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Sport au Collège : La Fin d’un Projet Ambitieux

Un projet phare de l'héritage des JO de Paris 2024 tombe à l'eau. La généralisation des 2h de sport en plus dans les collèges est abandonnée, au profit d'un recentrage sur les établissements d'éducation prioritaire. Les raisons de ce revirement qui suscite des réactions mitigées.

En septembre 2023, à quelques encablures des Jeux Olympiques de Paris, le Président Emmanuel Macron annonçait en grande pompe son ambition de « construire une nation sportive ». Parmi les mesures phares destinées à pérenniser l’héritage de ce grand évènement sportif : la généralisation de deux heures de sport hebdomadaires supplémentaires pour tous les collégiens de France. Un an plus tard, le ministère de l’Éducation nationale vient de doucher cet enthousiasme en annonçant l’abandon pur et simple de ce projet ambitieux, jugé « pas soutenable ».

Un bilan en demi-teinte après deux ans d’expérimentation

Lancé en 2021 dans plus de 700 collèges pilotes, ce dispositif devait être étendu à l’horizon 2026 aux 7000 établissements du pays. L’objectif : renforcer la pratique sportive des adolescents, en complément des cours d’EPS obligatoires et des activités proposées par les associations sportives scolaires. Un enjeu de taille quand on sait qu’à peine la moitié des 11-14 ans atteignent les recommandations de l’OMS d’au moins une heure d’activité physique par jour.

Mais après deux ans de test grandeur nature, le ministère dresse un bilan pour le moins contrasté. Si la mesure est jugée « pertinente » pour les collégiens les plus éloignés du sport, sa mise en œuvre apparaît « complexe » pour les établissements. Manque de moyens humains et matériels, difficultés d’organisation des emplois du temps, réticences de certains enseignants… Les freins identifiés sont nombreux.

Un recentrage sur l’éducation prioritaire

Face à ce constat, le gouvernement a décidé de revoir ses ambitions à la baisse. Exit la généralisation, place à un recentrage sur les seuls collèges classés REP et REP+, là « où le taux de licence sportive est le plus faible ». Soit environ 1000 établissements concentrés dans les quartiers populaires, contre 7000 initialement visés.

Un recul qu’assume le ministère, mettant en avant un « souci de maîtrise budgétaire » et de « pragmatisme ». Mais aussi une volonté de « responsabiliser davantage les communautés éducatives » dans le déploiement du dispositif, en leur laissant plus de latitude. Une manière habile de se défausser face aux difficultés ?

Des réactions mitigées

Du côté des syndicats enseignants, si on se félicite d’un recentrage jugé plus « réaliste », on regrette que le sport scolaire fasse les frais de « choix budgétaires » à court terme.

Cette mesure était une opportunité pour tous les collégiens, pas seulement ceux des quartiers. C’est un signal négatif envoyé à la jeunesse et aux acteurs de terrain qui se sont mobilisés.

réagit Stéphane Crochet, du syndicat SE-UNSA

Même déception du côté des fédérations sportives, qui attendaient beaucoup de cette réforme pour capter un nouveau public et détecter des talents :

On prend acte de cette décision avec regret et incompréhension. Le compte n’y est pas, l’héritage des Jeux est loin d’être garanti avec si peu d’ambition.

déplore un responsable du CNOSF

Vers un héritage des Jeux en pointillé ?

Alors que Paris 2024 approche à grands pas, ce renoncement interroge plus largement sur la stratégie du gouvernement en matière d’héritage des Jeux olympiques et paralympiques.

D’autres mesures, comme le dispositif des « 30 minutes d’activité physique quotidienne » à l’école ou le plan « Savoir rouler à vélo » semblent également patiner, faute de moyens et d’impulsion politique. De quoi tempérer les ardeurs de ceux qui voyaient dans ce grand évènement planétaire un levier décisif pour booster la pratique sportive des Français…

Contacté, le ministère des Sports assure que « l’objectif d’héritage sportif est maintenu » et que « des annonces seront faites dans les prochaines semaines ». Mais il faudra sans doute revoir les promesses olympiques à la baisse. Comme un symbole de l’essoufflement d’une ambition, à un an du coup de sifflet des Jeux…

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