Deux mois seulement après l’élection historique d’un président de gauche, le Sri Lanka retourne aux urnes ce jeudi pour un scrutin législatif crucial. Le nouveau chef d’État, Anura Kumara Dissanayake, 55 ans, espère que sa coalition remportera une large victoire afin de pouvoir mettre en œuvre ses ambitieuses promesses de réformes.
Marxiste de formation reconverti à l’économie de marché, M. Dissanayake a été facilement élu en septembre à la tête d’un pays épuisé par la pire crise économique de son histoire. Il s’est engagé à réduire les taxes sur les produits de première nécessité et à éradiquer la corruption endémique qui gangrène le pays.
Un paysage politique bouleversé
Emmenée par le Front de libération du peuple (JVP), parti du président qui arbore toujours fièrement la faucille et le marteau communistes, la coalition au pouvoir ne dispose actuellement que de 3 sièges sur les 225 que compte le Parlement. Mais les analystes prédisent une large victoire aux forces présidentielles lors de ce scrutin anticipé.
L’opposition est morte. Le résultat du scrutin est une affaire classée : le NPP (coalition présidentielle) formera le prochain gouvernement.
– Kusal Perera, analyste politique
Fort du soutien des milieux économiques, rassurés par son intention de ne pas remettre en cause le plan d’aide négocié avec le FMI, M. Dissanayake a toutefois exprimé sa volonté d’en renégocier certaines clauses. Son objectif : donner un peu d’air à une population sri-lankaise durement éprouvée par des mois de pénuries et une inflation galopante.
L’ombre de la crise économique
Rappelons qu’en 2022, l’économie du Sri Lanka s’est effondrée, contraignant le gouvernement à faire défaut sur une dette publique de 46 milliards de dollars. S’en sont suivies des manifestations massives contre les pénuries et l’inflation, qui ont finalement eu raison de l’ancien président Gotabaya Rajapaksa en juillet dernier.
Pour obtenir une aide de 2,9 milliards de dollars du FMI, son successeur Ranil Wickremesinghe avait dû se résoudre à de douloureuses hausses d’impôts et à des coupes claires dans les dépenses publiques. Des mesures d’austérité qui ont certes permis à l’économie de reprendre quelques couleurs, mais dont la situation demeure encore précaire.
Quel avenir pour le Sri Lanka ?
Dans les bureaux de vote qui ont ouvert ce matin à Colombo, les électeurs sri-lankais ont donc un choix crucial à faire. Donner une majorité franche au nouveau président pour lui permettre d’engager le pays sur la voie des réformes promises. Ou au contraire compliquer sa tâche en votant pour une opposition disparate et affaiblie.
Une chose est sûre : après des années de crise et d’instabilité, les attentes de la population sont immenses. Il reviendra au prochain gouvernement, quel qu’il soit, de ne pas décevoir les espoirs de tout un peuple en quête d’un avenir meilleur. Les premiers résultats du scrutin sont attendus dès demain et permettront d’y voir plus clair sur la direction que prendra le Sri Lanka dans les mois et années à venir.