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Steve Witkoff : L’Homme de Confiance de Trump à Moscou

Qui est vraiment Steve Witkoff, ce milliardaire new-yorkais qui discute des heures avec Poutine et conseille Moscou sur la manière de plaire à Trump ? Ses propos sur l’Ukraine choquent, mais le président américain le défend bec et ongles. Jusqu’où ira cet ami de golf devenu négociateur en chef ?

Imaginez un magnat de l’immobilier new-yorkais, habitué aux tours de Manhattan et aux parties de golf avec Donald Trump, se retrouver soudain au cœur des négociations les plus sensibles de la planète. C’est l’incroyable trajectoire de Steve Witkoff, 68 ans, devenu en quelques mois l’un des hommes les plus influents – et les plus controversés – de l’entourage du président américain.

L’homme qui parle à Poutine plus que quiconque dans l’administration Trump

Tandis que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième année, un civil sans aucune expérience diplomatique préalable passe des heures avec Vladimir Poutine à Moscou. Ce civil, c’est Steve Witkoff. Il s’est rendu plusieurs fois en Russie cette année, multipliant les tête-à-tête marathon avec le maître du Kremlin à la recherche d’une issue au conflit.

Ses détracteurs y voient une proximité inquiétante. Ses partisans saluent l’efficacité d’un négociateur hors normes. Une chose est sûre : aucun membre de l’administration Trump n’a autant côtoyé le président russe ces derniers mois.

Des déclarations qui font polémique

En mars dernier, invité sur le podcast de Tucker Carlson, Steve Witkoff surprenait en déclarant : « Je ne considère pas Poutine comme étant un mauvais type ». Il ajoutait que la guerre en Ukraine était « une situation compliquée » avec de nombreux ingrédients historiques.

« C’est une situation compliquée, cette guerre, et tous les ingrédients qui y ont conduit. »

Steve Witkoff, mars 2025

Ces mots, prononcés par l’émissaire le plus actif auprès de Moscou, ont immédiatement suscité l’indignation de nombreux observateurs qui y ont vu une forme de complaisance envers le régime russe.

La conversation qui a tout fait basculer

Le véritable séisme intervient en novembre, quand une agence d’information révèle l’existence d’un enregistrement téléphonique daté du 14 octobre. On y entend Steve Witkoff s’entretenir avec Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine.

Dans cet échange confidentiel, l’Américain livre des conseils très précis sur la manière de présenter à Donald Trump un projet de règlement du conflit ukrainien. Il évoque notamment la nécessité d’inclure Donetsk et un échange territorial, des concessions majeures réclamées par Moscou.

Cet épisode place immédiatement l’émissaire sous le feu des critiques : un haut responsable américain semble-t-il coacher l’entourage russe pour obtenir l’aval du président des États-Unis ?

Donald Trump balaie pourtant les soupçons d’un revers de main, qualifiant cela de « technique standard de négociation ». Il loue au contraire la loyauté et l’efficacité de son ami de longue date.

De Gaza à Moscou : un rôle central dans les cessez-le-feu

Avant même l’investiture officielle de Donald Trump, Steve Witkoff était déjà au cœur des discussions pour un cessez-le-feu à Gaza. Associé à Jared Kushner, le gendre de l’ancien et nouveau président, il a contribué de manière décisive à l’accord entré en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas.

Présent à Doha lors des dernières négociations, il n’a pas hésité à se rendre en urgence en Israël – interrompant même le shabbat du Premier ministre – pour faire aboutir les discussions. Une détermination qui force le respect, même chez ceux qui critiquent ses méthodes.

Quelques jours après la victoire électorale de Trump, le 12 novembre, Steve Witkoff est officiellement nommé émissaire pour le Moyen-Orient. Son titre évoluera rapidement pour devenir envoyé spécial pour les missions de paix, reflétant l’élargissement de son champ d’action.

D’avocat d’affaires à négociateur planétaire

Né le 15 mars 1957 dans le Bronx, Steve Witkoff grandit loin des couloirs de la diplomatie. Diplômé de l’université Hofstra, il commence comme avocat d’affaires avant de se lancer dans l’immobilier.

En 1997, il fonde le Witkoff Group, une société new-yorkaise qui développe, investit et gère des biens de prestige. Le succès est au rendez-vous : il devient milliardaire, à l’image de son futur mentor Donald Trump, avec qui il partage la passion du golf et des grandes transactions.

Mais la vie ne l’a pas épargné. En 2011, il perd tragiquement l’un de ses fils, âgé de 22 ans, des suites d’une overdose d’opioïdes. Un drame qui marquera profondément l’homme derrière le négociateur.

Un style qui détonne dans le monde diplomatique

Ce qui frappe chez Steve Witkoff, c’est son absence totale de filtre. Là où les diplomates de carrière pèsent chaque mot, lui parle cash. Un franc-parler hérité des salles de négociation immobilière, où l’on conclut ou l’on passe à autre chose.

Ses partisans y voient son principal atout : un homme qui dit les choses, qui va droit au but, sans les circonvolutions habituelles du Quai d’Orsay ou du Département d’État. Ses détracteurs, eux, craignent que cette liberté de ton ne franchisse parfois la ligne rouge.

Un duo avec Jared Kushner qui rappelle les heures fastes

À Moscou comme à Doha, on voit souvent Jared Kushner dans le sillage de Steve Witkoff. Le gendre de Trump, déjà architecte des Accords d’Abraham lors du premier mandat, forme avec le magnat de l’immobilier un duo inattendu mais redoutablement efficace.

Leur présence conjointe dans les capitales sensibles rappelle les méthodes du premier mandat Trump : contourner les circuits traditionnels, privilégier les canaux personnels, miser sur la relation de confiance plutôt que sur la bureaucratie.

Un avenir diplomatique encore flou

Mardi, Steve Witkoff était de nouveau à Moscou. Les caméras l’ont aperçu entrant au Kremlin pour une nouvelle série de discussions. Ce qui s’y est dit reste confidentiel, mais une chose est certaine : tant que Donald Trump fera confiance à son ami de golf, Steve Witkoff restera l’un des hommes les plus écoutés – et les plus scrutés – de la planète.

Entre admiration pour ses résultats et inquiétudes sur ses méthodes, l’ascension fulgurante de ce néophyte absolu en diplomatie illustre parfaitement le style Trump : miser sur la loyauté, la rapidité et les réseaux personnels plutôt que sur l’expérience institutionnelle.

Reste à savoir si cette approche portera ses fruits sur les deux conflits les plus explosifs de la planète. Pour l’instant, une seule certitude : Steve Witkoff n’a pas fini de faire parler de lui.

En résumé : Un milliardaire sans expérience diplomatique, ami personnel de Donald Trump, discute directement avec Poutine et conseille Moscou sur la manière de négocier avec Washington. Une méthode qui divise mais qui, pour l’instant, place Steve Witkoff au centre du jeu géopolitique mondial.

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