Le monde de l’automobile est sous le choc. Ce lundi matin, l’action du groupe Stellantis dévissait de plus de 7% à la Bourse de Paris suite à l’annonce surprise de la démission de son directeur général emblématique Carlos Tavares. Un véritable coup de tonnerre qui fait trembler tout un secteur déjà en proie à de profondes mutations.
Les dessous d’un départ inattendu
L’annonce est tombée tel un couperet dimanche soir : Carlos Tavares, l’homme fort de Stellantis, quitte le navire « avec effet immédiat ». Selon des sources proches du dossier, des désaccords stratégiques seraient à l’origine de ce divorce soudain entre le dirigeant portugais de 66 ans et le conseil d’administration du géant automobile né de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler.
Connu pour son franc-parler et son style de management sans concession, Carlos Tavares n’aurait pas apprécié les réticences de sa direction concernant un potentiel rapprochement avec un autre grand constructeur, une option qu’il souhaitait garder sur la table afin d’atteindre une taille critique dans un marché en plein bouleversement.
Une succession à hauts risques
Si un processus de nomination d’un nouveau directeur général est déjà « en bonne voie » selon Stellantis, le timing de cette crise de gouvernance n’en reste pas moins périlleux. Le groupe aux 14 marques doit en effet accélérer sa transition vers l’électrique et faire face à une concurrence exacerbée, notamment des nouveaux acteurs chinois et des géants de la tech.
Trouver un successeur capable de poursuivre la stratégie initiée par Carlos Tavares tout en insufflant une nouvelle dynamique sera un véritable défi.
– Analyste du secteur
L’héritage contrasté de Carlos Tavares
Véritable cost-killer, Carlos Tavares a su redresser PSA puis faire de Stellantis une machine à cash grâce à une optimisation drastique des coûts. Un style qui a fait ses preuves mais qui a aussi montré ses limites ces derniers mois :
- Bénéfices en chute de 50% au premier semestre 2024
- Marges sous pression, notamment en Amérique du Nord
- Qualité des véhicules pointée du doigt
Autant de signaux inquiétants pour le roi de la marge opérationnelle qui s’était fixé un objectif à deux chiffres pour 2024, finalement abandonné. Un premier accroc dans le parcours sans faute de celui qu’on surnommait « Mister Fix It » et qui laisse aujourd’hui Stellantis orphelin de son patron historique à un moment charnière de son histoire.
Un secteur sous haute tension
Au-delà du cas Stellantis, c’est tout le secteur automobile qui retient son souffle. Entre transition énergétique forcée, pénurie de composants, explosion des coûts et révolution des usages, les défis s’accumulent pour des constructeurs traditionnels fragilisés :
| Entreprise | Cours de bourse | Évolution sur 1 an |
| Renault | 31,45 € | -19,8% |
| Volkswagen | 128,76 € | -35,4% |
Dans ce contexte incertain, la brutale sortie de route de Carlos Tavares fait figure d’avertissement. L’industrie automobile mondiale joue son avenir dans la décennie à venir et les prochains virages s’annoncent décisifs. Un faux pas et c’est toute la filière qui pourrait se retrouver sur la touche.
