L’implication de la Corée du Nord dans la guerre en Ukraine vient de franchir un nouveau cap avec la capture d’un soldat nord-coréen par l’armée ukrainienne. Cette révélation, rapportée par les renseignements sud-coréens, soulève de nombreuses questions sur l’ampleur du soutien apporté par Pyongyang à Moscou et les enjeux géopolitiques qui en découlent.
Une alliance qui s’affirme sur le champ de bataille
Selon des sources proches du dossier, ce ne serait pas moins de 12 000 soldats nord-coréens qui seraient actuellement déployés dans la région russe de Koursk, dont une partie de son territoire est occupée par l’armée ukrainienne depuis août dernier. Parmi eux, on compterait environ 500 officiers et trois généraux, témoignant de l’importance stratégique accordée par le régime de Kim Jong-un à cette opération.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que près de 3 000 de ces soldats avaient déjà été tués ou blessés depuis leur engagement, tandis que Séoul évoque un bilan d’au moins 1 100 pertes. Des chiffres qui illustrent l’âpreté des combats et l’implication directe des troupes nord-coréennes sur le front.
Un soutien militaire multiforme
Au-delà de l’envoi de fantassins, la Corée du Nord apporterait également un soutien logistique et matériel à la Russie. D’après l’état-major sud-coréen, Pyongyang s’apprêterait à dépêcher de nouvelles unités pour renforcer ou relever celles déjà présentes, mais aussi à fournir des drones et d’autres équipements militaires.
Un traité de défense mutuelle historique entre les deux pays, signé en juin dernier et entré en vigueur début octobre, prévoit d’ailleurs une « aide militaire immédiate » en cas d’agression par un pays tiers. Pour Séoul, il ne fait aucun doute que la Corée du Nord cherche à moderniser ses capacités de guerre conventionnelle grâce à l’assistance russe et à l’expérience acquise contre les forces ukrainiennes.
Vers une escalade du conflit ?
Si l’Ukraine et la Russie ont intensifié leurs frappes ces derniers mois, avec notamment des bombardements massifs le jour de Noël contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, l’implication croissante d’acteurs étrangers comme la Corée du Nord fait craindre une escalade incontrôlée du conflit.
Déjà en difficulté sur le plan militaire et très dépendante de l’aide occidentale, l’Ukraine redoute d’être contrainte à un accord défavorable en cas de négociations de paix, une hypothèse de plus en plus évoquée à l’approche du retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier. Le républicain, qui a promis de rétablir la paix « en 24 heures », inquiète Kiev par le flou de son plan et sa volonté d’un « cessez-le-feu immédiat ».
La situation en Ukraine est explosive, au propre comme au figuré. L’arrivée de soldats nord-coréens pourrait être le début d’une internationalisation du conflit, avec le risque de voir d’autres puissances étrangères s’impliquer directement.
Un expert en géopolitique
Face à cette menace, l’Ukraine compte plus que jamais sur le soutien indéfectible de ses alliés occidentaux, tant sur le plan militaire, économique que diplomatique. Car au-delà de l’issue des combats, c’est tout l’équilibre géostratégique mondial qui pourrait être bouleversé par l’issue de ce conflit.
Pyongyang et Moscou, un rapprochement stratégique
Pour la Corée du Nord, cet engagement militaire aux côtés de la Russie répond à des objectifs stratégiques multiples :
- Renforcer ses liens avec un allié historique et bénéficier de son assistance pour moderniser son armée.
- Acquérir une expérience de combat réel pour ses soldats et tester ses équipements.
- Peser dans les rapports de force régionaux face à la Corée du Sud et aux États-Unis.
- Obtenir un levier diplomatique et économique sur la scène internationale.
Du côté russe, l’apport de troupes nord-coréennes représente un soutien appréciable dans un conflit qui s’enlise et face à des pertes humaines et matérielles importantes. Il permet aussi à Vladimir Poutine de démontrer qu’il n’est pas isolé sur la scène internationale et peut compter sur des alliés prêts à combattre à ses côtés.
Quels impacts sur le cours de la guerre ?
Mais concrètement, quel peut être l’impact de ces soldats nord-coréens sur l’évolution du conflit ? Pour Kiev, leur présence n’a jusqu’ici « pas eu d’effet significatif » sur la situation militaire, en raison de leur manque d’expérience des combats modernes et de « tactiques primitives » héritées de la 2ème Guerre mondiale.
Cependant, leur nombre important et la détermination du régime de Pyongyang à défendre son allié russe laissent présager une guerre plus longue et plus meurtrière. Avec le risque de voir d’autres puissances étrangères s’impliquer, transformant le conflit ukrainien en une confrontation mondialisée aux conséquences imprévisibles.
Plus que jamais, la voie diplomatique apparaît comme la seule issue viable et la prémisse au retour de la paix et de la stabilité en Europe. Mais avec des positions antagonistes et des intérêts géostratégiques divergents, le chemin s’annonce encore long et semé d’embûches avant d’entrevoir ne serait-ce qu’un début de résolution de ce conflit.