Depuis des années, Sonia Bompastor et Camille Abily, les entraîneuses de l’équipe féminine de Chelsea, vivent une histoire d’amour en secret. Une relation qu’elles ont dû cacher pendant 13 ans, par crainte des répercussions sur leurs carrières dans un milieu qui peine encore à accepter l’homosexualité. Mais aujourd’hui, alors que sort l’autobiographie de Bompastor intitulée « Une vie de foot », le couple a décidé de révéler leur idylle au grand jour, dans un geste fort et nécessaire pour faire avancer les mentalités.
Un coming-out inédit dans le foot féminin
C’est un moment charnière pour le football féminin. Jamais auparavant deux coachs de haut niveau n’avaient affiché leur homosexualité aussi ouvertement. Sonia Bompastor, 42 ans, a choisi de raconter son parcours dans un livre autobiographique, avec un chapitre dédié à sa vie amoureuse. Elle y révèle avoir rencontré Camille Abily il y a 13 ans, alors qu’elles étaient toutes deux joueuses en équipe de France. Une relation née dans la discrétion, par peur du qu’en-dira-t-on.
« On a vécu notre histoire cachées pendant toutes ces années. Le foot n’était pas prêt à accepter un couple d’entraîneures homosexuelles »
Sonia Bompastor dans son autobiographie « Une vie de foot »
La peur du rejet et des discriminations
Le milieu du football, et du sport en général, reste en effet encore très hétéronormatif et peu ouvert à la diversité. Malgré des progrès ces dernières années, avec notamment plusieurs coming-out de joueurs, l’homosexualité demeure un sujet tabou. Révéler sa relation avec une autre femme apparaissait inenvisageable pour Sonia Bompastor et Camille Abily, par crainte de subir des discriminations et de voir leurs carrières pénalisées.
Le couple a donc vécu caché, limitant les apparitions publiques ensemble et s’efforçant de maintenir une façade. Un secret de plus en plus lourd à porter au fil des années. Mais la sortie de l’autobiographie de Bompastor a été l’occasion pour elles d’enfin vivre au grand jour, comme elles l’expliquent au micro de L’Équipe :
« Parler de nos vies privées, ce n’est pas ce qu’on préfère. Mais on veut montrer qu’on peut être coach, performer et vivre une belle histoire d’amour. »
Camille Abily, adjointe de Sonia Bompastor à Chelsea
Un geste fort pour faire évoluer les mentalités
En médiatisant ainsi leur couple, les deux femmes espèrent faire bouger les lignes dans le milieu du football. Elles veulent montrer qu’être homosexuelle n’est pas incompatible avec une carrière de haut niveau. Un message fort à destination de la jeune génération et un appel à plus de tolérance dans le sport.
Leur démarche est saluée par de nombreux observateurs, qui y voient un pas important vers une plus grande acceptation de la diversité. Car si l’homosexualité est mieux tolérée dans le foot féminin que masculin, le chemin reste long. Le coming-out de deux figures aussi emblématiques que Sonia Bompastor et Camille Abily pourrait faire office de déclic.
Le contraste saisissant avec le tabou dans le foot masculin
Cette révélation met aussi en lumière le décalage persistant entre foot féminin et masculin sur la question de l’homosexualité. Alors que plusieurs joueuses ont fait leur coming-out ces dernières années, aucun joueur en activité n’a franchi le pas dans un grand championnat. La pression, la peur du rejet et de répercussions sur leur carrière restent trop fortes. Un tabou que le geste de Sonia Bompastor et Camille Abily pourrait aider à briser.
« Si notre histoire peut aider ne serait-ce qu’une personne à s’accepter et s’assumer, alors ça en valait la peine de la raconter. »
Sonia Bompastor
Les deux coachs en sont convaincues : leur histoire peut être une source d’inspiration et un levier pour faire évoluer les mentalités. Elles espèrent que leur exemple ouvrira la voie à d’autres et contribuera à normaliser l’homosexualité dans le sport de haut niveau. Un vœu partagé par beaucoup, tant le chemin vers l’acceptation pleine et entière semble encore long et semé d’embûches. Mais avec des pionnières comme Sonia Bompastor et Camille Abily, un cap important vient assurément d’être franchi.
