Un drame choquant s’est produit dimanche dernier au stade du 3-Avril de N’Zérékoré, dans le sud-est de la Guinée. Lors d’un match de football, un mouvement de foule a causé la mort de nombreux supporteurs venus assister à la rencontre. Mais combien sont-ils réellement à avoir perdu la vie dans cette tragédie ? C’est la question qui divise aujourd’hui en Guinée.
Le Gouvernement Annonce 56 Victimes, Un Bilan Contesté
Selon le bilan officiel communiqué par le gouvernement guinéen, dominé par les militaires au pouvoir depuis 2021, cette bousculade aurait fait 56 morts. Un chiffre provisoire qui a rapidement été remis en question par différents acteurs locaux.
En effet, un collectif d’organisations de défense des droits humains basé à N’Zérékoré a affirmé lors d’une déclaration publique que le nombre de victimes serait en réalité bien plus élevé. S’appuyant sur des informations recueillies auprès de diverses sources comme l’hôpital, des témoins, des familles de victimes ou encore des responsables de quartiers, ils estiment que ce sont 135 personnes, majoritairement des enfants de moins de 18 ans, qui auraient perdu la vie dans ce drame.
Des Voix S’Élèvent Pour Réclamer La Vérité
Face à ces chiffres divergents, d’autres organisations montent au créneau. Les Forces vives de Guinée, un collectif de partis et d’associations d’opposition, évoque pour sa part une centaine de morts causés par cette bousculade tragique. De son côté, le Conseil supérieur de la diaspora, qui regroupe des Guinéens vivant à l’étranger, va encore plus loin en parlant de 300 personnes décédées, principalement des jeunes et des adolescents, ainsi que des centaines de blessés dont certains dans un état grave.
On raconte n’importe quoi.
Un haut responsable du système sanitaire local, souhaitant garder l’anonymat, maintient le bilan officiel
Mais malgré ces allégations, un haut responsable du système de santé dans la région, joint par l’AFP et préférant rester anonyme, s’en tient lui au chiffre communiqué par les autorités. Il rejette les autres bilans évoqués, les qualifiant de rumeurs infondées.
L’Opacité, Un Obstacle Récurrent En Guinée
Comme souvent dans ce genre de drames en Guinée, la vérité semble difficile à établir. L’absence d’une information centralisée et une certaine opacité, qu’elle soit volontaire ou non, sont des freins récurrents dans le pays. Obtenir un bilan précis et fiable relève parfois du parcours du combattant.
Selon des témoignages recueillis, cette bousculade meurtrière aurait été provoquée par :
- Des protestations contre des décisions arbitrales
- Un envahissement du terrain par des supporteurs mécontents
- L’usage massif de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre tentant de rétablir l’ordre
Un cocktail explosif qui a malheureusement conduit à ce drame humain de grande ampleur. Dès dimanche, des médecins avaient suggéré à l’AFP que le bilan serait plus lourd que celui officiellement annoncé. Aujourd’hui, le doute persiste et de nombreuses voix s’élèvent pour demander la transparence et la vérité sur le nombre exact de victimes.
Tristesse Et Colère Mêlées
Au-delà des chiffres, c’est tout un pays qui est en deuil. Des familles endeuillées qui réclament des réponses. Des supporteurs sous le choc qui ne comprennent pas comment une telle tragédie a pu se produire. Et une colère sourde qui gronde, beaucoup pointant du doigt la responsabilité des autorités et des forces de l’ordre dans ce drame.
Une enquête a été ouverte par le gouvernement pour faire la lumière sur les circonstances exactes de cette bousculade et établir les responsabilités. Mais pour de nombreux Guinéens, le mal est fait et la confiance rompue. Ils attendent maintenant des actes forts et des décisions à la hauteur du drame qui a frappé le pays.
Au-delà de la Guinée, c’est aussi une nouvelle tragédie qui vient rappeler les dangers des mouvements de foule dans les enceintes sportives. Un phénomène malheureusement récurrent qui a déjà causé de trop nombreuses victimes à travers le monde. Il est urgent que des mesures soient prises pour renforcer la sécurité des stades et éviter que de tels drames ne se reproduisent.
En attendant, la Guinée pleure ses morts et tente de panser ses plaies. Un deuil national a été décrété pour rendre hommage aux victimes de cette tragédie. Les drapeaux sont en berne, les visages sont graves. Le pays est uni dans la douleur mais aussi dans la volonté de comprendre et d’obtenir la vérité sur ce drame qui restera à jamais gravé dans les mémoires.