Le géant automobile Stellantis a donné des gages rassurants au gouvernement italien cette semaine sur l’avenir de sa production transalpine. Lors d’une table ronde réunissant des ministres et des représentants syndicaux, le groupe s’est engagé à maintenir toutes ses usines en activité dans la péninsule et à augmenter leur production à partir de 2026 grâce à de nouveaux modèles.
Un engagement fort après des années de relations tendues entre Rome et Carlos Tavares, l’ancien patron de Stellantis qui n’avait eu de cesse de réclamer davantage d’aides publiques. Le constructeur automobile semble vouloir tourner la page et inaugurer une nouvelle ère de collaboration avec les autorités italiennes.
6 milliards d’investissements prévus en Italie
Pour prouver sa bonne volonté, Stellantis a annoncé un plan ambitieux d’investissements dans la Botte :
- 2 milliards d’euros investis en 2025
- 6 milliards d’euros d’achats auprès de fournisseurs italiens
- Aucune aide publique demandée, tout sera financé sur fonds propres
De quoi soulager le gouvernement de Giorgia Meloni qui s’était alarmé des délocalisations opérées par le groupe vers des pays à bas coûts ces dernières années, mettant en péril l’emploi dans les usines italiennes. Le ministre des Entreprises Adolfo Urso s’est ainsi félicité que ce plan « place l’Italie au centre de la stratégie de Stellantis ».
Chaque site aura un plan de charge jusqu’en 2032
Jean-Philippe Imparato, le directeur Europe de Stellantis, a assuré que chaque usine disposera désormais d’un plan de production couvrant les prochaines années jusqu’en 2032, avec l’arrivée de nouveaux modèles :
- Nouvelle plateforme dédiée aux compactes électriques à Pomigliano d’Arco dès 2028
- Maintien de la Fiat Panda jusqu’en 2030 puis nouvelle génération
- Trois nouveaux modèles prévus à Cassino
- Versions électriques et hybrides de la Jeep Compass, Lancia Gamma et DS7 à Melfi
De quoi redonner des perspectives à des sites souvent en sous-régime ces derniers temps. Malgré tout, la production de Stellantis en Italie a chuté de près d’un tiers sur les 9 premiers mois de 2024 à 387 000 véhicules. La fédération syndicale FIM-CISL s’attend à moins de 500 000 unités sur l’ensemble de l’année.
L’objectif du million de véhicules s’éloigne
M. Imparato a reconnu que 2025 serait encore « une année dure et difficile » avec une production similaire à 2024 avant un rebond de 50% espéré en 2026. Mais l’objectif d’un million de véhicules produits en Italie d’ici 2030, arraché in extremis par Rome à Carlos Tavares en juillet 2023, semble désormais bien compromis.
Comme d’autres grands constructeurs, Stellantis traverse une passe délicate après des années fastes. En cause notamment : l’essoufflement des ventes de véhicules électriques en Europe depuis fin 2023, faute de modèles abordables. Un défi de taille pour le groupe qui mise gros sur l’électrification.
Des garanties aussi pour la France
Parallèlement à ses engagements transalpins, Stellantis a aussi voulu rassurer Paris sur son ancrage dans l’Hexagone. Reçu par Emmanuel Macron, John Elkann, le président du groupe, a souligné « sa volonté de continuer à soutenir les usines françaises ».
Mais pour l’heure, c’est bien le dossier italien qui cristallise toutes les attentions. En donnant des gages à Rome, Stellantis espère pacifier ses relations avec le gouvernement Meloni et se donner les moyens de redresser la barre dans la péninsule. La tâche s’annonce ardue mais l’enjeu est crucial pour préserver l’équilibre européen du groupe.