En ces temps troublés, la Suède et la Finlande prennent des mesures sans précédent pour préparer leurs populations à l’éventualité d’un conflit armé. Alors que l’Ukraine lutte contre l’invasion russe, ces deux nations nordiques ont décidé d’alerter leurs citoyens sur les risques grandissants d’une guerre.
Cinq millions de brochures envoyées aux Suédois
La Suède a commencé lundi la distribution de cinq millions de brochures intitulées “En cas de crise ou de guerre” à l’ensemble de ses habitants. Ce fascicule de 32 pages, rédigé par l’agence suédoise des contingences civiles (MSB), contient des recommandations pratiques pour faire face à diverses situations de crise, telles que :
- La guerre
- Les catastrophes naturelles
- Les cyberattaques
Des instructions détaillées sont fournies, allant de la localisation des abris antiatomiques au choix des aliments à stocker, en passant par l’identification des sources d’information fiables. Le but : renforcer la résilience de la population face à une “situation sécuritaire grave“.
Un geste symbolique et historique
L’envoi massif de ces brochures n’est pas anodin. Il s’agit seulement de la cinquième fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’une telle mesure est prise. La dernière édition remonte à 2018, une première depuis 1961, au plus fort de la Guerre froide.
Ce geste reflète les inquiétudes croissantes de la Suède face à la menace russe, surtout depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022. Le pays scandinave, qui a rompu avec sa longue tradition de neutralité pour rejoindre l’OTAN, considère qu’un conflit n’est plus à exclure.
Nous devons nous préparer au pire – une attaque armée.
Des appels qui suscitent le débat
Ces mises en garde ont provoqué d’intenses débats au sein de la société suédoise, peu habituée aux réalités de la guerre. Le pays n’a en effet plus été impliqué dans un conflit armé depuis les guerres napoléoniennes.
Selon une source proche du dossier, l’ONG de défense des droits des enfants Bris a enregistré une hausse sensible des appels d’enfants préoccupés par la perspective d’une guerre, suite aux déclarations alarmistes de hauts responsables suédois en début d’année.
La Finlande emboîte le pas
Dans le même temps, la Finlande voisine, qui partage 1340 km de frontière avec la Russie, a lancé un site web prodiguant des conseils similaires de préparation aux crises pour ses citoyens.
Tout comme la Suède, la Finlande a récemment abandonné sa position de non-alignement militaire pour adhérer à l’OTAN, face à la menace grandissante que représente la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine.
Un nouveau paradigme géopolitique
Ces initiatives suédoises et finlandaises illustrent le changement profond du paysage sécuritaire en Europe depuis le début de la guerre en Ukraine. Elles témoignent de l’inquiétude grandissante des pays nordiques face aux ambitions expansionnistes de Moscou.
Reste à savoir si ces mesures suffiront à rassurer des populations qui redoutent de plus en plus l’éventualité d’un conflit majeur sur le Vieux Continent. Une chose est sûre : la guerre en Ukraine a rebattu les cartes géopolitiques et contraint chaque nation européenne à repenser sa stratégie de défense et de résilience face aux nouvelles menaces.