Alors que les dirigeants des pays émergents se réunissent en Russie pour le sommet annuel des Brics, l’Union européenne attend d’eux un message fort. Selon un porte-parole du service diplomatique de l’UE, l’Europe espère que tous les participants profiteront de cette occasion pour demander au président russe Vladimir Poutine de “mettre immédiatement un terme à la guerre qu’il mène contre le peuple ukrainien”.
Cette rencontre, qui se tient mercredi à Kazan dans le centre de la Russie, revêt en effet une importance particulière dans le contexte géopolitique actuel. Il s’agit du plus grand rassemblement diplomatique en Russie depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Au-delà des membres historiques des Brics – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – l’Iran est également convié.
Poutine cherche à briser son isolement
Pour le maître du Kremlin, l’enjeu est de taille. Face aux sanctions et aux efforts des pays occidentaux pour isoler Moscou sur la scène internationale, ce sommet doit démontrer que la Russie n’est pas seule. Vladimir Poutine a d’ailleurs plaidé pour l’émergence d’un monde “multipolaire” à l’ouverture de la réunion, dénonçant au passage le “protectionnisme” dans le commerce mondial.
Mais le président russe ne s’est pas contenté de parler d’économie. Il a aussi salué les offres de médiation de certains pays des Brics pour le conflit en Ukraine, tout en se félicitant, dans le même temps, de l’avancée de ses troupes sur le terrain. Un discours en demi-teinte qui laisse planer le doute sur les réelles intentions du Kremlin.
L’arme de la diplomatie
Face à cette posture ambiguë, la réaction de l’UE se veut ferme mais mesurée. Tout en rappelant sa volonté “d’isoler la Russie autant que possible”, Bruxelles précise que chacun est libre de ses déplacements. Une manière de ne pas braquer les partenaires des Brics, dont certains comme la Chine ou l’Inde, entretiennent des relations étroites avec Moscou.
Dans ce jeu diplomatique complexe, l’ONU tente aussi de jouer sa partition. Son secrétaire général Antonio Guterres, arrivé mercredi à Kazan, doit s’entretenir jeudi avec Vladimir Poutine. Une première sur le sol russe depuis le début de la guerre. Le responsable onusien s’est dit prêt à endosser un rôle de médiateur pour tenter de faire avancer le dialogue.
Vers un nouvel ordre mondial ?
Au-delà de la question ukrainienne, ce sommet des Brics est aussi le reflet d’une nouvelle donne géopolitique mondiale. Face à un Occident qui peine à parler d’une seule voix, les pays émergents entendent bien faire entendre la leur. Et la Russie compte bien surfer sur cette aspiration à un rééquilibrage des forces.
Reste à savoir si cet axe Moscou-Pékin-Brasilia-New Delhi-Pretoria parviendra à s’imposer comme une véritable alternative sur l’échiquier international. Une chose est sûre : le sommet de Kazan sera scruté de près par tous les observateurs de la géopolitique mondiale. Car au-delà des déclarations officielles, c’est bien l’avenir de l’ordre multilatéral qui se joue en coulisses.
L’Ukraine au cœur des discussions
Mais revenons à l’essentiel : la guerre en Ukraine et ses conséquences dramatiques. Depuis plus d’un an, ce conflit meurtrier déchire l’Europe et déstabilise l’équilibre mondial. Malgré les appels répétés de la communauté internationale, les armes continuent de parler.
Dans ce contexte, la position des pays des Brics sera scrutée à la loupe. Se contenteront-ils de vagues appels à la paix ou oseront-ils une pression plus directe sur Vladimir Poutine ? L’avenir de l’Ukraine, mais aussi celui des relations internationales, en dépend largement.
La paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice.
Spinoza
Alors que les dirigeants du monde entier ont les yeux rivés sur Kazan, il est temps pour chacun de prendre ses responsabilités. Car au-delà des jeux d’influence et des intérêts géostratégiques, c’est la vie de millions d’Ukrainiens qui est en jeu. Et ça, aucun sommet, aussi important soit-il, ne devrait le faire oublier.