Société

SNCF : Faut-il Dire Adieu à « Madame » et « Monsieur » ?

La SNCF doit-elle abandonner "Madame" et "Monsieur" ? Une décision majeure du Conseil d’État secoue les pratiques numériques. Quelles implications pour vous ? Lisez pour le découvrir...

Imaginez-vous acheter un billet de train en ligne, prêt à embarquer pour votre prochaine destination, mais une question vous arrête net : devez-vous obligatoirement cocher « Madame » ou « Monsieur » ? Cette simple formalité, longtemps ancrée dans les habitudes, vient d’être remise en cause par une décision judiciaire retentissante. Une association militante a porté l’affaire jusqu’au Conseil d’État, et le verdict est clair : la SNCF ne peut plus exiger de ses clients qu’ils indiquent leur civilité. Pourquoi cette décision fait-elle débat, et quelles en sont les implications pour les voyageurs et la société ? Plongeons dans cette affaire qui mêle identité, vie privée et modernité.

Une Décision Historique pour la Vie Privée

Le 31 juillet 2025, une page s’est tournée pour les pratiques numériques des grandes entreprises françaises. À la suite d’une requête déposée par une association défendant les droits des personnes LGBT+, le Conseil d’État a tranché : la SNCF, via sa plateforme SNCF Connect, ne peut plus imposer à ses usagers de préciser leur civilité. Cette obligation, qui semblait anodine pour beaucoup, posait un problème éthique et juridique de taille. En effet, forcer les clients à choisir entre « Madame » et « Monsieur » pouvait être perçu comme une atteinte à la liberté de ne pas dévoiler son identité de genre, surtout pour les personnes non-binaires ou celles souhaitant protéger leur vie privée.

Ce jugement s’appuie sur une décision antérieure, rendue le 9 janvier 2025 par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Cette dernière a estimé que la collecte de la civilité n’était pas indispensable pour l’achat d’un billet de train. Selon la Cour, si cette information sert uniquement à personnaliser la communication commerciale, elle n’a pas sa place dans un processus contractuel. Une telle pratique va à l’encontre du principe de minimisation des données, un pilier du Règlement général sur la protection des données (RGPD).

Si la collecte de la civilité des clients a pour seul objectif de personnaliser la communication commerciale, elle ne peut pas être considérée comme nécessaire à l’exécution du contrat.

Cour de justice de l’Union européenne, 9 janvier 2025

Pourquoi la Civilité Posait Problème

Pour beaucoup, indiquer « Madame » ou « Monsieur » semble être une formalité sans conséquence. Pourtant, cette exigence pouvait placer certains usagers dans une situation inconfortable. Les personnes non-binaires, transgenres ou celles ne souhaitant pas divulguer leur genre se retrouvaient contraintes de choisir une option ne correspondant pas à leur identité. Cette situation, bien que marginale pour certains, soulève une question fondamentale : pourquoi une entreprise de transport public a-t-elle besoin de connaître le genre de ses clients pour vendre un billet ?

La requête de l’association à l’origine de cette affaire mettait en lumière une réalité : la collecte systématique de la civilité n’avait pas de justification claire. Dans certains cas, comme pour les compartiments réservés aux femmes dans les trains de nuit, connaître le sexe peut être pertinent. Mais imposer cette information pour l’ensemble des services proposés par la SNCF était jugé excessif. Le Conseil d’État a donc suivi l’avis de la CJUE, estimant que cette pratique allait au-delà des besoins réels de l’entreprise.

Le Principe de Minimisation des Données : Un Enjeu Majeur

Le RGPD, entré en vigueur en 2018, impose aux entreprises de limiter la collecte de données personnelles au strict nécessaire. Ce principe, souvent méconnu du grand public, est au cœur de cette affaire. En exigeant la civilité, la SNCF collectait une information qui, dans la plupart des cas, n’avait aucun impact sur la prestation fournie. Cette pratique, bien que courante dans de nombreuses entreprises, commence à être remise en question à mesure que la société prend conscience de l’importance de la protection des données personnelles.

