Dans les quartiers nord de Marseille, un élan de solidarité sans précédent s’est formé autour d’une jeune médecin généraliste, victime d’une violente agression dans son cabinet. Cet incident, qui a profondément choqué les habitants, met en lumière la recrudescence des violences envers les professionnels de santé et la menace grandissante de désertification médicale dans ces zones urbaines sensibles.
Une mobilisation massive des riverains
Face à cette agression d’une rare violence, les habitants du quartier de La Viste se sont massivement mobilisés pour apporter leur soutien à leur médecin. Ils étaient plus d’une centaine à se rassembler devant le cabinet médical, scandant des messages de solidarité et d’encouragement.
Restez avec nous docteur. Prenez votre temps et ne lâchez rien !
– Les patients du docteur Saïd Ouichou
Pour ces riverains, il est inconcevable de laisser partir cette jeune praticienne, arrivée il y a seulement un mois dans le quartier. Sa présence est indispensable dans ces zones urbaines où l’accès aux soins devient de plus en plus précaire.
Le choc et l’émotion de la jeune médecin agressée
Encore sous le choc de cette agression d’une violence inouïe, la jeune médecin peine à contenir son émotion face à cet élan de solidarité. Agressée par deux patientes à qui elle avait refusé de délivrer une ordonnance, elle a vu sa carrière et sa vocation remises en question en l’espace d’un instant.
C’était mon choix de travailler ici, car je savais que je pouvais être utile. Mais depuis cet évènement, je me suis demandé si je voulais continuer.
– La jeune médecin agressée
La crainte d’une désertification médicale
Pour le docteur Saïd Ouichou, figure médicale des quartiers nord de Marseille, cette agression est symptomatique d’un malaise plus profond. Lui-même victime d’une agression par le passé, il avait dû fermer son ancien cabinet. Aujourd’hui, il craint que cet incident ne précipite la désertification médicale de ces quartiers.
On ne peut pas continuer à travailler comme ça si rien n’est fait, mais nous n’avons pas envie de vous abandonner. Exercer la peur au ventre, ça n’est pas possible.
– Le docteur Saïd Ouichou
Un phénomène en expansion dans les Bouches-du-Rhône
Malheureusement, cette agression n’est pas un cas isolé. Selon les chiffres alarmants de l’Ordre des médecins, ce sont en moyenne deux médecins qui sont agressés chaque semaine dans les Bouches-du-Rhône en 2023. Une situation qui ne cesse de se dégrader depuis 5 ans, comme en témoigne le docteur Nathalie Frandji, radiologue dans les quartiers nord.
J’exerce depuis 30 ans, mais cela ne m’était jamais arrivé avant. On sent que si l’on refuse quelque chose à un patient, cela risque de mal tourner.
– Le docteur Nathalie Frandji
Un cri d’alarme pour les pouvoirs publics
Face à cette situation critique, les habitants des quartiers nord de Marseille lancent un véritable cri d’alarme à destination des pouvoirs publics. Pour eux, il est urgent d’agir pour assurer la sécurité des professionnels de santé et maintenir une offre de soins de proximité dans ces zones urbaines sensibles.
La solidarité c’est bien beau, cela fait chaud au cœur. Mais qu’est-ce que l’on va faire pour assurer la sécurité des soignants, travailleurs, habitants et retraités de ces quartiers ?
– Une riveraine lors du rassemblement
Cette mobilisation sans précédent est un signal fort envoyé aux autorités. Il est temps de prendre des mesures concrètes pour endiguer cette vague de violences envers les soignants et éviter une désertification médicale qui pénaliserait en premier lieu les habitants de ces quartiers déjà fragilisés. L’avenir de la médecine de proximité dans les zones urbaines sensibles est en jeu.
