Le Darfour, région de l’ouest du Soudan, a été le théâtre d’un nouveau drame ce lundi. Selon un groupe de secouristes bénévoles, 16 civils ont été tués et 18 autres blessés dans un bombardement des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) contre un camp de déplacés à Al-Facher, la capitale du Darfour-Nord. Cette attaque intervient alors que la région est déjà plongée dans une grave crise humanitaire, avec une famine qui s’est installée dans plusieurs camps de déplacés.
Un conflit meurtrier qui s’enlise
Depuis avril 2023, les FSR sont en guerre contre l’armée régulière soudanaise. Les combats ont été particulièrement intenses à El-Facher, ville de deux millions d’habitants assiégée par les paramilitaires depuis mai. L’armée se bat pour conserver son dernier bastion dans la vaste région du Darfour, dont la quasi-totalité est aux mains des FSR. Ces derniers contrôlent également de larges pans de la région voisine du Kordofan, au sud.
Malgré les appels au cessez-le-feu de la communauté internationale, le conflit ne montre aucun signe d’apaisement. Selon des sources proches du dossier, l’armée régulière et les FSR se livrent à des bombardements aveugles contre des civils et des infrastructures médicales, ainsi qu’à des attaques délibérées contre des zones résidentielles. Des actes qui pourraient s’apparenter à des crimes de guerre selon plusieurs observateurs.
Une catastrophe humanitaire sans précédent
Au-delà des pertes humaines directes, c’est toute une région qui sombre dans une crise humanitaire majeure. Selon l’ONU, la guerre au Soudan a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et déraciné plus de 12 millions d’autres, créant la pire crise de déplacement au monde. Dans les camps de déplacés comme celui d’Abou Chouk, touché par le bombardement de lundi, la famine fait des ravages depuis plusieurs mois.
24,6 millions de personnes, soit environ la moitié de la population du Soudan, devraient être confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë d’ici mai.
Système de classification de la sécurité alimentaire (IPC)
Face à l’ampleur de la catastrophe, les organisations humanitaires peinent à apporter une aide suffisante. Les accès sont rendus difficiles par les combats et l’insécurité, tandis que les moyens manquent cruellement. Un responsable onusien a confié sous couvert d’anonymat que sans un cessez-le-feu durable et un accès humanitaire sans entraves, des millions de Soudanais risquaient de mourir de faim ou des suites de maladies.
La communauté internationale impuissante ?
Malgré les condamnations unanimes et les appels répétés à la cessation des hostilités, la communauté internationale peine à infléchir le cours du conflit. Les grandes puissances comme les États-Unis, la Chine ou la Russie, qui disposent d’une influence certaine dans la région, ne semblent pas en mesure de contraindre les belligérants à reprendre le chemin de la négociation. Une situation qui laisse craindre une guerre d’usure longue et meurtrière, aux conséquences humanitaires incalculables.
Pendant ce temps, les civils continuent de payer le prix fort d’un conflit qui les dépasse. Pris entre les tirs croisés des FSR et de l’armée régulière, menacés par la faim et la maladie dans des camps surpeuplés et sous-équipés, ils attendent désespérément une embellie qui tarde à venir. Le bombardement de lundi contre le camp d’Abou Chouk est un tragique rappel de leur détresse, et un énième défi lancé à une communauté internationale qui semble bien en peine d’y répondre.