la lutte contre l’économie souterraine du crime, estimée entre 9 et 14 milliards d’euros par an en Suède.
Un outil de recrutement ciblé
Au delà de la valeur financière, ces biens de luxe servent aussi d’outils de recrutement pour les gangs, attirant les jeunes par l’appât du gain facile. En s’attaquant à ces symboles, le gouvernement espère tarir le vivier de nouveaux membres. Une stratégie qui cible même les moins de 15 ans, pourtant en dessous de l’âge de la responsabilité pénale, régulièrement utilisés comme hommes de main.
Nous savons que ces objets qui marquent un statut, comme les montres et les voitures, sont utilisés pour recruter des personnes dans des gangs criminels.
– Ulf Kristersson, Premier ministre suédois
Une année noire pour la criminalité en Suède
Cette nouvelle arme législative intervient dans un contexte particulièrement tendu. Selon des sources officielles, la Suède a connu une année 2023 sanglante avec 53 morts dans 363 fusillades, sur fond de règlements de comptes et de guerre de territoires pour le contrôle du trafic de drogues. Des chiffres records pour le pays scandinave, qui font craindre une banalisation de la violence des gangs.
La multiplication des attaques à l’explosif et des fusillades dans l’espace public, faisant régulièrement des victimes collatérales parmi les passants, a achevé de convaincre le gouvernement d’agir fort. Même les proches des membres de gangs sont désormais pris pour cible, signe d’une escalade inquiétante. Face à cette spirale, la Suède a décidé de muscler sa réponse, quitte à bousculer certains principes.
Une loi qui divise
Car cette nouvelle loi ne fait pas l’unanimité. Des voix s’élèvent pour dénoncer une atteinte à l’état de droit et aux principes fondamentaux de la justice, comme la présomption d’innocence. Les critères autorisant les perquisitions restent flous pour beaucoup, ouvrant la porte à de potentiels abus.
Nous construisons quelque chose qui ne fait pas partie des modèles traditionnels. Toutes les garanties de l’État de droit dans le cadre des affaires pénales ne sont évidemment pas présentes lorsque l’on agit en dehors du modèle traditionnel.
– Gunnar Strömmer, Ministre de la Justice suédois
Le ministre de la Justice lui-même reconnaît le caractère “offensif” de cette loi. Un mal nécessaire selon le gouvernement, qui entend bien redistribuer les cartes face à des gangs enhardis et de plus en plus violents. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits, sans franchir certaines lignes rouges. Une expérience à haut risque que beaucoup en Europe observeront avec attention.
La Suède joue gros avec ce nouveau dispositif. Si la traque des avoirs criminels semble légitime, la remise en question de principes fondamentaux de droit soulève de vives inquiétudes. Un équilibre périlleux que le gouvernement devra constamment réévaluer pour éviter les dérives. Car c’est bien la solidité de l’état de droit qui est en jeu. Et ça, les gangs l’ont bien compris aussi.
La multiplication des attaques à l’explosif et des fusillades dans l’espace public, faisant régulièrement des victimes collatérales parmi les passants, a achevé de convaincre le gouvernement d’agir fort. Même les proches des membres de gangs sont désormais pris pour cible, signe d’une escalade inquiétante. Face à cette spirale, la Suède a décidé de muscler sa réponse, quitte à bousculer certains principes.
Une loi qui divise
Car cette nouvelle loi ne fait pas l’unanimité. Des voix s’élèvent pour dénoncer une atteinte à l’état de droit et aux principes fondamentaux de la justice, comme la présomption d’innocence. Les critères autorisant les perquisitions restent flous pour beaucoup, ouvrant la porte à de potentiels abus.
Nous construisons quelque chose qui ne fait pas partie des modèles traditionnels. Toutes les garanties de l’État de droit dans le cadre des affaires pénales ne sont évidemment pas présentes lorsque l’on agit en dehors du modèle traditionnel.
– Gunnar Strömmer, Ministre de la Justice suédois
Le ministre de la Justice lui-même reconnaît le caractère “offensif” de cette loi. Un mal nécessaire selon le gouvernement, qui entend bien redistribuer les cartes face à des gangs enhardis et de plus en plus violents. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits, sans franchir certaines lignes rouges. Une expérience à haut risque que beaucoup en Europe observeront avec attention.
La Suède joue gros avec ce nouveau dispositif. Si la traque des avoirs criminels semble légitime, la remise en question de principes fondamentaux de droit soulève de vives inquiétudes. Un équilibre périlleux que le gouvernement devra constamment réévaluer pour éviter les dérives. Car c’est bien la solidité de l’état de droit qui est en jeu. Et ça, les gangs l’ont bien compris aussi.