En cette année 2024, alors que le conflit russo-ukrainien perdure depuis plus de deux ans, la question des concessions territoriales continue de diviser l’opinion publique ukrainienne. Malgré les avancées russes, les pertes humaines et une certaine lassitude, les Ukrainiens restent en majorité opposés à l’idée de céder des territoires à la Russie en échange de la paix, comme le révèle un récent sondage mené par l’institut international de sociologie de Kiev (KIIS).
58% des Ukrainiens refusent les concessions territoriales
L’enquête téléphonique, réalisée auprès de 2 004 personnes vivant en territoire sous contrôle ukrainien entre le 20 septembre et le 3 octobre 2024, montre que 58% des sondés s’opposent à toute concession territoriale. Ce chiffre est en légère hausse par rapport à mai 2024 (+3 points), mais en nette baisse comparé au début de l’invasion russe en février 2022, où ils étaient 82% à rejeter cette idée.
Un tiers des Ukrainiens prêts à des concessions pour préserver l’indépendance
Parallèlement, le sondage révèle que 32% des personnes interrogées seraient prêtes à faire des concessions territoriales pour “préserver l’indépendance” de l’Ukraine. Si cette proportion a triplé depuis mai 2022 (où ils n’étaient que 10%), elle reste minoritaire dans l’opinion.
L’élection de Donald Trump ravive le débat sur les négociations de paix
La récente élection de Donald Trump à la Maison Blanche fait craindre à Kiev une baisse du soutien américain. Le nouveau président affirme pouvoir mettre fin à la guerre “en 24 heures” une fois au pouvoir, et a par le passé tenu des propos élogieux envers Vladimir Poutine. Dans ce contexte, le débat sur d’éventuelles négociations de paix avec Moscou s’est intensifié ces dernières semaines, malgré les réticences affichées par Volodymyr Zelensky.
L’Ukraine utilise ses gains territoriaux comme levier de négociation
Face aux avancées russes dans le Donbass et aux atermoiements occidentaux sur l’aide militaire, l’armée ukrainienne a répliqué en août par une attaque d’envergure contre la région russe frontalière de Koursk. Kiev a ainsi repris le contrôle de plusieurs centaines de kilomètres carrés, un argument que les autorités ukrainiennes comptent utiliser pour faire pression sur Moscou lors d’éventuelles discussions de paix.
Jusqu’où ira la détermination ukrainienne ?
Si une majorité d’Ukrainiens continue de s’opposer aux concessions territoriales, la hausse de ceux prêts à en faire pour préserver l’indépendance du pays témoigne d’une certaine évolution des mentalités après plus de deux ans de guerre. Face à une Russie qui occupe toujours près de 20% du territoire ukrainien, et dans un contexte géopolitique incertain marqué par l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, la question de la détermination ukrainienne à poursuivre le combat se pose avec une acuité renouvelée. Les prochains mois seront décisifs pour voir si Kiev parviendra à maintenir une ligne dure dans les négociations, ou si la pression des événements la contraindra à plus de flexibilité.