Imaginez un instant : des milliards de dollars qui s’évaporent jour après jour d’un produit financier censé représenter l’avenir de la deuxième plus grande cryptomonnaie au monde. C’est exactement ce qui se passe actuellement avec les ETF spot sur Ethereum. Depuis plus d’une semaine, les investisseurs institutionnels semblent avoir perdu confiance, provoquant une véritable hémorragie de capitaux. Mais pourquoi cette fuite soudaine, et quelles en sont les conséquences pour le prix de l’ETH ?
Les ETF Ethereum dans le rouge pour la septième journée consécutive
Le 19 décembre 2025, les fonds négociés en bourse dédiés à Ethereum ont enregistré des sorties nettes de 75,89 millions de dollars. Ce n’est pas un incident isolé, mais la continuation d’une série noire qui dure désormais sept jours de trading d’affilée. Une situation qui interpelle, surtout dans un marché crypto qui reste globalement haussier sur d’autres fronts.
Cette dynamique contraste fortement avec l’enthousiasme observé lors du lancement de ces produits au milieu de l’année. À l’époque, beaucoup voyaient dans ces ETF l’outil parfait pour attirer les investisseurs institutionnels vers Ethereum. Aujourd’hui, la réalité semble plus nuancée, voire préoccupante pour les holders d’ETH.
BlackRock porte l’essentiel des rachats
Le géant de la gestion d’actifs BlackRock, à travers son produit ETHA, a été le seul à enregistrer des sorties significatives ce jour-là. Les 75,89 millions de dollars retirés proviennent exclusivement de ce fonds. Les huit autres ETF Ethereum disponibles sur le marché américain ont affiché une activité nulle en termes de flux.
Cette concentration des rachats chez BlackRock n’est pas anodine. ETHA reste de loin le leader du segment avec plus de 12,67 milliards de dollars d’entrées cumulées depuis son lancement. Le fait que ce soit précisément ce fonds qui subisse les pressions de vente suggère que certains gros investisseurs institutionnels rééquilibrent leurs portefeuilles ou prennent des bénéfices.
Les autres acteurs comme Fidelity (FETH), Bitwise (ETHW), VanEck (ETHV) ou encore 21Shares (TETH) n’ont connu aucun mouvement notable. Même le fonds Grayscale Ethereum Trust converti (ETHE), connu pour ses sorties massives lors de la transition, est resté stable ce jour-là.
Un recul progressif des actifs sous gestion
Conséquence directe de cette série de sorties : les actifs totaux sous gestion des ETF Ethereum ont reculé à 18,21 milliards de dollars au 19 décembre. C’est une baisse notable par rapport aux niveaux observés début décembre, quand le marché semblait encore porté par un vent d’optimisme.
Les entrées nettes cumulées, qui mesurent la différence entre les investissements entrants et sortants depuis le lancement, sont désormais tombées à 12,44 milliards de dollars. Cela représente un recul de plus de 700 millions en seulement dix jours, illustrant parfaitement l’ampleur du retournement de sentiment.
Sur les sept derniers jours de trading, ce sont plus de 685 millions de dollars qui ont quitté les ETF Ethereum. Un montant qui, mis en perspective, représente l’équivalent de plusieurs mois d’entrées pour certains fonds concurrents.
Retour sur la chronologie des sorties
Tout a commencé le 11 décembre, juste après une journée positive le 10 décembre qui avait vu 57,58 millions de dollars entrer dans les fonds. Dès le lendemain, le vent a tourné avec 42,37 millions de sorties.
La pression s’est accentuée en milieu de semaine. Les 15 et 16 décembre ont été particulièrement douloureux, avec respectivement 224,78 millions et 224,26 millions de dollars retirés. Ces deux journées concentrent à elles seules près des deux tiers des sorties totales de la période.
Après une brève accalmie le 17 décembre (22,43 millions), les rachats ont repris de plus belle le 18 avec 96,62 millions, avant de se stabiliser à 75,89 millions le 19. Une dynamique en dents de scie qui reflète l’indécision du marché institutionnel face à Ethereum.
Le volume échangé a également baissé, passant de 2,15 milliards le 18 décembre à 1,71 milliard le lendemain. Un signe que l’intérêt spéculatif s’essouffle en parallèle des sorties institutionnelles.
Le prix de l’ETH coincé sous la barre psychologique des 3000 dollars
Parallèlement à ces mouvements sur les ETF, le cours de l’Ethereum stagne. Autour des 2 974 dollars au moment des derniers relevés, l’ETH peine à reconquérir la zone des 3 000 dollars, un niveau qui agit comme une véritable résistance psychologique.
Cette incapacité à dépasser ce seuil symbolique n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs semaines, Ethereum tente à plusieurs reprises de s’installer durablement au-dessus, sans succès. Chaque approche est suivie d’une correction qui renvoie le prix vers les 2 800-2 900 dollars.
Dans ce contexte, les sorties des ETF viennent renforcer la pression baissière. Moins de demande institutionnelle via ces véhicules réglementés signifie mécaniquement moins de soutien pour le prix spot.
