En France, l’utilisation intensive de pesticides dans l’agriculture soulève depuis longtemps des inquiétudes quant à leurs effets sur la santé des agriculteurs et de leur entourage. Pour répondre à cette problématique, le fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) a été créé il y a plusieurs années. Cependant, malgré son importance, ce dispositif reste encore trop méconnu.
Un nombre de demandes d’indemnisation stable en 2023
Selon le dernier rapport de la Mutualité Sociale Agricole (MSA), le FIVP a reçu 681 nouvelles demandes en 2023, un chiffre quasiment identique à celui de 2022. Depuis le lancement du dispositif, 72% des dossiers ont donné lieu à une indemnisation. Parmi les demandes de 2023, 671 émanaient de personnes directement exposées dans le cadre de leur activité professionnelle.
La connaissance de l’existence et de l’action du fonds est encore insuffisante. On constate des disparités géographiques dans les taux de recours.
– Laurent Habert, président du conseil de gestion du FIVP
Les secteurs agricoles et pathologies les plus touchés
Certaines filières agricoles sont surreprésentées parmi les demandeurs, en raison d’une exposition historiquement plus importante aux pesticides :
- Cultures céréalières et légumineuses
- Polyculture et élevage
- Viticulture, du fait des traitements à base d’arsenic utilisés jusqu’en 2001
- Arboriculture fruitière, notamment aux Antilles avec le chlordecone
Les pathologies les plus fréquemment reconnues comme maladies professionnelles liées aux pesticides sont :
- Cancer de la prostate
- Maladie de Parkinson
- Lymphomes non hodgkiniens
- Cancer du poumon
Des actions de sensibilisation pour mieux faire connaître le FIVP
Pour pallier le manque de notoriété du fonds, des campagnes d’information ont été menées localement, notamment dans le Maine-et-Loire et aux Antilles. Elles ont permis une augmentation significative du nombre de dossiers dans ces zones.
Néanmoins, des progrès restent à faire pour rendre le dispositif plus accessible, en particulier dans les territoires d’outre-mer touchés par le scandale du chlordécone. Le parcours des victimes, de la constitution du dossier jusqu’à l’indemnisation, doit être simplifié et fluidifié.
Le combat pour la reconnaissance et la réparation des dommages causés par les pesticides est loin d’être terminé. Une meilleure diffusion de l’information sur le FIVP apparaît indispensable pour que toutes les victimes puissent faire valoir leurs droits. Au-delà, c’est toute la question de l’usage des pesticides dans l’agriculture qui doit être repensée pour protéger la santé des travailleurs et des populations.