Alors que la guerre civile fait rage au Soudan depuis plus d’un an et demi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a tenu à réaffirmer son soutien indéfectible à l’armée soudanaise dans ce conflit sanglant qui l’oppose aux redoutables paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Une prise de position forte de l’Égypte, pays frontalier du Soudan, qui tente de peser de tout son poids pour favoriser un retour à la paix.
Une rencontre au sommet pour afficher un soutien sans faille
C’est à l’issue du 12e Forum urbain mondial organisé par l’ONU-Habitat au Caire que le président al-Sissi a rencontré le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée soudanaise. Lors de cet entretien crucial, le dirigeant égyptien a martelé « le soutien constant de l’Égypte au Soudan à tous les niveaux pour aider le pays à sortir de sa crise », selon un communiqué officiel de la présidence égyptienne.
Une manière pour le Caire de rappeler son engagement résolu aux côtés de l’armée soudanaise dans la guerre qui l’oppose depuis avril 2023 aux FSR menées par le général Mohamed Hamdane Daglo. Bien plus qu’un soutien moral, l’Égypte entend mettre tout son poids dans la balance pour faire pencher le rapport de force en faveur des forces régulières soudanaises.
Appel au cessez-le-feu immédiat pour épargner les civils
Mais au-delà de son parti-pris assumé, le président al-Sissi a également lancé un appel urgent « à un cessez-le-feu et à épargner le sang des frères soudanais ». Le chef de l’État égyptien est bien conscient du lourd tribut payé par les civils dans cette guerre fratricide. D’après des sources proches des discussions, il aurait insisté sur la nécessité de mettre rapidement un terme aux combats pour éviter que le conflit ne s’enlise davantage.
De son côté, le général al-Burhane a salué « le soutien sincère de l’Égypte aux efforts de désescalade au Soudan » et s’est voulu optimiste sur « la fin prochaine de la guerre » et le début de « la reconstruction » du pays. Des propos qui laissent entrevoir une lueur d’espoir, même si sur le terrain, les armes continuent hélas de parler.
L’Égypte, un acteur incontournable dans la résolution de la crise
Avec sa longue frontière commune avec le Soudan, l’Égypte est directement concernée par la stabilité de son voisin. En octobre dernier, Le Caire avait fermement démenti les accusations du général Daglo selon lesquelles l’armée égyptienne serait impliquée dans le conflit. Une manière de réaffirmer sa position d’acteur neutre cherchant à rapprocher les belligérants.
Mais en réitérant publiquement son soutien à l’armée soudanaise, le président al-Sissi envoie un message clair : l’Égypte pèsera de tout son poids pour faire émerger une solution politique. Un engagement crucial alors que la communauté internationale semble impuissante face à l’enlisement du conflit.
Une crise humanitaire sans précédent au Soudan
Car sur le terrain, la situation ne cesse de se dégrader pour les civils pris en étau. Selon l’ONU, la guerre a déjà fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de 11 millions de personnes, soit près d’un quart de la population soudanaise. Une crise humanitaire d’une ampleur inédite qui rappelle les heures les plus sombres du Darfour.
“L’armée soudanaise et les FSR ont été accusées d’atrocités répétées pendant la guerre, notamment de cibler des civils, de bombarder sans discrimination des zones résidentielles et de piller ou de bloquer l’aide humanitaire.”
Les belligérants sont pointés du doigt pour leurs exactions. Mais dans ce conflit fratricide où les lignes de front bougent sans cesse, l’acheminement de l’aide est un défi permanent. Les humanitaires paient eux aussi un lourd tribut, avec des dizaines de morts au sein de leurs équipes.
Le rôle crucial de la médiation pour sortir de l’engrenage
Face à l’impasse militaire et à la tragédie humanitaire, la voie diplomatique apparaît plus que jamais comme la seule issue. Et l’Égypte entend jouer un rôle moteur dans cette médiation. Fort de son influence régionale et de sa proximité culturelle avec le Soudan, Le Caire dispose de leviers uniques pour amener les belligérants à la table des négociations.
Mais l’équation est complexe. Il faut ménager les susceptibilités, trouver les points d’équilibre et surtout, convaincre deux armées qui se vouent une haine féroce de déposer les armes. Un véritable défi pour la diplomatie égyptienne, qui devra mobiliser tout son savoir-faire pour arracher un accord de paix.
Le Soudan à la croisée des chemins
Plus d’un an après le début du conflit, le Soudan est à la croisée des chemins. La guerre a ravagé le pays, détruit ses infrastructures et surtout, brisé le lien social entre communautés. La route vers la paix sera longue et semée d’embûches. Mais avec le soutien de l’Égypte et de la communauté internationale, le peuple soudanais peut encore espérer des jours meilleurs.
Car au-delà des manœuvres diplomatiques et des intérêts géostratégiques, c’est le sort de millions de civils innocents qui se joue. Des femmes, des hommes et des enfants qui aspirent à une vie normale, loin des combats et des privations. Pour eux, chaque jour de guerre est un jour de trop. Et chaque geste de paix, aussi ténu soit-il, est porteur d’un immense espoir.