Dans un contexte marqué par de multiples désordres régionaux, allant du conflit à Gaza aux troubles en Syrie, l’Egypte a pris l’initiative de rassembler autour d’une même table les dirigeants de huit pays musulmans influents. Ce sommet, organisé sous l’égide du D-8, l’Organisation de Coopération Économique des pays en développement, vise à renforcer les liens économiques entre ces nations aux destins liés.
Un sommet aux enjeux multiples
Au-delà des considérations purement économiques, cette rencontre revêt une dimension diplomatique de premier plan. Parmi les participants de haut rang figurent notamment les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et palestinien Mahmoud Abbas, ainsi que des délégations de l’Iran, du Nigeria, du Pakistan, du Bangladesh, d’Indonésie et de Malaisie.
Le dossier brûlant de Gaza et du Liban
Une session spéciale sera d’ailleurs consacrée à la situation explosive dans la bande de Gaza et au Liban. Sur ce sujet, le chef de la diplomatie iranienne a appelé de ses vœux un « message fort » condamnant les « agressions et violations israéliennes ». Un vœu partagé par nombre de participants, conscients de l’urgence d’agir face à une poudrière régionale.
Le symbole du rapprochement irano-égyptien
La présence du président iranien Massoud Pezeshkian revêt quant à elle une portée symbolique majeure. Il s’agit en effet de la première visite d’un chef d’État iranien en Egypte depuis la révolution islamique de 1979. Si les relations entre les deux pays restent tendues, des signes de dégel sont perceptibles, à l’image des récents échanges diplomatiques de haut niveau.
Ce sommet est une opportunité pour les pays musulmans de rapprocher leurs points de vue. Cela peut avoir un effet énorme sur la diplomatie et les interactions régionales.
Massoud Pezeshkian, Président de l’Iran
Erdogan, un habitué des visites en Egypte
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est quant à lui un visiteur régulier de l’Egypte. Déjà présent en février dernier, il avait alors évoqué avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi les moyens de renforcer la coopération économique et commerciale, mais aussi les épineux dossiers régionaux.
Le D-8, un forum en quête de relance
Créé en 1997, le D-8 rassemble huit pays musulmans en développement représentant près d’un milliard d’habitants, de l’Asie du Sud-Est à l’Afrique. Mais son rôle est longtemps resté marginal. Ce nouveau sommet marque-t-il un tournant ? Beaucoup l’espèrent, à l’image de l’Egypte qui entend bien profiter de son statut d’hôte pour impulser une nouvelle dynamique.
Des attentes économiques fortes
Au-delà des considérations géopolitiques, les enjeux économiques seront au cœur des discussions. Avec un marché de près d’un milliard de consommateurs, le D-8 dispose d’un potentiel considérable. Reste à transformer l’essai en renforçant les échanges commerciaux, les investissements croisés et les projets communs dans des secteurs stratégiques comme l’énergie, les transports ou l’agriculture.
Il est temps de donner un nouveau souffle à notre organisation. Nous devons passer des paroles aux actes en lançant des initiatives concrètes et ambitieuses.
Une source diplomatique proche des organisateurs
Nul doute que les déclarations finales du sommet seront scrutées avec attention. Au-delà des traditionnelles photos de famille et des communiqués convenus, beaucoup espèrent des avancées tangibles. Car dans une région minée par les crises, la coopération économique pourrait bien être un levier essentiel pour construire un avenir plus apaisé et prospère.
Les défis à relever
Le chemin sera long et semé d’embûches. Les pays du D-8 devront surmonter leurs divergences politiques, harmoniser leurs réglementations, moderniser leurs infrastructures. Ils devront aussi résister aux pressions extérieures, dans une région où les ingérences étrangères sont monnaie courante.
Mais l’enjeu en vaut la chandelle. En unissant leurs forces, ces nations qui comptent parmi les plus peuplées et dynamiques de la planète pourraient peser bien davantage sur la scène internationale. Et offrir à leurs populations des perspectives de développement à la hauteur des défis du 21ème siècle.
Ce sommet du Caire n’est qu’une première étape. Mais il pourrait marquer un tournant dans l’histoire tourmentée de cette région du monde. En choisissant la voie de la coopération plutôt que celle de la confrontation, les pays du D-8 ont peut-être posé les jalons d’un avenir meilleur. Un avenir où la force du nombre et la complémentarité économique l’emporteraient enfin sur les vieux réflexes de défiance et de division.