Un scandale éclate autour des conditions de détention de six djihadistes français emprisonnés en Irak. Condamnés à mort en 2019 pour leur appartenance à l’État islamique, leur peine a été commuée en prison à vie. Mais l’horreur semble se poursuivre derrière les barreaux…
Leurs avocats tirent la sonnette d’alarme. Dans une série de mémorandums accablants, ils décrivent un quotidien fait de tortures et de traitements inhumains pour leurs clients incarcérés dans la prison d’Al-Rusafa à Bagdad. Entassés dans des cachots bondés, battus régulièrement, privés d’eau et de soins, les détenus français vivraient un véritable calvaire.
Une juge française saisie
Face à ces graves allégations, la justice française est entrée en scène. Fin 2023, une juge d’instruction du pôle crimes contre l’humanité de Paris a été saisie des plaintes de deux djihadistes, Brahim Nejara et Vianney Ouraghi, pour actes de torture et traitements inhumains. Deux autres, Karam El Harchaoui et Mohamed Yassine Sakkam, ont suivi en janvier 2024.
Et en octobre dernier, c’est au tour de Djamila Boutoutaou, une femme condamnée à 20 ans de prison, de saisir la justice. Décrite comme « gravement malade », elle « croupirait dans une prison immonde » sans aucun soin selon son avocate. Son transfert en France serait « une urgence sanitaire ».
Lenteur de la justice
Mais les investigations tardent à démarrer. Déposées pour certaines dès 2020, les plaintes se heurtent d’abord à des refus de la justice. Il faut faire appel, parfois plusieurs fois, pour qu’enfin une information judiciaire soit ouverte. Un temps précieux de perdu pour faire la lumière sur les conditions de détention en Irak.
Des rapports alarmants
Ce qui a fait pencher la balance ? Les rapports toujours plus inquiétants des avocats, qui se sont rendus sur place à l’automne 2023 et en 2024. Ils y décrivent un enfer carcéral : promiscuité extrême, maladies qui se propagent, violences des gardiens et entre codétenus… La situation se serait encore aggravée pour les Français, soupçonnés de « collaborer avec Israël ».
Un « cachot » bondé où les prisonniers sont « régulièrement passés à tabac »
Des corps qui « se déshydratent très rapidement », avec « une bouteille d’un litre et demi par jour pour boire, assurer leur hygiène et faire leur vaisselle »
Une promenade de « dix minutes à trente minutes (…) dans une cour tellement exiguë qu’il est quasiment impossible de marcher »
Pour la chambre de l’instruction, ce « faisceau d’indices » mérite d’être examiné de près. Elle ordonne l’ouverture d’enquêtes et demande aux juges de se rendre sur place pour interroger les détenus français. Une victoire pour les avocats, qui espèrent faire reconnaître les violations des droits humains subies par leurs clients.
Vers un transfert en France ?
Au-delà des investigations, l’objectif est clair : obtenir le rapatriement des djihadistes en France, où ils pourraient purger leur peine dans de meilleures conditions. Une demande jusqu’ici rejetée par les autorités françaises, peu enclines à voir revenir ces « revenants » de la guerre en Syrie.
Mais avec ces enquêtes pour tortures, la donne pourrait changer. Si les faits sont avérés, la France pourrait difficilement fermer les yeux et laisser ses ressortissants croupir dans les geôles irakiennes. La pression s’accentue pour trouver une solution, dans le respect des droits humains fondamentaux.
Les regards se tournent désormais vers la juge d’instruction parisienne. Ses investigations s’annoncent complexes et délicates, entre coopération judiciaire internationale et sensibilités diplomatiques. Mais elles pourraient bien faire bouger les lignes sur le sort de ces Français embastillés à l’autre bout du monde, dans des conditions qui font frémir.
