Imaginez un pays où la paix, si durement acquise, menace de s’effondrer à chaque instant, où des familles entières vivent dans la peur des violences et des conflits ethniques. Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, traverse une période critique. En 2025, plus de 1.800 civils ont perdu la vie en seulement neuf mois, un chiffre qui glace le sang et souligne l’urgence d’une action internationale. Ce jeune État, déjà marqué par une guerre civile dévastatrice entre 2013 et 2018, semble à nouveau au bord du précipice. Comment en est-on arrivé là, et quelles sont les perspectives pour ce pays en proie à l’instabilité ?
Une Crise Humanitaire Alarmante
Le Soudan du Sud fait face à une crise humanitaire d’une ampleur inquiétante. Entre janvier et septembre 2025, les violences ont causé la mort de 1.854 personnes, blessé 1.693 autres, enlevé 423 individus et soumis 169 personnes à des violences sexuelles. Ces chiffres, bien que déjà accablants, pourraient être sous-estimés en raison des difficultés d’accès aux zones touchées par les conflits. La situation s’est aggravée par rapport à l’année précédente, avec une augmentation de 59 % des victimes signalées, un constat qui reflète une détérioration rapide de la sécurité.
Les combats, qui se sont intensifiés depuis mars, touchent plusieurs régions du pays. Les affrontements interclaniques et ethniques, notamment dans les États de Warrap et Jonglei, ont contribué à une hausse de 33 % des décès civils. À cela s’ajoutent des frappes aériennes indiscriminées menées par l’armée sud-soudanaise, qui ont visé des zones peuplées, aggravant la souffrance des populations déjà vulnérables.
C’est inadmissible et cela doit cesser. Je suis profondément préoccupé par le sort des civils au Soudan du Sud.
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme
Un Contexte Politique Explosif
La crise actuelle ne peut être dissociée des tensions politiques qui secouent le pays. L’inculpation de l’ancien vice-président Riek Machar le 11 septembre 2025, suivie de sa destitution par décret présidentiel, a ravivé les craintes d’un retour à la guerre civile. Ce conflit, qui oppose Machar au président Salva Kiir, trouve ses racines dans une lutte de pouvoir qui a déjà coûté la vie à environ 400.000 personnes entre 2013 et 2018. Un accord de paix signé en 2018 avait instauré un fragile partage du pouvoir, mais cet équilibre précaire semble aujourd’hui menacé.
La destitution de Machar a provoqué une réaction immédiate de ses partisans, qui ont appelé à une mobilisation militaire pour un changement de régime. Cette rhétorique belliqueuse fait craindre une nouvelle escalade des violences, dans un pays où les cicatrices de la guerre précédente sont encore loin d’être refermées. La communauté internationale, alertée par ces développements, appelle à une désescalade urgente.
Le Soudan du Sud, devenu indépendant en 2011 après des décennies de conflit avec le Soudan, espérait un avenir de stabilité. Mais les rivalités politiques et les violences ethniques continuent de compromettre cet espoir.
Les Violences Ethniques et Interclaniques
Outre les tensions politiques, le Soudan du Sud est déchiré par des conflits ethniques et interclaniques. Les États de Warrap, au nord, et de Jonglei, au centre, sont particulièrement touchés. Ces affrontements, souvent alimentés par des disputes territoriales ou des rivalités historiques, ont entraîné une multiplication des victimes civiles. Les violences ne se limitent pas aux combats armés : elles incluent des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements et des actes de violence sexuelle, qui laissent des communautés entières dans la peur et le désespoir.
Les forces de sécurité, censées protéger la population, sont parfois elles-mêmes impliquées dans ces exactions. Selon les rapports, au moins 45 exécutions extrajudiciaires ont été perpétrées par les forces de l’ordre en 2025. Cette impunité contribue à un climat de méfiance généralisée, où les civils se retrouvent souvent sans protection face aux violences.
Les Défis de l’Accès Humanitaire
L’un des obstacles majeurs à la résolution de cette crise est l’accès limité des organisations humanitaires aux zones touchées. Les contraintes de sécurité croissantes entravent la vérification des faits et la distribution de l’aide. Les chiffres officiels, bien qu’alarmants, ne reflètent probablement qu’une partie de la réalité, car de nombreuses régions restent inaccessibles aux observateurs internationaux.
Pourtant, l’aide humanitaire est cruciale pour soutenir une population déjà fragilisée par des années de conflit et de pauvreté. Le Soudan du Sud, l’un des pays les plus pauvres au monde, souffre de malnutrition chronique, de déplacements massifs et d’un manque d’infrastructures de base. La situation actuelle ne fait qu’aggraver ces défis, rendant l’intervention internationale d’autant plus urgente.
Un Appel à l’Action Internationale
Face à cette situation, les Nations unies ont lancé un appel vibrant aux dirigeants sud-soudanais et à la communauté internationale. Volker Türk a insisté sur la nécessité de « tirer le Soudan du Sud du bord du précipice ». Cet appel souligne l’urgence de mesures concrètes pour protéger les civils, désamorcer les tensions politiques et prévenir une nouvelle guerre civile.
Les solutions envisagées incluent :
- Renforcement du dialogue politique : Encourager les négociations entre les factions rivales pour restaurer la stabilité.
- Protection des civils : Déployer des forces de maintien de la paix pour sécuriser les zones à risque.
- Aide humanitaire : Augmenter les financements pour soutenir les populations déplacées et les victimes de violences.
- Responsabilité : Enquêter sur les exactions commises par les forces de sécurité et garantir la justice pour les victimes.
Ces mesures, bien que nécessaires, nécessitent une volonté politique forte, tant au niveau national qu’international. Sans une action concertée, le Soudan du Sud risque de sombrer dans un nouveau cycle de violences, avec des conséquences dévastatrices pour sa population.
Un Avenir Incertain
Le Soudan du Sud se trouve à un tournant décisif. La paix, si fragile, dépend de la capacité des dirigeants à surmonter leurs différends et à privilégier le bien-être de leur peuple. Mais les défis sont immenses : les rivalités politiques, les violences ethniques et l’absence d’infrastructures solides continuent de fragiliser le pays. La communauté internationale, de son côté, doit redoubler d’efforts pour soutenir ce jeune État et empêcher une nouvelle tragédie.
En attendant, les civils sud-soudanais continuent de payer le prix fort d’un conflit qui semble sans fin. Chaque jour, des familles sont déchirées, des villages sont détruits, et l’espoir d’un avenir meilleur s’amenuise. La question reste posée : le Soudan du Sud parviendra-t-il à sortir de cette spirale infernale, ou sombrera-t-il à nouveau dans le chaos ?
Le futur du Soudan du Sud repose sur des choix cruciaux. La paix est possible, mais elle exige un effort collectif.
Le sort de millions de personnes est en jeu. Les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si le pays peut éviter une nouvelle catastrophe humanitaire. Une chose est sûre : le monde ne peut pas détourner le regard.