Pour mieux comprendre l’enjeu, voici les points clés du principe de minimisation des données :

  • Collecte ciblée : Les entreprises ne doivent recueillir que les informations indispensables à la réalisation de leur service.
  • Transparence : Les clients doivent être informés de l’usage exact de leurs données.
  • Proportionnalité : Toute donnée collectée doit avoir une finalité claire et justifiée.

Dans le cas de la SNCF, la civilité n’était pas toujours nécessaire pour finaliser une transaction. Par exemple, pour un trajet Paris-Lyon en TGV, savoir si le voyageur est une femme ou un homme n’apporte aucune valeur ajoutée au service. Cette prise de conscience pourrait inciter d’autres entreprises à revoir leurs formulaires en ligne.

Les Implications pour les Voyageurs

Pour les usagers de la SNCF, cette décision pourrait transformer l’expérience d’achat en ligne. Désormais, il est probable que la plateforme SNCF Connect rende la civilité facultative, voire supprime totalement ce champ. Cela pourrait simplifier le processus d’achat tout en renforçant le sentiment de respect de la vie privée. Mais cette évolution soulève aussi des questions : comment les entreprises s’adapteront-elles à cette nouvelle donne ? Verrons-nous une généralisation de formulaires plus inclusifs dans d’autres secteurs ?

Pour les personnes non-binaires ou celles sensibles à la question de l’inclusion, cette décision est une victoire symbolique. Elle montre que les institutions judiciaires peuvent jouer un rôle dans la modernisation des pratiques commerciales, en phase avec les évolutions sociétales. Cependant, certains pourraient arguer que cette mesure complique inutilement des processus bien établis. Après tout, la civilité est une convention sociale profondément ancrée en France.

Un Débat Sociétal Plus Large

Cette affaire dépasse le simple cadre des transports publics. Elle s’inscrit dans un débat plus large sur la place de l’identité de genre dans les interactions quotidiennes. Dans une société où les normes évoluent, les entreprises doivent s’adapter pour répondre aux attentes d’une clientèle diverse. La SNCF, en tant qu’acteur majeur du secteur public, se retrouve au cœur de cette transformation.

Voici quelques enjeux soulevés par cette décision :

  1. Inclusion : Les formulaires en ligne doivent refléter la diversité des identités de genre.
  2. Vie privée : Les entreprises doivent limiter la collecte d’informations personnelles.
  3. Modernisation : Les pratiques numériques doivent évoluer avec les attentes sociétales.

Ce jugement pourrait également inspirer d’autres pays européens, où des entreprises imposent encore des choix binaires dans leurs formulaires. La décision de la CJUE, en s’appuyant sur le RGPD, a une portée continentale, ce qui pourrait accélérer l’adoption de pratiques plus inclusives à travers l’Union européenne.

Et Après ? Vers une Nouvelle Norme

La SNCF devra rapidement adapter sa plateforme pour se conformer à cette décision. Cela pourrait passer par une refonte des formulaires d’inscription ou d’achat, avec des options plus neutres ou facultatives. Mais au-delà de la SNCF, cette affaire pourrait inciter d’autres secteurs, comme les compagnies aériennes ou les services publics, à revoir leurs pratiques. La question de la civilité, bien que mineure en apparence, touche à des enjeux profonds : le respect de l’identité, la protection des données et l’évolution des normes sociales.

Pour les voyageurs, cette évolution pourrait passer inaperçue dans un premier temps. Mais à long terme, elle pourrait marquer un tournant dans la manière dont les entreprises interagissent avec leurs clients. En abandonnant des conventions datées, la SNCF pourrait ouvrir la voie à une approche plus moderne et respectueuse de la diversité.

Aspect Impact
Collecte de données Réduction des informations demandées, respect du RGPD.
Inclusion Meilleure prise en compte des identités non-binaires.
Expérience utilisateur Simplification des formulaires en ligne.

En conclusion, la décision du Conseil d’État marque un pas vers une société plus inclusive et respectueuse de la vie privée. Elle nous rappelle que même les détails les plus anodins, comme un champ dans un formulaire, peuvent avoir des implications profondes. Alors, la prochaine fois que vous réserverez un billet de train, prenez un moment pour réfléchir : et si « Madame » et « Monsieur » appartenaient au passé ?

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