Les eaux sont pour le moins agitées au sein du parti Reconquête! ces derniers jours, tout particulièrement dans la cité phocéenne. Au cœur de la tourmente : le sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier, proche de longue date de Marion Maréchal, récemment exclue du mouvement fondé par Éric Zemmour. Pris en étau entre sa loyauté envers son amie et son engagement politique, l’avenir de l’élu marseillais semble plus qu’incertain.
Marion Maréchal, l’étincelle qui met le feu aux poudres
Tout a commencé jeudi dernier, lorsqu’Éric Zemmour a annoncé l’exclusion pure et simple de Marion Maréchal de Reconquête!, jugeant sa démarche de soutenir une “Union nationale” incompatible avec la ligne du parti. Une décision lourde de conséquences, qui n’a pas manqué de faire réagir Stéphane Ravier.
Dans un communiqué publié dans la foulée sur les réseaux sociaux, le sénateur a exprimé son soutien appuyé à Marion Maréchal, déplorant “cet immense gâchis” et appelant à voter pour “l’intégralité des candidats de cette coalition des droites” aux prochaines élections législatives. Une prise de position on ne peut plus claire, qui place Stéphane Ravier dans une situation pour le moins délicate vis-à-vis de son parti.
Stéphane Ravier, un avenir en pointillé chez Reconquête!
Si la direction de Reconquête! n’a pas encore officiellement réagi, il ne fait guère de doute que la sortie de Stéphane Ravier sera loin de passer inaperçue. Selon nos informations, des discussions seraient déjà en cours en coulisses pour statuer sur le cas du sénateur marseillais. “On va discuter avec lui”, glisse ainsi un cadre du mouvement, laissant entendre que des sanctions pourraient être prises si Stéphane Ravier campe sur ses positions.
D’autant que l’homme est loin d’être isolé localement. Son bras droit, Antoine Baudino, a d’ores et déjà démissionné de son poste de chef départemental de Reconquête!, et d’autres cadres pourraient suivre dans les prochains jours. De quoi fragiliser encore un peu plus l’implantation déjà précaire du parti à Marseille.
Entre le marteau et l’enclume
Pour Stéphane Ravier, l’équation s’annonce en tout cas complexe à résoudre. Reste-t-il fidèle à Marion Maréchal, quitte à tourner définitivement le dos à Reconquête! ? Ou se range-t-il derrière Éric Zemmour, au risque de se mettre à dos une partie de sa base électorale ? Le sénateur, en fin politique, va devoir jouer serré pour ne pas se retrouver totalement marginalisé.
J’ai à plusieurs reprises tenté d’apaiser les tensions avec Éric Zemmour.
Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône
Une chose est sûre : cette nouvelle crise, qui intervient à un an seulement des élections législatives, tombe au plus mal pour Reconquête!. Déjà minée par des dissensions internes et des résultats électoraux en demi-teinte, la formation d’extrême-droite pourrait se payer cher ces déchirements sur la scène politique marseillaise. Et offrir, par ricochet, un boulevard à ses concurrents.
Les Républicains et le Rassemblement national à l’affût
Car dans ce marasme ambiant, certains pourraient être tentés de venir pêcher en eaux troubles. Au premier rang desquels Les Républicains et le Rassemblement national, qui convoitent tous deux ardemment la mairie de Marseille. Si le contexte semble a priori favorable à un rapprochement avec une partie de l’électorat de Reconquête!, l’exercice s’annonce cependant périlleux. Plusieurs cadres locaux de la droite et de l’extrême-droite marseillaises craignent en effet qu’un tel scénario n’apparaisse trop opportuniste et ne déstabilise leur propre base.
Quoiqu’il en soit, une chose est sûre : Stéphane Ravier et, à travers lui, l’ensemble du paysage politique marseillais, n’ont pas fini de faire parler d’eux. Et alors que les législatives approchent à grands pas, tous les coups pourraient être permis dans la bataille pour décrocher le précieux sésame de député. Marseille, terre d’élection des luttes fratricides à l’extrême-droite ? Les prochaines semaines nous le diront.
