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Sri Lanka : Le chef de la gauche en passe de remporter la présidentielle

Coup de tonnerre attendu à la présidentielle au Sri Lanka : le chef de la gauche Anura Kumara Dissanayaka serait en passe de l'emporter avec 52% des suffrages, deux ans après la grave crise financière qui a secoué l'île...

Au Sri Lanka, un séisme politique est en passe de se produire : selon des résultats partiels portant sur plus d’un million de bulletins dépouillés, Anura Kumara Dissanayaka, le chef de la coalition de gauche, obtiendrait 52% des voix à l’élection présidentielle. Ce marxiste repenti de 55 ans, surnommé “AKD” par ses partisans, devance très largement le président sortant Ranil Wickremesinghe et le chef de l’opposition au Parlement Sajith Premadasa.

Un rejet cinglant de la politique d’austérité

Cette victoire, si elle se confirme, sonnerait comme un désaveu cinglant de la cure d’austérité brutale imposée au pays par Ranil Wickremesinghe depuis deux ans, après la crise financière sans précédent qui a étranglé l’île en 2022. En échange d’une aide de 2,9 milliards de dollars du FMI, le président sortant a serré la ceinture des 22 millions de Sri Lankais, avec hausses d’impôts et réductions des dépenses publiques à la clé.

Il faut du changement dans ce pays. La gabegie des fonds publics au profit de la classe politique doit cesser.

– Mohamed Siraj Razik, un électeur de 43 ans

Mais cette politique de redressement s’est faite au prix d’une explosion de la pauvreté, qui touche désormais plus d’un quart de la population selon la Banque mondiale. De nombreux électeurs ont exprimé samedi leur ras-le-bol face aux restrictions qui leur sont imposées depuis deux ans.

Un parti marxiste converti à l’économie de marché

Anura Kumara Dissanayaka dirige le Front de libération du peuple (JVP), un parti d’inspiration marxiste qui a été à l’origine de deux insurrections meurtrières dans les années 1970 et 1980, faisant plus de 80 000 morts. Mais le JVP a depuis largement renoncé à la lutte armée et s’est converti à l’économie de marché.

Pendant sa campagne, “AKD” a dénoncé les élites “corrompues” qu’il juge responsables du chaos économique et financier de 2022. Comme son rival Sajith Premadasa, il s’est engagé à renégocier l’accord avec le FMI pour obtenir des conditions plus favorables. Mais l’institution de Washington semble peu disposée à transiger.

Des progrès ont été accomplis, mais le pays est encore loin d’être sorti de l’ornière.

– Julie Kozack, responsable communication du FMI

Une participation électorale élevée

Le scrutin a été marqué par une forte mobilisation des électeurs, avec un taux de participation de 76% selon la commission électorale. Preuve que malgré la lassitude, les Sri Lankais fondent beaucoup d’espoir dans cette élection pour tourner la page de la crise.

“Je pense que cette élection marquera le plus grand tournant de l’histoire du Sri Lanka”, avait d’ailleurs pronostiqué Anura Kumara Dissanayaka en votant samedi, tout sourire. Un optimisme visiblement partagé par une majorité de ses concitoyens, si l’on en croit les premières tendances. Verdict définitif d’ici quelques heures.

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