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Soupçons de corruption d’un député français par le Qatar

Un politologue mis en examen est soupçonné d'avoir touché près de 300 000 euros du Qatar pour corrompre un ex-député français. Les deux hommes nient les accusations, mais l'enquête révèle de troublants éléments...

Une affaire d’ingérence étrangère présumée en France prend une nouvelle tournure avec de récentes révélations sur de possibles financements qataris. Au cœur du scandale, le politologue Nabil Ennasri, mis en examen et écroué depuis un an, est soupçonné d’avoir été un agent d’influence de la monarchie du Qatar visant à peser sur la politique et l’actualité françaises.

300 000 euros d’une commission qatarie pour corrompre un député ?

Selon des éléments de l’enquête, Nabil Ennasri aurait perçu près de 300 000 euros de la part d’une commission gouvernementale qatarie, le National Human Rights Committee (NHCR). Ces fonds auraient notamment servi à corrompre l’ancien député écologiste Hubert Julien-Laferrière, à hauteur de 5 000 euros par mois. Les deux hommes, qualifiés respectivement de corrupteur et corrompu présumés, nient fermement les accusations.

Lors d’un interrogatoire, le juge a confronté M. Ennasri à des notes enregistrées sur son téléphone attestant d’un versement de 277 500 euros de la NHCR. Le suspect a reconnu un montant de cet ordre, mais affirme qu’il lui a été versé par un individu sans lien avec le Qatar. Une version que le magistrat juge “improbable voire impossible”, estimant peu crédible que le Qatar ait pu le rémunérer à son insu.

Un lobbyiste évoque des “contre-feux médiatiques” en amont du Mondial

Outre ces soupçons de corruption d’un député, Nabil Ennasri est aussi accusé d’avoir, avec le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, soudoyé l’ex-journaliste vedette de BFMTV Rachid M’Barki pour faire diffuser à l’antenne des sujets controversés sur des pays étrangers.

Jean-Pierre Duthion, également mis en examen, a confié au juge qu’il s’agissait pour le Qatar de “générer des contre-feux médiatiques en amont de la Coupe du Monde de football”. Il a précisé avoir eu des informations sur les commanditaires de ces opérations d’influence, qui seraient selon M. Ennasri “des Algériens et des Franco-Algériens”, mais avec une “tête de réseau qatarie”.

L’hypothèse de commanditaires qataris se précise

Si Nabil Ennasri dément avoir tenu de tels propos, ces nouveaux éléments viennent renforcer la piste de commanditaires qataris dans cette affaire d’ingérence. Jusqu’à présent, la justice n’avait identifié que les intermédiaires présumés dans ce dossier tentaculaire.

C’est classique en matière de désinformation de justement tenir des propos négatifs à l’endroit des personnes dont on soutient les intérêts.

Un magistrat instructeur

Malgré les dénégations des mis en cause, l’étau semble se resserrer autour de possibles financements occultes du Qatar visant à influer sur la politique et les médias français. Une affaire aux multiples ramifications qui met en lumière les risques d’ingérence étrangère et soulève de nombreuses questions sur l’indépendance de certains acteurs-clés.

La justice poursuit son travail pour démêler l’écheveau de cette tentaculaire affaire et déterminer les responsabilités de chacun. Un dossier explosif qui pourrait encore réserver bien des surprises et rebondissements dans les mois à venir, alors que le Qatar reste sous le feu des projecteurs après l’organisation controversée de la Coupe du Monde de football.

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