Au cœur de l’envoûtante cité de Grenade, nichée au pied de l’Alhambra, se tient une exposition extraordinaire qui plonge les visiteurs dans l’univers fascinant des peuples berbères. La Fondation El Legado Andalusí accueille dans son siège une sublime collection privée de bijoux amazigh, fruit de la passion du diplomate et écrivain espagnol Jorge Dezcallar de Mazarredo.
Un voyage au cœur de l’identité berbère
Cette exposition intitulée “Bijou Amazigh. Identité des peuples berbères” est une véritable ode à la richesse culturelle de l’Afrique du Nord. À travers plus de 200 pièces éblouissantes, elle révèle les traditions anciennes et les croyances des Berbères, aussi appelés Amazigh, qui signifie “hommes libres”.
Jorge Dezcallar de Mazarredo, qui fut ambassadeur d’Espagne au Maroc de 1997 à 2001, a constitué cette collection unique au fil de ses visites dans les villages reculés de l’Atlas et sur les marchés d’artisanat. Chaque bijou raconte une histoire, symbolise un pan de l’identité berbère.
Des parures aux multiples fonctions
Au-delà de leur beauté, ces bijoux amazigh revêtent de nombreuses significations. Comme l’explique le collectionneur :
Les bijoux ont de multiples usages dans le monde berbère. Ils embellissent, mais surtout ils indiquent l’identité : la tribu, le statut social, la situation matrimoniale… Ils ont aussi une valeur économique car les femmes portent sur elles leurs biens. Voler une femme était un délit très grave, c’était lui voler son présent et son avenir.
– Jorge Dezcallar de Mazarredo
Transmis de mère en fille, les bijoux représentent l’indépendance des femmes berbères. Certains décors évoquent même Tanit, déesse punique de la fertilité, soulignant l’importance de ce thème dans les sociétés amazigh.
Amulettes et incantations protectrices
Ces parures précieuses servaient aussi à se prémunir contre les djinns, créatures surnaturelles de la mythologie préislamique. Des incantations ou sourates coraniques étaient parfois dissimulées dans de petits étuis pour renforcer leur pouvoir magique.
Fascinant témoignage d’un monde en voie de disparition, cette exposition invite à découvrir toute la richesse de l’artisanat et des traditions berbères. Un patrimoine inestimable, aux résonances millénaires, qui mérite d’être préservé et célébré.
Prolonger le voyage à l’Alhambra
Le rêve ultime de Jorge Dezcallar de Mazarredo serait de pouvoir exposer sa collection de façon permanente dans l’enceinte de l’Alhambra. Un écrin de choix pour ces bijoux berbères, ce palais nasride ayant été bâti par une dynastie amazigh qui régna sur Grenade du XIIIe au XVe siècle. Gageons que les sultanes de l’époque portaient elles aussi de telles parures…
En attendant, les visiteurs peuvent s’émerveiller devant ces splendeurs berbères jusqu’en janvier 2025, et prolonger leur voyage dans le temps en arpentant les somptueuses salles de l’Alhambra. Une expérience envoûtante, au carrefour des cultures et des arts.