Comparaison avec les ETF Bitcoin : une faiblesse partagée
Ethereum n’est pas seul dans cette tempête. Les ETF Bitcoin ont eux aussi enregistré des sorties nettes le 19 décembre, à hauteur de 158,25 millions de dollars. BlackRock encore, via son IBIT, a porté l’essentiel des rachats avec 173,58 millions sortants.
Cette corrélation entre les deux principaux actifs crypto via leurs ETF respectifs montre que le phénomène dépasse Ethereum. Il s’agit plutôt d’un rééquilibrage global des portefeuilles institutionnels en fin d’année, peut-être lié à la prise de bénéfices ou à une réduction de l’exposition aux actifs risqués.
Cependant, les ETF Bitcoin affichent une résilience supérieure avec des actifs sous gestion toujours autour des 115 milliards de dollars et des entrées cumulées dépassant les 57 milliards. Le contraste avec Ethereum reste frappant.
| Produit | Entrées cumulées (milliards $) | Position actuelle |
|---|---|---|
| BlackRock ETHA | +12,67 | Leader incontesté |
| Fidelity FETH | +2,64 | Deuxième place |
| Grayscale ETHE | -5,05 | Sorties historiques |
Quelles explications derrière cette désaffection ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce mouvement de fonds. Tout d’abord, la fin d’année approche et avec elle, la traditionnelle fenêtre de prise de bénéfices. Beaucoup d’institutions rééquilibrent leurs portefeuilles en décembre pour verrouiller des gains réalisés plus tôt dans l’année.
Ensuite, Ethereum souffre d’un narratif moins clair que Bitcoin ces derniers mois. Si Bitcoin bénéficie toujours de son statut de « or numérique » et de réserve de valeur, Ethereum peine à capitaliser sur ses avancées techniques comme le staking ou les layer 2, du moins dans la perception des investisseurs traditionnels.
Le rendement du staking Ethereum, bien qu’attractif autour de 3-4%, reste inférieur aux taux sans risque disponibles sur les obligations d’État américaines. Dans un contexte où la Fed pourrait maintenir des taux élevés plus longtemps, cela peut inciter certains à privilégier la sécurité.
Enfin, l’absence de catalyseur majeur à court terme joue contre l’ETH. Contrairement à Bitcoin qui bénéficie d’une narration continue autour de l’adoption institutionnelle et des réserves stratégiques, Ethereum attend toujours des annonces concrètes qui pourraient relancer l’intérêt.
Perspectives pour 2026 : retournement possible ?
Malgré la morosité actuelle, certains éléments laissent espérer un retour des flux positifs en début d’année prochaine. Historiquement, janvier est souvent un mois favorable pour les cryptomonnaies, avec le phénomène dit du « January effect ».
De plus, plusieurs mises à jour techniques importantes sont attendues sur Ethereum en 2026, notamment autour de l’amélioration de la scalabilité et de la réduction des frais. Si ces développements sont bien accueillis, ils pourraient redonner confiance aux investisseurs institutionnels.
Le positionnement des grands gestionnaires comme BlackRock reste globalement positif sur le long terme. La présence même de ces produits ETF témoigne d’une conviction profonde dans la maturité croissante du marché crypto.
Il ne faut pas oublier que ces sorties, bien que spectaculaires en pourcentage sur une courte période, restent marginales par rapport aux volumes totaux. Les ETF Ethereum ont attiré plus de 12 milliards de dollars nets depuis leur lancement, preuve d’un intérêt structurel profond.
Ce que cela signifie pour l’investisseur particulier
Pour ceux qui détiennent de l’ETH en direct, ces mouvements d’ETF peuvent sembler alarmants. Pourtant, ils reflètent surtout les contraintes spécifiques des investisseurs institutionnels : besoin de liquidité en fin d’année, respect des mandats d’investissement, rééquilibrage automatique.
Le marché spot, lui, continue de fonctionner normalement. Les volumes sur les échanges décentralisés restent solides et le staking continue d’attirer de nouveaux participants. La fondamentale d’Ethereum, avec son écosystème DeFi et NFT, n’a jamais été aussi riche.
Cette période de faiblesse pourrait même représenter une opportunité d’accumulation pour ceux qui croient dans le potentiel long terme de la plateforme. Comme souvent en crypto, les moments de doute institutionnel coïncident parfois avec les meilleurs points d’entrée.
En conclusion, si les sept jours de sorties consécutives marquent un coup d’arrêt temporaire pour les ETF Ethereum, ils ne remettent pas en cause la trajectoire globale. Le marché crypto reste jeune, volatil, et sujet à ces phases de consolidation. L’essentiel est de garder en tête la vision long terme : Ethereum reste la principale infrastructure décentralisée mondiale, et cela ne changera pas du jour au lendemain.
La question reste ouverte : cette série noire va-t-elle se prolonger en début 2026, ou assisterons-nous à un retour en force des capitaux institutionnels ? Seul le marché nous le dira, mais une chose est sûre : dans l’univers crypto, les retournements sont souvent aussi brutaux que rapides.
