C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre dans la saga politico-judiciaire entourant Donald Trump et ses proches. Steve Bannon, l’ancien conseiller controversé de l’ex-président américain, a franchi lundi les portes d’une prison fédérale pour purger une peine de 4 mois. Son crime ? Avoir refusé de coopérer avec la commission d’enquête de la Chambre des représentants sur l’assaut meurtrier du Capitole le 6 janvier 2021.
Un “prisonnier politique” autoproclamé
Avant de disparaître derrière les barreaux, Steve Bannon a tenu à faire une dernière déclaration fracassante, se présentant comme un “prisonnier politique” fier d’aller en prison pour “tenir tête à Joe Biden”. Une posture qui en dit long sur la défiance persistante de la galaxie trumpiste envers les institutions démocratiques américaines.
Pourtant, les faits sont têtus. Condamné en octobre dernier pour entrave aux prérogatives d’enquête du Congrès, Steve Bannon a joué un rôle trouble dans les événements ayant précédé l’attaque du siège de la démocratie américaine. La veille de l’insurrection, il avait notamment prédit que “tout l’enfer” allait se déchaîner.
L’enquête parlementaire entravée
En refusant de répondre aux convocations des enquêteurs, l’ancien conseiller de Trump a clairement cherché à faire obstruction à la manifestation de la vérité. Un comportement d’autant plus troublant que des échanges téléphoniques entre lui et le président sortant ont été établis le jour même de l’assaut. De quoi attiser les soupçons sur une possible coordination visant à contester les résultats de l’élection présidentielle de novembre 2020.
Je suis fier d’aller en prison aujourd’hui (…) si c’est ce qu’il faut pour tenir tête à Joe Biden.
Steve Bannon, avant son incarcération
La mouvance trumpiste galvanisée
Loin d’être abattu, Steve Bannon entend bien continuer à peser sur la vie politique américaine depuis sa cellule. Via son podcast “War Room”, il promet de tout faire pour favoriser la réélection de Donald Trump en 2024. Son incarcération risque même de galvaniser ses partisans, prompts à dénoncer une “persécution politique”.
En se félicitant des récents succès électoraux de l’extrême droite en Europe, Bannon cherche aussi à inscrire le trumpisme dans un mouvement populiste occidental plus large. Une rhétorique qui fait écho à sa volonté de fédérer les “patriotes” du monde entier contre les élites établies.
La justice américaine sous pression
Pendant ce temps, la justice américaine continue son travail, malgré les tentatives répétées de la défense trumpiste pour retarder les échéances. Le report du procès pénal de l’ex-président, récemment décidé par la Cour suprême, en est une nouvelle illustration.
Mais avec l’incarcération de Steve Bannon, et celle de Peter Navarro, un autre ancien conseiller de Trump, pour des motifs similaires, un message clair est envoyé : personne n’est au-dessus des lois, fusse un proche de l’ancien locataire de la Maison Blanche. Un principe cardinal de l’État de droit que les soubresauts politiques ne doivent pas faire vaciller.