Le géant du streaming Netflix se retrouve dans la tourmente alors que les autorités françaises intensifient leurs investigations sur de potentielles malversations fiscales. Selon des sources proches du dossier, les perquisitions menées dans les locaux parisiens de l’entreprise se sont poursuivies mercredi matin, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en novembre dernier par le Parquet National Financier (PNF).
Une Vaste Opération Coup de Poing
Cette vague de perquisitions, lancée mardi matin et s’étendant jusqu’au cœur de la nuit, cible non seulement le siège français de Netflix mais également son quartier général européen basé à Amsterdam. Une action coordonnée entre magistrats et enquêteurs français et néerlandais qui témoigne de l’ampleur des soupçons pesant sur les pratiques fiscales du leader de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD).
Au cœur des investigations : des suspicions de blanchiment de fraude fiscale aggravée et de travail dissimulé en bande organisée. Des délits qui, s’ils venaient à être avérés, pourraient coûter cher à l’image et aux finances de Netflix, déjà sous pression face à une concurrence de plus en plus féroce sur le marché du streaming.
Un Montage Fiscal Douteux ?
Révélée par la Lettre A l’été dernier, l’affaire prend un nouveau tournant avec ces perquisitions d’envergure. Selon le média spécialisé, Netflix faisait l’objet depuis plusieurs mois d’un contrôle fiscal portant sur les exercices 2019 à 2021. En cause : un possible montage financier visant à minimiser l’imposition de l’entreprise en France, en faisant transiter son chiffre d’affaires hexagonal via une filiale néerlandaise.
Un système qui aurait permis à Netflix Services France, forte de 7 millions d’abonnés, de ne payer que 981 000 euros d’impôts sur les bénéfices entre 2019 et 2020. Un montant dérisoire au regard des revenus générés, qui ont bondi à 1,2 milliard d’euros en 2021 après l’abandon de ce schéma fiscal contesté.
Les agents du fisc entendent vérifier si Netflix n’a pas continué à minimiser de façon abusive ses bénéfices.
La Lettre A
Netflix Assure “Coopérer avec les Autorités”
Face à cette tempête judiciaire et médiatique, Netflix tente de calmer le jeu en affirmant “coopérer avec les autorités” et respecter “les lois et réglementations fiscales” dans tous les pays où il opère. Une ligne de défense qui ne convainc pas forcément, alors que la Lettre A évoquait déjà l’été dernier la volonté des agents du fisc de vérifier si le groupe n’avait pas “continué à minimiser de façon abusive ses bénéfices” même après 2021.
Avec 282 millions d’abonnés à son compteur fin 2024 et près de 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires au dernier trimestre, Netflix a les reins solides pour faire face à ces turbulences. Mais cette affaire, qui n’en est qu’à ses débuts, risque de ternir durablement son image et de fragiliser sa position dans un marché ultra-compétitif où la moindre faille est impitoyablement exploitée.
Une chose est sûre : entre pressions concurrentielles, polémiques sur le partage des comptes et maintenant soupçons de fraude fiscale, Netflix va devoir redoubler d’efforts et de transparence pour préserver la confiance de ses abonnés et des autorités. Un défi de taille pour le mastodonte du streaming, qui va devoir jouer serré s’il ne veut pas voir son règne vaciller.