Lors d’une visite à Djibouti ce samedi, le président Emmanuel Macron a mis en avant le rôle essentiel de la présence militaire française dans ce petit pays de la Corne de l’Afrique pour le déploiement de la stratégie indo-pacifique de la France. Une visite hautement symbolique alors que Paris a dû récemment retirer ses troupes de plusieurs pays du continent.
Djibouti, pilier de la stratégie française en Indo-Pacifique
Face à son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, Macron a déclaré sans ambages : « Notre stratégie indo-pacifique réaffirmée, consolidée depuis le printemps 2018, ne pourrait se faire sans les forces françaises de Djibouti ». Le chef de l’État a ainsi réaffirmé l’importance géostratégique de ce territoire, véritable trait d’union entre l’Afrique et l’Asie, aux portes de l’océan Indien.
Une position que la France entend bien préserver alors qu’elle a dû revoir son dispositif militaire en Afrique ces derniers mois, contrainte de quitter le Mali, le Burkina Faso et en partie le Niger et le Tchad après l’arrivée au pouvoir de juntes hostiles à sa présence. Mais à Djibouti, la donne est différente comme l’a souligné Emmanuel Macron :
Djibouti ne participe pas de cette manœuvre d’ensemble parce que, depuis des décennies, la nature même de notre base ici, de nos opérations, est profondément différente.
Des intérêts économiques et stratégiques majeurs
Au-delà de la seule dimension sécuritaire, les ambitions françaises dans la zone indo-pacifique, qui concentre près de 60% du PIB mondial, sont en effet considérables. Paris y possède plusieurs territoires d’outre-mer comme la Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie ou la Polynésie. Autant de points d’appui précieux pour rayonner dans une région en plein essor, tirée par les géants chinois et indien.
Dans ce contexte, la base militaire française de Djibouti, forte de 1 500 hommes, est amenée à évoluer. Devant ses troupes, Macron a affirmé qu’elle allait se « réinventer » comme « point de projection » pour des « missions » en Afrique, signe que malgré les tensions récentes, la France n’entend pas abandonner le continent.
Un partenariat renforcé entre Paris et Djibouti
Cette visite aura également été l’occasion pour les deux pays de réaffirmer la solidité de leur relation bilatérale. Le président Guelleh a ainsi salué la « relation privilégiée » entre Paris et Djibouti, matérialisée par le renouvellement en juillet dernier du partenariat de défense qui lie les deux capitales.
Au-delà du volet militaire, ce déplacement a aussi permis la signature de plusieurs accords de coopération dans les domaines économiques et spatiaux, avec notamment la construction d’un nouvel aéroport et le développement d’une agence spatiale djiboutienne. Des annonces qui illustrent la volonté des deux pays de renforcer leurs liens dans de multiples secteurs.
La situation régionale également au menu
Impossible enfin pour les deux dirigeants de faire l’impasse sur les crises qui secouent actuellement la région. Emmanuel Macron a ainsi souligné « l’importance de la mise en œuvre d’un processus de dialogue pour mettre un terme au terrible conflit au Soudan », en proie depuis avril à une guerre sanglante entre l’armée et des paramilitaires.
Un appel qui fait écho à la position de l’Union Africaine et des pays voisins qui tentent depuis plusieurs semaines une médiation pour obtenir un cessez-le-feu durable et relancer le processus de transition politique au Soudan. Autant de défis régionaux face auxquels Djibouti apparaît plus que jamais comme un partenaire incontournable pour la France.