Quand le rideau s’ouvre sur le Festival de Cannes, les projecteurs ne se contentent pas d’éclairer les stars et leurs créations. En 2025, un cri retentit, porté par des voix influentes du cinéma mondial. Pourquoi le monde de la culture reste-t-il muet face à une tragédie humaine d’une ampleur dévastatrice ? Des figures comme Pedro Almodóvar, Susan Sarandon ou encore Javier Bardem ont décidé de briser ce silence, dénonçant ce qu’ils qualifient de génocide à Gaza. Leur tribune, publiée en marge de l’ouverture du festival, secoue les consciences et interroge : le cinéma, miroir des luttes sociales, peut-il encore fermer les yeux ?
Ce n’est pas seulement un appel à l’action, mais une remise en question profonde du rôle des artistes face à l’horreur du réel. À travers cet article, nous explorons les raisons de leur indignation, le contexte de cette crise, et ce que leur geste pourrait changer dans le paysage culturel et politique. Préparez-vous à plonger dans un sujet brûlant, où l’art et l’engagement se rencontrent pour défier l’indifférence.
Un Cri d’Indignation à Cannes
Le Festival de Cannes, rendez-vous incontournable du cinéma mondial, est souvent perçu comme un écrin de glamour et de créativité. Mais en 2025, il devient le théâtre d’un message bien plus grave. Une tribune signée par près de 380 artistes, dont des réalisateurs et acteurs de renom, met des mots sur une réalité insoutenable : la situation à Gaza. Ce texte, publié le jour de l’ouverture du festival, ne mâche pas ses mots, accusant le monde culturel de passivité face à une crise humanitaire sans précédent.
« Nous, artistes et acteur.ice.s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux.se.s tandis qu’un génocide est en cours à Gaza. »
Tribune des artistes, 2025
Parmi les signataires, des noms qui résonnent : le cinéaste espagnol Pedro Almodóvar, connu pour ses œuvres vibrantes et humaines, l’actrice américaine Susan Sarandon, figure de l’activisme, ou encore Ruben Östlund, double lauréat de la Palme d’or. Leur message est clair : le cinéma, qui a toujours porté des récits de lutte et de résilience, ne peut ignorer ceux qui souffrent dans l’ombre.
Gaza : Une Crise Humanitaire Ignorée ?
Pour comprendre l’ampleur de leur indignation, il faut se pencher sur le contexte. Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a coûté la vie à plus de 1 200 personnes en Israël, majoritairement des civils, la réponse israélienne a transformé Gaza en un champ de ruines. Selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l’ONU, les bombardements et la famine ont fait plus de 52 000 morts, principalement des civils. Des ONG comme Amnesty International parlent d’actes relevant du génocide, une accusation qu’Israël rejette fermement.
La situation est d’autant plus dramatique que l’accès à l’aide humanitaire est quasi inexistant. Les hôpitaux sont débordés, les écoles détruites, et la famine menace des centaines de milliers de personnes. Face à ce tableau, les artistes s’interrogent : pourquoi cette tragédie ne mobilise-t-elle pas davantage ?
Chiffres clés de la crise :
- 52 862 morts à Gaza, selon les autorités locales.
- 1 218 victimes en Israël lors de l’attaque du 7 octobre 2023.
- Plus de 90 % des habitants de Gaza déplacés.
Le Cinéma, Reflet des Luttes
Le cinéma a toujours été un espace où les injustices trouvent une voix. Des films comme Schindler’s List ou Hotel Rwanda ont marqué les esprits en mettant en lumière des drames humains. Pourtant, les signataires de la tribune déplorent que le monde du cinéma semble aujourd’hui désintéressé par la réalité de Gaza. Ils citent l’exemple de la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, tuée dans un bombardement en avril 2025, avec dix membres de sa famille, dont sa sœur enceinte.
Son documentaire, projeté à Cannes, est un symbole de résistance. Mais pour les artistes, il ne suffit pas de programmer des œuvres : il faut agir. « Le cinéma se doit de porter leurs messages », insistent-ils, appelant à une mobilisation collective pour soutenir les créateurs palestiniens.
Des Absences Qui Font Bruit
La tribune ne se contente pas de dénoncer la situation à Gaza : elle pointe aussi les silences complices. L’Académie des Oscars, par exemple, est critiquée pour son manque de soutien envers Hamdan Ballal, un cinéaste palestinien attaqué par des colons israéliens peu après avoir remporté un Oscar pour son documentaire No Other Land. Ce silence, pour les signataires, est une honte.
« Une telle passivité nous fait honte. »
Tribune des artistes, 2025
Autre absence remarquée : celle de l’actrice française Juliette Binoche, présidente du jury de Cannes 2025. Initialement annoncée parmi les signataires, son nom a mystérieusement disparu de la version finale de la tribune. Ce retrait, volontaire ou non, alimente les spéculations sur les pressions qui pourraient peser sur les artistes souhaitant s’exprimer.
Pourquoi Ce Silence Culturel ?
Le silence du monde culturel face à Gaza n’est pas un phénomène isolé. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer :
- Peur des représailles : Prendre position sur un sujet aussi polarisant peut entraîner des critiques virulentes, voire des sanctions professionnelles.
- Complexité du conflit : La guerre israélo-palestinienne divise profondément, rendant difficile une parole unanime.
- Priorités divergentes : Dans un monde saturé d’informations, d’autres crises accaparent l’attention.
Pourtant, les signataires refusent ces excuses. Ils rappellent que le cinéma, par sa portée universelle, a le pouvoir de changer les consciences. En restant muet, il trahit sa mission.
Un Appel à l’Action
La tribune ne se contente pas de dénoncer : elle propose des pistes concrètes. Parmi elles :
Que faire pour agir ?
- Amplifier les voix palestiniennes en programmant davantage leurs œuvres.
- Exiger des institutions culturelles un soutien clair aux artistes victimes de violences.
- Organiser des débats publics pour sensibiliser à la crise.
Cet appel résonne d’autant plus fort qu’il intervient à un moment clé : le Festival de Cannes, suivi par des millions de personnes, offre une tribune mondiale. Les artistes espèrent que leur geste incitera d’autres secteurs à sortir de leur réserve.
Quel Impact pour l’Avenir ?
Difficile de prédire si cette tribune marquera un tournant. Déjà, elle suscite des débats enflammés, certains saluant le courage des signataires, d’autres dénonçant une prise de position biaisée. Ce qui est certain, c’est que le sujet de Gaza ne peut plus être ignoré dans les cercles culturels.
En plaçant cette crise au cœur de Cannes, les artistes rappellent une vérité essentielle : le cinéma n’est pas seulement un divertissement, mais un acte politique. Leur cri pourrait inspirer une nouvelle génération de créateurs à s’engager, transformant les écrans en espaces de résistance.
Au-delà des paillettes et des tapis rouges, cette tribune nous invite à réfléchir : que faisons-nous, nous spectateurs, face à l’indifférence ? La réponse, peut-être, commence par écouter ces voix qui refusent de se taire.