Le Soudan est au bord du gouffre. Déchiré par une guerre civile sanglante depuis avril 2023, le pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. Et comme si cela ne suffisait pas, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) s’apprêtent à proclamer un gouvernement parallèle dans les zones qu’ils contrôlent. Une annonce qui fait frémir la communauté internationale.
L’ONU tire la sonnette d’alarme. Pour Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général, cette décision risque « d’aggraver la crise » et va augmenter la « fragmentation » du Soudan. Car le pays est déjà coupé en deux : l’armée régulière contrôle l’est et le nord, tandis que les FSR dominent le Darfour à l’ouest et des pans entiers du sud.
Le Kenya pointé du doigt
Mais ce qui choque encore plus, c’est que cette proclamation doit avoir lieu au Kenya. Le gouvernement soudanais, allié au chef de l’armée, dénonce une ingérence dans les affaires intérieures du pays et accuse le Kenya de « favoriser le démembrement des États africains ». Même son de cloche chez certaines personnalités kényanes, qui fustigent l’attitude « irresponsable » du président William Ruto.
Ce que fait Ruto est un abandon irresponsable de la prudence traditionnelle et de l’approche digne de la diplomatie kényane.
Mukhisa Kituyi, homme politique kényan
Pour sa défense, la diplomatie kényane assure fournir « des plateformes impartiales aux parties en conflit pour rechercher des résolutions ». Mais pour beaucoup d’observateurs, cette position ambiguë fait voler en éclats l’image de médiateur régional que le Kenya aime à projeter.
Crimes de guerre et famine
Sur le terrain, la situation est catastrophique. L’Union Africaine dénonce « la perpétration ininterrompue de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ». Plus de 200 personnes ont été massacrées en trois jours par les paramilitaires au sud de Khartoum, la capitale. Et selon l’ONU, plusieurs zones du pays sont au bord de la famine, avec « des rapports faisant état de personnes mourant de faim ».
Cette crise d’une ampleur sans précédent a déjà fait des dizaines de milliers de morts et déraciné plus de 12 millions de personnes. Un désastre humanitaire qui ne cesse de s’aggraver, sur fond de violations massives des droits humains.
Appels au cessez-le-feu
Face à ce drame, la communauté internationale multiplie les appels au cessez-le-feu immédiat et à la reprise du dialogue. L’ONU insiste sur la nécessité de « préserver l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Soudan », condition sine qua non d’une « résolution durable du conflit ».
Mais sur le terrain, ces appels semblent pour l’instant rester lettre morte. Pire, la proclamation d’un gouvernement parallèle par les paramilitaires risque d’envenimer encore davantage la situation. Beaucoup craignent que le Soudan, déjà à genoux, ne sombre définitivement dans une spirale infernale, dont il aura le plus grand mal à se relever.