La France est-elle en train de devenir un nouveau Mexique, gangréné par le narcotrafic et la violence ? C’est ce que redoute une large majorité de Français selon un sondage révélateur publié récemment. Pas moins de 71% des personnes interrogées estiment en effet que le pays est en voie de “mexicanisation”, un terme qui s’impose de plus en plus dans le débat public pour qualifier la dégradation de la sécurité.
Une inquiétude qui traverse tous les bords politiques
Le plus frappant dans cette enquête d’opinion réalisée par l’institut CSA, c’est que cette crainte transcende les clivages politiques habituels. Si sans surprise, ce sont les sympathisants du Rassemblement National qui adhèrent le plus (à 94%) à ce constat, ceux de LFI ne sont pas en reste avec près de 60% d’entre eux qui partagent ce sentiment.
Même au sein de la majorité présidentielle, incarnée par le parti Renaissance, ils sont 60% à penser que la France s’engage sur une pente à la mexicaine. Seuls les écologistes semblent plus mesurés avec “seulement” 43% d’adhésion à cette thèse. Une relative exception qui confirme malgré tout l’ampleur des inquiétudes.
Le spectre du narco-banditisme
Ce qui cristallise les angoisses, c’est bien sûr la crainte de voir le pays sombrer dans les affres du narco-banditisme comme c’est le cas au Mexique. Les violences entre bandes rivales pour le contrôle des points de deal et les règlements de compte sanglants se multiplient, de Marseille à la région parisienne en passant par la Normandie.
Fin octobre, le ministre de l’Intérieur lui-même, Gérald Darmanin, employait ce terme après une violente rixe à Poitiers. La profanation et le vol dans des églises, comme récemment à Matigny dans l’Oise où le tabernacle a été dérobé et les hosties souillées, accentuent ce sentiment d’une sécurité en déshérence.
Vers une société fragmentée ?
Au-delà du fléau de la drogue, cette mexicanisation rampante soulève le spectre d’une société française qui perdrait ses repères et sa cohésion. Seul un Français sur six affirme aujourd’hui appartenir à une “communauté”, signe que le communautarisme n’est pas si présent que certains le prétendent.
Cette problématique que l’on a cru pendant longtemps être purement marseillaise s’est étalée à l’Occitanie.
Un responsable de la Police judiciaire de Nîmes
Mais la progression des trafics et de la violence, en banlieue comme dans des villes moyennes, nourrit le risque d’un délitement des liens sociaux et républicains. Un terreau fertile pour la loi des gangs et des mafias, loin de l’idéal d’intégration à la française.
L’État face à ses responsabilités
Face à cette menace, il y a urgence à agir pour endiguer la gangrène et réaffirmer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire. Renforcer les moyens de la police, de la justice et des douanes est une priorité pour démanteler les réseaux et assurer la sécurité des citoyens.
Mais il faut aussi s’attaquer aux racines économiques et sociales qui font le lit des trafics. Donner des perspectives aux jeunes des quartiers populaires, investir dans l’éducation et la formation, recréer du lien social dans les zones les plus touchées. C’est à ce prix que la France évitera de devenir un narco-état à la dérive.