Lors d’une visite de neuf jours au Soudan et au Tchad, un haut responsable de l’ONU a lancé un cri d’alarme sur la crise humanitaire qui ravage le Soudan depuis le mois d’avril 2023. Tom Fletcher, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a ainsi relayé le message poignant des victimes de la guerre: « Nous ne sommes pas invisibles ».
Un conflit brutal aux conséquences désastreuses
Depuis maintenant sept mois, le Soudan est en proie à une guerre sanglante opposant l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, son ancien allié devenu rival. Ce conflit a déjà fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de onze millions de personnes, générant l’une des pires crises humanitaires de l’histoire récente selon les Nations unies.
La famine menace la moitié de la population
Les combats acharnés et la destruction des infrastructures ont plongé le pays dans le chaos, privant des millions de Soudanais d’accès à la nourriture, à l’eau potable, aux soins et à un abri sûr. Près de 26 millions de personnes, soit environ la moitié de la population, sont aujourd’hui menacées par une famine massive, les deux camps étant accusés d’utiliser la faim comme arme de guerre.
« Ces chiffres sont stupéfiants et nous ne pouvons pas tourner le dos », a déclaré Tom Fletcher, soulignant l’ampleur de la catastrophe humanitaire.
La région du Darfour particulièrement touchée
Lors de sa visite à El-Geneina, la capitale du Darfour occidental, le secrétaire général adjoint a rencontré des réfugiés arrivés d’autres régions du Darfour « avec des histoires tragiques et déchirantes ». Cette région de l’ouest du Soudan est le théâtre de violences meurtrières depuis des décennies, et le conflit actuel a ravivé les tensions et les souffrances des populations locales.
« La situation est difficile là-bas. C’est la plus grande crise humanitaire au monde », a affirmé Tom Fletcher.
Un appel à l’action internationale urgente
Face à l’ampleur de la catastrophe, le représentant onusien a appelé à une mobilisation internationale d’urgence pour venir en aide aux populations soudanaises. Il a souligné la nécessité de générer des fonds afin d’apporter un soutien vital aux personnes déplacées et affectées par le conflit, mais aussi de susciter la volonté politique pour mettre fin à cette guerre dévastatrice.
« Mon travail consiste à prendre ce que vous dites et à dire au monde qu’il doit faire davantage pour vous soutenir », a-t-il déclaré aux réfugiés.
Lors de son passage au poste-frontière d’Adré entre le Soudan et le Tchad, par lequel les livraisons d’aide de l’ONU ont été prolongées de trois mois début novembre, Tom Fletcher a qualifié ce point de « bouée de sauvetage » permettant à l’assistance humanitaire de parvenir aux Soudanais dans le besoin.
Un message fort des victimes de la guerre
Au-delà des chiffres alarmants et des défis logistiques, c’est avant tout le cri du cœur des populations soudanaises que Tom Fletcher a voulu porter sur la scène internationale. En relayant leur message « Nous ne sommes pas invisibles », il rappelle que derrière cette crise se trouvent des millions d’individus qui luttent chaque jour pour leur survie et leur dignité.
« Je sais que la situation est très, très difficile. Je sais que vous avez besoin de nourriture, de médicaments, d’éducation, d’abris, de fierté et de dignité », a-t-il martelé aux réfugiés se trouvant au Tchad.
Alors que le conflit au Soudan semble enlisé, cet appel vibrant de l’ONU vise à secouer les consciences et à mobiliser la communauté internationale pour éviter que cette tragédie humaine ne sombre dans l’oubli. Car comme le souligne Tom Fletcher, face à une telle catastrophe, « nous ne pouvons pas tourner le dos ».