En quête de vérité et de justice
Au final, c’est une quête de vérité et de justice qui s’engage. Vérité sur ce qui se passe réellement derrière les murs d’Al-Rusafa, loin des regards. Et justice pour ces hommes qui, bien que condamnés pour terrorisme, restent des êtres humains avec des droits inaliénables.
Cette affaire soulève des questions dérangeantes. Sur le traitement réservé aux détenus, y compris les plus dangereux. Sur la responsabilité de la France envers ses citoyens, même coupables. Et sur l’universalité des droits humains, qui ne s’arrêtent pas aux portes des prisons.
Autant de débats essentiels que cette enquête inédite pourrait raviver. Avec l’espoir qu’elle contribue, à son niveau, à faire reculer l’inhumanité et l’arbitraire. Même dans les recoins les plus sombres du monde carcéral.
Mais les investigations tardent à démarrer. Déposées pour certaines dès 2020, les plaintes se heurtent d’abord à des refus de la justice. Il faut faire appel, parfois plusieurs fois, pour qu’enfin une information judiciaire soit ouverte. Un temps précieux de perdu pour faire la lumière sur les conditions de détention en Irak.
Des rapports alarmants
Ce qui a fait pencher la balance ? Les rapports toujours plus inquiétants des avocats, qui se sont rendus sur place à l’automne 2023 et en 2024. Ils y décrivent un enfer carcéral : promiscuité extrême, maladies qui se propagent, violences des gardiens et entre codétenus… La situation se serait encore aggravée pour les Français, soupçonnés de « collaborer avec Israël ».
Un « cachot » bondé où les prisonniers sont « régulièrement passés à tabac »
Des corps qui « se déshydratent très rapidement », avec « une bouteille d’un litre et demi par jour pour boire, assurer leur hygiène et faire leur vaisselle »
Une promenade de « dix minutes à trente minutes (…) dans une cour tellement exiguë qu’il est quasiment impossible de marcher »
Pour la chambre de l’instruction, ce « faisceau d’indices » mérite d’être examiné de près. Elle ordonne l’ouverture d’enquêtes et demande aux juges de se rendre sur place pour interroger les détenus français. Une victoire pour les avocats, qui espèrent faire reconnaître les violations des droits humains subies par leurs clients.
Vers un transfert en France ?
Au-delà des investigations, l’objectif est clair : obtenir le rapatriement des djihadistes en France, où ils pourraient purger leur peine dans de meilleures conditions. Une demande jusqu’ici rejetée par les autorités françaises, peu enclines à voir revenir ces « revenants » de la guerre en Syrie.
Mais avec ces enquêtes pour tortures, la donne pourrait changer. Si les faits sont avérés, la France pourrait difficilement fermer les yeux et laisser ses ressortissants croupir dans les geôles irakiennes. La pression s’accentue pour trouver une solution, dans le respect des droits humains fondamentaux.
Les regards se tournent désormais vers la juge d’instruction parisienne. Ses investigations s’annoncent complexes et délicates, entre coopération judiciaire internationale et sensibilités diplomatiques. Mais elles pourraient bien faire bouger les lignes sur le sort de ces Français embastillés à l’autre bout du monde, dans des conditions qui font frémir.
En quête de vérité et de justice
Au final, c’est une quête de vérité et de justice qui s’engage. Vérité sur ce qui se passe réellement derrière les murs d’Al-Rusafa, loin des regards. Et justice pour ces hommes qui, bien que condamnés pour terrorisme, restent des êtres humains avec des droits inaliénables.
Cette affaire soulève des questions dérangeantes. Sur le traitement réservé aux détenus, y compris les plus dangereux. Sur la responsabilité de la France envers ses citoyens, même coupables. Et sur l’universalité des droits humains, qui ne s’arrêtent pas aux portes des prisons.
Autant de débats essentiels que cette enquête inédite pourrait raviver. Avec l’espoir qu’elle contribue, à son niveau, à faire reculer l’inhumanité et l’arbitraire. Même dans les recoins les plus sombres du monde carcéral.