Un Noël qui aurait dû être synonyme de joie et de retrouvailles familiales s’est transformé en véritable cauchemar au Brésil. Alors qu’ils pensaient partager un délicieux dessert traditionnel, six membres d’une même famille sont tombés gravement malades après avoir consommé quelques bouchées d’un gâteau qui s’est avéré contenir une substance mortelle : de l’arsenic. Malgré une prise en charge médicale rapide, trois d’entre eux n’ont pas survécu à cet empoisonnement massif. Les autorités locales, qui soupçonnent un acte criminel, ont procédé à l’arrestation d’une femme de l’entourage familial et l’enquête suit son cours pour déterminer les circonstances exactes de cette tragédie.
Un goût suspect qui a alerté les convives
Les faits remontent au 23 décembre dernier, dans la ville de Torres située dans l’état du Rio Grande do Sul. Comme le veut la tradition, la famille s’était réunie pour célébrer Noël, un moment de partage qui s’annonçait convivial. Mais dès les premières bouchées du gâteau confectionné pour l’occasion, les convives ont été interpellés par un goût inhabituel, à la fois « pimenté » et « désagréable ». Celui-ci était tellement prononcé que la cuisinière elle-même a immédiatement demandé à tout le monde de cesser d’en manger. Malheureusement, il était déjà trop tard.
Trois générations décimées en quelques heures
Les symptômes d’un empoisonnement n’ont pas tardé à se manifester chez les six personnes ayant ingéré le gâteau : trois sœurs âgées respectivement de 58, 61 et 65 ans, le mari de l’une d’entre elles, leur fille de 43 ans et son propre fils âgé de 10 ans. Tous ont dû être hospitalisés en urgence mais en dépit des efforts acharnés des équipes médicales, les deux sœurs les plus âgées ainsi que la fille de 43 ans ont fini par succomber à une intoxication fulgurante, à seulement quelques heures d’intervalle. La troisième sœur, celle-là même qui avait préparé le dessert, se trouve toujours dans un état stable à l’hôpital. Quant au mari et à l’enfant de 10 ans, ils ont pu rentrer chez eux après quelques jours sous surveillance médicale.
Une concentration d’arsenic 350 fois supérieure à la dose létale
Les analyses toxicologiques menées en laboratoire ont rapidement permis d’identifier le composé mortel ingéré par les victimes. Il s’agit d’arsenic, un élément chimique hautement toxique même à faible dose. D’après les experts, une concentration de seulement 35 microgrammes suffit à provoquer la mort d’un être humain. Or, chez l’une des personnes décédées, le taux relevé était 350 fois plus élevé. Des taux extrêmement élevés d’arsenic ont également été retrouvés dans les parts de gâteau restantes ainsi que dans le paquet de farine utilisé pour sa confection, ne laissant aucun doute sur l’origine de la contamination.
Une suspecte dans le cercle familial
Très vite, les soupçons des enquêteurs se sont dirigés vers une femme de la famille, dont l’identité n’a pas été révélée mais qui serait, selon plusieurs médias brésiliens, la belle-fille de la sœur ayant confectionné le gâteau mortel. Arrêtée dès le lendemain du drame, elle est suspectée d’avoir délibérément introduit le poison dans les ingrédients du dessert. Si le mobile de son geste n’a pas encore été clairement établi, le commissaire Marcos Veloso qui est en charge de l’enquête a indiqué lors d’une conférence de presse qu’il disposait de « preuves robustes » de son implication, tout en précisant que des « divergences anciennes » pourraient être à l’origine de ce triple homicide.
La piste d’un précédent empoisonnement
Les autorités locales ont également demandé l’exhumation du corps de l’ex-mari de la sœur qui avait préparé le gâteau. Ce dernier était en effet décédé trois mois plus tôt, en septembre, officiellement d’une intoxication alimentaire. À la lumière de cette nouvelle affaire, la police souhaite aujourd’hui vérifier si l’arsenic ne serait pas également en cause dans ce décès suspect. Si tel était le cas, cela renforcerait l’hypothèse selon laquelle la suspecte aurait agi par vengeance, suite à des conflits familiaux anciens.
Cette tragédie, aussi soudaine qu’inexplicable, a provoqué une immense vague d’émotion au Brésil, en cette période de fêtes censée être placée sous le signe du partage et de la bienveillance. Elle rappelle avec une cruelle acuité que même les moments les plus sacrés peuvent parfois être entachés par la noirceur de l’âme humaine. En attendant que toute la lumière soit faite sur les circonstances exactes et le mobile de ce qui s’apparente pour l’heure à un triple assassinat, une famille endeuillée tente de surmonter le choc et l’incompréhension. Jamais un gâteau de Noël n’aura eu un goût aussi amer.